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Vuillermoz (Alexis)

Cyclisme encore et immédiatement, grâce à la première victoire d’étape d’un français dans le Tour de France en cours. Course ‘de côte’ peut-être parfaite jusqu’à Mur de Bretagne (je ne peux pas en juger), mais en tout cas exemple idéal d’étymologie d’un patronyme, tant d’un point de vue historique que géographique. Comme d’habitude, si vous n’êtes pas déjà un linguiste averti, amusez-vous quelques secondes à imaginer la signification de son nom avant de cliquer sur la suite…

Vuillermoz contient trois indices très caractéristiques et faciles à comprendre, à partir du moment où vous savez que ce sont trois…’pièges’, en fait trois variantes qui vous cachent un peu la forme originelle du mot. Commençons par analyser le mot, qui se décompose comme suit: Vuill-erm-oz (ça, c’est pour le son), issu des syllabes ‘Will-helm-oz’ (ça, c’est pour l’orthographe)…Rien qu’à notre façon moderne d’écrire les choses, vous avez probablement deviné qu’il y a là-dedans du germanique bon teint, et c’est vrai: ‘will’ exprime la volonté en saxon (anglo aussi!), et ‘helm’ désigne un casque (comme l’ancien-français heaume). Pour ‘oz’, ça n’est pas magicien, mais on verra plus tard…

Nous sommes donc encore une fois en présence d’un surnom qui remonte à l’époque des ‘invasions barbares’, pendant lesquelles un certain nombre de phonèmes (des sons) ont voyagé dans les bagages de moustachus nordiques qui les ont imposés plus ou moins spontanément aux populations qu’ils ont ‘traversées’…L’un des axes de circulation les plus empruntés à l’époque était déjà celui de la future Autoroute du Soleil (ou à peu près), nos amis pré-allemands remontant d’abord le Rhin pour passer ensuite en Franche-Comté et descendre le Rhône. Bref, on suit une trace qui va, dans un large couloir, de la Mer du Nord aux Alpes de Haute-Provence et même aux Bouches-du-Rhône, en passant par les Vosges et la Saône et Loire.

Cela tombe bien: l’ancêtre d’Alexis était peut-être déjà installé dans le Jura (lieu de naissance de notre cycliste, mais ce n’est qu’un indice), car c’est le suffixe ‘oz’ qui marque l’ancrage linguistique du nom dans toute la zone géographique que nous avons délimitée. De Echenoz (Jean, Prix Goncourt, né dans le Vaucluse) à Berlioz (Hector, compositeur, né en Isère), sous oublier nombre de skieuses (Famose Annie, ex-Famoz), cette syllabe ‘oz’ ou ‘az’ est caractéristique d’un foyer savoyard qui s’est répandu dans toute la région (Avoriaz, la Clusaz), se collant au passage à d’autres termes importés comme le surnom de notre (guerrier?) casqué et volontaire, pour former de nouveaux mots et donc de nouveaux noms.

Dès lors, à côté des Vuillermoz, il y aura forcément des Vuillaume, Vuillermet ou Vuillot, avec un ‘V simple’ très français qui traduit évidemment l’ancien ‘double V’ germain, ce qui rajoute les Wuillerme, Wuillot ou Willot, Willette, et tout simplement Willm. On ne peut pas faire plus inévitable que le ‘prénom’ directement formé sur les racines originelles, soit Wil-hem (où vous voulez dans les pays nordiques) devenu William en Angleterre ou en Amérique, que ce soit le dramaturge Shakespeare ou notre cousin l’écrivain Thomas Lanner Williams dit Tennessee Williams (forcément, on a tous quelque chose en nous de lui). Citons encore ce pépiniériste anglais du 19ème siècle, une bonne poire qui a donné son nom (Williams) à une variété de fruits exportée avec succès aux Etats-Unis…

Impossible de ne pas signaler (à nouveau) ce phénomène d’inflexion qui, parallèlement, va transformer le W de Wilhem en G (de Guillaume), ce qui nous oblige à rajouter sous le même casque l’immense famille des Guillaumet (comme l’aviateur), Guillaumat, Guillemin, Guillon (comme l’humoriste Stéphane), ou Guimard (comme l’ancien…cycliste Cyrille): tous ces noms sont de même formation que Vuillermoz (Guillermoz, si vous voulez), sans oublier la graphie occitane du mot, soit les Guilhaume (comme l’animatrice de télévision Virginie) et les Guillem (comme la danseuse étoile Sylvie).

Mais cette histoire de casque têtu ne va pas donner que des noms ‘propres’ mais aussi quelques communs bien connus! Commençons par cet imprimeur parisien, un Guillaume gêné par l’absence d’espace entre le texte et les citations et qui, en 1677, inventera, pour séparer les deux, un nouveau signe qui portera son nom, des guillaumets devenus guillemets. Un homme qu’il ne faut pas mettre entre parenthèses…Par la suite, le guillaume va se vulgariser, devenant le moyen de désigner l’objet familier le plus proche, comme, pour un menuiser, son rabot. Les moins bien lotis sont les Guillot, d’une part à cause d’un médecin ‘bienfaiteur’ qui épargnera les souffrances aux condamnés de la Révolution en leur offrant la…guillotine; le dernier homonyme étant ce qu’on a longtemps pris pour un (gros) ver du fromage, et qui est en fait la larve d’une mouche dans votre camembert favori. De Williams à Guillot, voilà une histoire qui se termine donc entre la poire et le fromage; même étymologiquement!


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