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Petit-Bateau

Non, cette chronique n’a aucune intention de mauvais goût au sujet de la ministre -entre autres- du Développement Durable (*), pourtant copieusement raillée l’autre soir sur une chaine de télévision où les chroniqueurs s’en sont donné à coeur-joie, autant que dans une cour d’école primaire. Le bateau du jour est tout petit, car la marque dont nous allons parler est celle de culottes, elles aussi petites…Pendant que vous lisez son histoire (ou peut-être, avant même de commencer), savez-vous au fait quelle est la véritable étymologie du simple mot ‘bateau’? Pas si évident.

On commence donc par reculer d’un siècle environ, à la fin de la Première Guerre Mondiale, afin de rencontrer Pierre Valton, un industriel du textile qui exploite à Troyes (mais à plusieurs) une usine de fabrication de caleçons. Non, pas le boxer des années 80 avec des petits coeurs imprimés sur la braguette; à l’époque, le caleçon est ‘long’, c’est quasiment un sous-pyjama, boutonné de bas en haut et recouvrant intégralement le corps (manches comprises). Confortable sans doute, mais d’une esthétique et d’une hygiène qu’on jugerait aujourd’hui assez redoutables.

Un soir, Mr Valton, en bon père de famille, rentre chez lui et son petit garçon vient l’accueillir en lui chantant l’une de ces comptines qu’il a apprises à l’école, et qu’il débite tel quel à son papa. Les paroles commencent ainsi: ‘Maman, les p’tits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des jambes’, etc. Vous connaissez la suite. Inspirée par l’entrain du gamin, le plaisir de retrouver ses pantoufles, ou la fatigue de la journée, l’imagination de notre ami s’emballe, et répond du tac au tac: «ben oui, après tout, sait-on vraiment si les bateaux qui vont sur l’eau ont des jambes?». Pour plaisanter, il répond à son fils, en renchérissant sur les paroles de la chanson: «Bien sûr, qu’ils ont des jambes, sinon je n’aurais pas besoin de leur fabriquer des caleçons, donc autant les leur couper!»

L’histoire ne dit pas ce que buvait le brave homme à l’apéritif, mais ce qui est sûr, c’est que, dès le lendemain, il prend une paire de ciseaux dans son atelier, raccourcit d’un coup quelques longueurs sur les modèles qui lui tombent sous la main, et invente sans le savoir ce qui deviendra plus tard la coupe du caleçon ‘moderne’…On est alors en 1920, et, pour récompenser son fils de lui avoir donné l’idée, il crée la société ‘Petit-Bateau’, comme dans les paroles de la chanson improvisée par le gamin. On peut se dire qu’on a quand même eu chaud: imaginez que, ce jour-là, le garçon se soit mis à changer ‘Au clair de la Lune’, ç’eût été moins certainement moins adéquat pour des sous-vêtements…

Au fait, ‘bateau’? Il s’agit d’un mot emprunté à l’ancienne langue anglaise du 12è siècle, ‘bât’, probablement arrivé en ricochet depuis du latin ‘de cuisine’, pour évoquer un ‘bâti’, ou même un…bâtiment (comme on dit dans la marine). En réalité, l’origine n’est pas plus claire qu’un fond de cultotte. D’autres soutiennent que c’est un autre mot anglais ‘bath’ (le bain!) qui a désigné les constructions qu’on envoyait «à la baille»…Vous savez quoi? Simplifiez-vous la vie, et adoptez la racine latine officielle (navis), et appelez ça un navire. Et comme il n’y a pas de hasard, tout finit par une chanson: «Il était un petit navire…»

(*) Delphine Batho, déjà dans ces archives depuis février 2013…


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