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pigeons (de la crise)

Le terme circule depuis quelques semaines dans les faits-divers: il y a les ‘pigeons de la crise’, les ‘pigeons des entreprises’, les ‘pigeons des impôts’, etc…bref, voilà un mot un peu désuet (en tous cas dans les expressions figurées) qui, ces dernières années, n’était plus réservé qu’aux filles qui mettent du vieux pain sur leur balcon, pour attirer les oiseaux, et vivre leur vie par procuration. Or, le pigeon lui-même vit en quelque sorte par procuration linguistique sur le dos d’une blanche cousine, la colombe.

En effet, le premier mot qui définit un pigeon est le latin…columbus, qui va donner le terme dont vous vous doutez. Jusqu’à la Renaissance, on va utiliser ce seul ‘colombin’ pour dire pigeon, ce dernier mot n’étant en fait qu’un diminutif (pige-on) qui ne s’applique à l’oiseau que lorsqu’il est au nid. Les romains ayant constaté que la principale occupation et seul objectif de la bestiole étant d’échapper à la mort en braillant le plus fort possible pour attirer l’attention de ses parents, ils l’avaient surnommé ‘celui qui piaille’, ou qui pépie -pour prendre un verbe académique-, le ‘pipio’ ou ‘pipionem’, que le vieux-français transformera en pigeon (c’est d’ailleurs pipio qui donnera piou-piou).

Conclusion: A l’origine, le pigeon n’est donc que le petit de la colombe, ou plus précisément du colomb. Car le mot, parallèlement au sens propre qui désigne l’oiseau, va s’appliquer dans un premier temps à celui qui fait métier d’éleveur de pigeon(neaux), le…Colomb, patronyme qui ira jusqu’à traverser l’océan atlantique en 1492, avec un sens de l’orientation bien abimé par rapport à ses homonymes volatiles. C’est aussi la racine des Collomb (comme Gérard, maire de Lyon), des Coulomb, Coulon, et tout ceux que vous pourrez trouver qui volètent autour (no comment).

Arrive le 16è siècle, et la blanche (théoriquement) colombe prend des couleurs avec le développement du ‘griset’ (le pigeon de nos villes); on abandonne alors de plus en plus souvent le sens d’éleveur pour celui de gros oiseau naïf, au décollage lourd et peu discret (donc facile à débusquer), qui devient la cible favorite du tir au lui-même. Y compris au sens figuré. Voilà comment une colombe se fait pigeonner par un jeunot qui installe l’image d’une personne naïve et facile à capturer, donc à tromper. Mais il subsiste parfois des «Blanches Colombes et Vilains Messieurs» (film de J.Mankiewicz en 1955, avec Marlon Brando et Frank Sinatra). Quelques exemples de pigeons :

Dans beaucoup de métiers, le pigeron ou pigeonneau est le petit nouveau, le stagiaire ou le postulant (y compris par exemple dans les compagnonnages d’artisans). Dans un cercle de jeux, c’est le joueur de passage qu’on peut facilement…plumer, évidemment. Quant au ‘pigeon de l’année’, il fut pendant longtemps le rival populaire du ‘perdreau’, encore plus bête que lui pour aller se faire tirer à découvert dans les semis. Les seuls qui s’en sortent un peu mieux sont les pigeons de décolletés, autrement dit les décolletés pigeonnants, ainsi nommés à cause de leur forme proéminente qui imite le jabot bombé des oiseaux à la parade (et non pas à cause de la forme de ses oeufs, comme vous étiez en train de le penser). Signalons enfin, grâce à sa boussole interne, le pigeon-voyageur, qui fut souvent le conscrit enrôlé de force dans plusieurs guerres avant qu’on invente le SMS.

Le seul à roucouler de plaisir devant cette infortune est le ‘ramier’, ainsi baptisé tout simplement parce qu’il perche sur les rames (les branches) des arbres! Voilà sans doute pourquoi les pigeons de certaines banques ont toutes les raisons de piailler devant les ramifications de certaines opérations…


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