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Vaucaire (Cora)

La « dame blanche de St Germain » ne montera plus « les escaliers de la butte », cette chanson populaire extraite du film de Jean Renoir « French Cancan », dans lequel, entre deux plans sur Jean Gabin ou Françoise Arnoul, Cora Vaucaire apparaît pour l’une des premières fois à l’écran.

Il est en effet question aujourd’hui d’un temps que les moins de quarante ans ne peuvent peut-être pas connaître, puisque cette chanteuse nous a quitté hier à l’âge de 93 ans. Son surnom très parisien vient de son entourage artistique, à savoir Prévert, Ferré ou Barbara, dont elle a parfois créé les rengaines les plus connues (« les feuilles mortes », de Prévert, par exemple). Voilà donc l’occasion de lui rendre hommage et de garder en mémoire l’étymologie de son patronyme, qu’elle doit à son mari Michel Vaucaire, lui-même compositeur de musique, disparu il y a plus de trente ans. D’ailleurs, une fois de plus, voilà un exemple linguistique typique des règles de l’onomastique (1).

Vaucaire est en effet composé de deux racines, vau + caire, l’une et l’autre étant teintées de « langue d’oc », c’est à dire qu’elles ont suivi une évolution différente du (ou des) même(s) mot(s) dans le nord de la France. Vau- est une forme de vocalisation, ce qui signifie simplement qu’il y a là une voyelle (ancienne forme: une vocale, d’où le terme de vocalisation); la racine initiale est tout bonnement « val », mot d’origine latine (vallum) qui veut dire, comme on le comprend encore aujourd’hui, une…vallée. Ou un val, pour garder exactement l’ancienne écriture. Comme le Val-de-Loire par exemple, ou le Val-de-Marne, etc. Or, dans la région où se trouve ce val, il y a quelque chose de particulier: des pierres, à savoir « kair » ou « cair », racine très primitive présente aussi bien en occitan qu’en celte, sous des formes différentes. Le « Vaucaire » est donc le surnom donné à un moment donné à une personne qui habitait ou qui venait d’un site encaissé et particulièrement pierreux, ou peut-être d’une vallée où se trouvait un rocher spécialement important ou significatif d’un événement; allez savoir…

Signalons par ailleurs que la pétillante Cora avait pour nom de jeune fille Collin, que l’on peut également écrire sans problème Colin, l’un et l’autre étant des variantes de Colas, dont on comprendra aisément que ce sont des abréviations du prénom Ni-colas. (Voyez l’équivoque sonore de la chansonnette « Fais Dodo… », que l’on fredonne Colin dans le nord de la France et souvent Colas dans le sud). Petit rappel au passage: d’un point de vue ‘technique’, Collin, Colin et Colas sont des aphérèses de Nicolas (voir plusieurs autres patronymes sur ce site), comprenez des mots dont la première syllabe (Ni-) est tombée, pour des raisons de rapidité de prononciation.

Et enfin, un mot sur Cora, malheureusement devenue une marque de supermarchés venus de Belgique dans les années 70; le prénom féminin n’a évidemment rien à voir avec la marque commerciale (2). Il s’agit d’un terme directement adapté d’un mot…grec, qui est « korè », dont la définition exacte est la jeune fille, le féminin de « kouros » au masculin, pour être complètement au parfum. Quoi qu’il en soit, voilà sans doute qui fait définitivement de Mme Vaucaire une éternelle jeune fille de la chanson française

(1) Si vous découvrez ce site avec cette chronique, il s’agit du nom technique de la ‘science des noms de famille’.
(2) Enfin, on l’espère…A moins qu’il ne s’agisse d’une allusion machiste au rôle de ravitaillement dévolu aux femmes…


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