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Chevènement (Jean-Pierre)

C’est le dernier candidat déclaré à l’élection présidentielle, dernier au sens de « le plus récent » et pas forcément au sens d’ »ultime », au rythme où sont parties les choses. Et, comme nous avons parlé ces derniers mois de Strauss-Kahn, Hulot, ou Le Pen, pourquoi pas Chevènement, nom d’origine franc-comtoise, ce qui tombe bien pour quelqu’un qui est sénateur du Territoire de Belfort (*), en plein dans la région en question.

La souche familiale n’a donc pas beaucoup bougé depuis des siècles, car, bien avant la dynastie d’instituteurs qui a donné naissance au petit Jean-Pierre, le nom existait dans la région…En français tel quel (actuel), difficile d’imaginer le sens de ce mot: Aucun rapport avec les…chev(aux); ni avec un (évé)nement; ni avec le chevet de quelque chose; ni même avec une orthographe de « chevaine », qui désigne un poisson à grosse tête, ce dont on ne saurait qualifier Mr Chevènement.

Si le mot est si énigmatique, c’est tout simplement qu’il est une réécriture francisée du mot « suisse-allemand » de « Schewenneman » (!), originaire du canton de Fribourg. Et, effectivement, au 16è siècle, on trouve des ancêtres de notre homme politique dans la commune en question. Une fois orthographié dans sa version originelle (et originale), on repère deux mots dans le nom: une « finale » -man, qui signifie homme évidemment, comme dans toutes les langues d’Europe du Nord; et une racine « schwenn- », nom de personne qui correspond au scandinave « sven » et qui veut dire…le garçon.

Le sens final de ce surnom n’est pas très facile à interpréter: « l’homme-garçon » fait peut-être allusion à un homme d’allure jeune, grand adolescent; ou à quelqu’un qui avait en charge l’éduction ou la garde d’enfants…Toujours est-il que ce nom prouve spectaculairement que l’onomastique (la science des noms) passe forcément par la phonétique: Au 17è siècle, pour aller de Schwenneman à Chevènement, il a suffi de prononcer lentement le mot et de l’écrire comme on l’entendait en français, c’est un jeu d’enfant(s, si l’on peut dire).

Petite note supplémentaire, puisque nous passons sur l’exemple idéal d’une curiosité linguistique: nous avons eu l’occasion de voir plusieurs fois que, dans l’évolution du français, certains mots pouvaient indifféremment avoir été masculins ou féminins, à la grande circonspection de certains auditeurs.

Le phénomène est davantage (à peine) accepté quand on passe du singulier au pluriel: on sait qu’on dit un amour malheureux mais « des amours malheureuses », un petit orgue mais « de grandes orgues », idem pour délices, histoire d’achever la règle que vous avez peut-être apprise il y a quelque temps.
Mais en ce qui concerne le masculin/féminin, avec la région de Franche-Comté, il s’agit bien, historiquement, du territoire d’UN comté, lequel était exonéré de certaines charges ou obligations royales, d’où le terme de « franc », comme une zone franche. Or, ce comté est bien…franche, puisqu’il fut un temps où comté était féminin! Donc on ne dit pas « le Franc-Comté » (ce qu’il est, par genre) mais « la Franche-Comté » (sans e final puisque le mot semble masculin, mais qu’il est ici synonyme de « région », d’où ce genre sous-entendu féminin. Voilà une histoire…franchement bien contée, non?

(*) département français depuis 1922, établi sur l’ancienne partie de l’Alsace conservée après la guerre de 1870


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