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Phréatique (nappe)

…des années à venir sera peut-être l’avenir de ces réserves d’eau(x) qui ne manqueront pas de (dé)générer en ‘batailles’ annoncées de longue date, aussi bien pour préempter quelques hectares de bocage vendéen que de larges territoires tropicaux. Or, étymologiquement et paradoxalement, la nappe phréatique représente ce que l’on appelle un oxymore, c’est-à-dire une combinaison de deux mots de sens apparemment contradictoire, ce qui ne l’empêche pas d’être un sujet très profond, et pour cause…

L’exemple traditionnel de l’oxymore, dont la propre étymologie grecque évoque « une finesse sous apparence de niaiserie » (ou ‘un contre-sens pour faire un trait d’esprit’, pour dire les choses autrement et mieux le caser dans les diners en ville), c’est le morceau d’alexandrin extrait du récit de la bataille des Maures avec une « obscure clarté qui tombe des étoiles » (1). En effet, quoi de plus opposé qu’une nappe et ce qualificatif de ‘phréatique’, pour lequel vous avez encore quelques secondes de réflexion avant solution de l’énigme (si c’est le cas).

La nappe, qu’elle soit sur la table, sur l’océan en forme de filet de pêche ou, hélas, épaisse comme une épaisseur de pétrole flottant, c’est toujours l’idée de quelque chose de plat, plus ou moins étalée (et même repassée si c’est pour dresser le couvert), de provenance naturelle (une source qui affleure) ou malheureusement après l’éventration des cuves d’un tanker. Petite remarque au passage: la nappe originelle, c’était une serviette que l’on jetait dans l’arène pour donner le signal des jeux ou des combats, une sorte de chiffon qui avait pourtant bien peu de chances de s’ouvrir à tous les coups bien à plat sur le sable. Elle est devenue ensuite la longueur de tissu qui servait à épargner les tables des souillures diverses (et éventuellement à s’essuyer collectivement la bouche, avant de devenir une serviette individuelle).

D’ailleurs, à cette époque, elle s’appelait non pas ‘nappa’ (en v.o) mais « mappa », la définition d’une surface plane; c’est ce mot qu’ont gardé tel quel nos voisins saxons  (pourtant peu ouverts aux racines latines) pour qualifier une ‘map’, une carte qui était forcément plate pour pouvoir être roulée, bien avant qu’on admette que la Terre était ronde et que l’on fabrique des…mappemondes. (2)

Mettons donc maintenant les choses à plat avec ce ‘phréatique’ d’apparence un peu barbare pour des oreilles françaises (surtout celles des écoliers en orthographe) qui n’aiment pas les doubles voire triples consonnes en début de mot, que ce soit Christ, phrygien, tsunami ou M’Bappé. La racine vient pourtant du peuple qui se considérait comme le moins barbare de l’Histoire, les Grecs; pour eux, un « phréar » est tout simplement un ‘puits’ dont nous avons préféré la douce (et très équivoque) sonorité en adoptant le latin ‘puteus’ (3).

Le puits en question, quand il est de formation géologique, est une réserve d’eau, une ‘citerne’ (autre sens que lui donnaient les Romains), d’où le sens actuel de quantité d’eaux souterraines accumulées par infiltration et pouvant être redistribuées en surface si besoin. Le problème est visiblement de déterminer si cette exploitation doit rester un besoin écologique spontané ou une décision industrielle provoquée. Une réflexion à creuser, même étymologiquement.

(1) Corneille ‘Le Cid’, acte IV scène 3

(2) La transformation du ‘m’ en ’n’ s’appelle une dissimilation; c’est un phénomène linguistique dû à un changement de prononciation à cause dû au double ‘p’ voisin.

(3) L’autre mot auquel vous pensez vient d’une racine quasi-homonyme qui est le verbe ‘putere’ (toujours en latin) qui veut dire puer, la prostituée étant réputée (!) être sale et malodorante. 


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