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Vian (Boris)

Vous n’étiez pas là en mars 2014, et vous avez raté le 55ème anniversaire de la mort de l’ingénieur-écrivain-parolier-chanteur-jazzman-poète? Voici aujourd’hui (si vous cherchez bien au fond du fond des colonnes des journaux) le centième anniversaire de sa naissance (*) et un petit rappel de la folie créative de celui qui ira jusqu’à utiliser plus de trente pseudos pour signer ses oeuvres; ça en fait, des étymologies!

L’un des premiers et plus célèbres noms fut évidemment Vernon Sullivan, sous lequel il signa «J’irai cracher sur vos tombes» mais son véritable nom d’état-civil était bien Boris Vian. Malgré les apparences (et peut-être une légende constamment entretenue), il n’y a rien de russe là-dedans, au contraire…

Peut-être y-avait-il dans l’image de ce génie un complexe de belle gueule, plus proche (morphologiquement) de celle de Vladimir Poutine que d’un ténébreux italien, bien que la rumeur oriente également la souche familiale vers le nord de l’Italie…En fait, peu importe car Boris Vian, fils de Paul, est on ne peut plus francilien (né en Seine-et-Oise, et mort à Paris), et son patronyme a la même racine que les Viana, Viano, Vianelli et Viviani italiens, que les Viana portugais ou les Viannet, Viannez et Vianney français: une forme d’aphérèse de Vivian ou Vivien.

Aphérèse? Phénomène linguistique fréquent (2) qui consiste en un raccourcissement du mot ‘par l’avant’, entrainant le plus souvent l’assourdissement puis la disparition de la première syllabe. En l’occurrence: Vian est issu d’une forme initiale Vivian(t), sorte de participe présent temporaire dans le vieux-français, devenu ‘vivant’ sous sa forme moderne.

A l’origine, il y a tout simplement le verbe latin ‘vivere’ qui veut dire vivre, et même ‘être bien vivant’, c’est à dire, chez les Romains, le surnom de quelqu’un connu pour être actif, créatif, énergique, voire excité jusqu’à l’exaltation. Tout à fait le portrait de Boris, qui vécut plusieurs vies à grande vitesse.

Le mot, lui, va avoir une destinée beaucoup moins terre-à-terre que la réputation des ‘bons-vivants’, trop matérialistes. En effet, dès la période des persécutions contre les chrétiens, on va gratifier de ‘vivianus’ les…condamnés à mort, par une sorte d’invocation ou de sanctification personnelle puisque les suppliciés étaient en route pour la ‘vie’ éternelle grâce au Christ…

Puis, au fil des siècles, le qualificatif se ‘médiatise’, prend une fonction de surnom puis de prénom, et, comme souvent, devient au 5è siècle un best-seller des registres de baptême grâce à un évêque charentais (St Vivian, à Saintes). D’où les nombreuses communes St-Viviant ou St-Vivien de quelque chose dans nos régions.
Fausse piste donc que cette légende d’ascendance russe, sans doute à cause d’un prénom beaucoup plus largement slave (Boris signifie le guerrier, celui qui se bat), et de ce bref patronyme (3) dont l’un des derniers sens fut, en latin, celui de subsister, durer ou perdurer, donc…vivre dans la postérité.

Franchement, on ne peut pas faire mieux pour rendre hommage à celui qui décréta un jour qu’il en avait marre d’entendre des «saucissons», le terme d’argot à l’époque pour désigner une scie, une rengaine musicale. Comme une chanson qui revient en permanence vous plonge dans une sorte de tunnel, Boris décida donc d’appeler ça un…tube. Encore une beau succès, y compris linguistique!

(*) Mars 1920-Juin 1959

(1) Entre autres pseudos: Honoré Balzac (carrément, mais sans la particule), mais aussi Butagaz, et S.Culape (merci, docteur)

(2) De nombreux exemples dans ces archives. Tapez le mot.

(3) Autre rumeur: Vian n’a aucun rapport avec…Evian, étymologiquement: ‘la ville d’eau’ (aquaeviana, contracté en eviana)


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