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Poubelle(s)

…titre la presse écrite en ces temps de grève, quand d’autres parlent de « la poubelle ville du monde », toutes choses censées tourner en dérision avec peut-être un soupçon de honte les commentaires mitigés mais polis de touristes de passage déçus. Pour faire passer l’odeur du mauvais-esprit, on montre donc des selfies avec les nouvelles barricades de Paris en arrière-plan, en sollicitant tous les jeux de mots possibles sur le nom du désormais célébrissime (mais malchanceux) préfet de Paris.

Car tout le monde sait que l’objet de toutes les ordures doit son nom à un certain Eugène-René, homme d’état normand malencontreusement ‘atterri’ à Paris pour prendre la fonction de préfet à un moment où celle de maire était inactive. L’homme aurait pu laisser son nom à un système de vendanges, à l’emballage du fromage ou à l’aménagement des calanques puisqu’il fut -entre autres- successivement et préalablement préfet de la Charente, de la Corse et des Bouches-du-Rhône. Mais non, ce fut ‘la boite à ordures pour immeuble’ qui l’emporta dans les pages du dictionnaire…

Ce procédé qui colle un nom commun à un nom propre s’appelle un ‘anthroponyme’ (étymologiquement en grec, le ‘nom d’un homme’), ce qui correspond bien à un certain nombre de patronymes désormais cachés derrière des objets devenus usuels. C’est le cas, parmi des dizaines d’autres, de sandwich (1), boycott (2), diesel (3) ou volt (4), etc, etc…Or, notre indispensable bac vert, jaune ou noir bénéficie d’un double intérêt linguistique car – y avez-vous jamais pensé ? – si la poubelle doit son nom à Poubelle, c’est forcément que le mot devait signifier autre chose de ‘propre’ dans l’état-civil de ce monsieur avant de devenir ‘commun’ (ou sale) sur les trottoirs, non?

A l’origine, Poubelle est en réalité un patronyme tout à fait ‘neutre’ (enfin, presque…) qui a fait souche dans le Grand-Est de la France, principalement en Bourgogne et en Champagne; on le trouve sous quelques autres formes comme Poubel mais surtout Poubeau, sorte de…masculin du mot. Vous avez encore quelques (dixièmes de) secondes pour réaliser que si Pou-belle est le ‘féminin’ de Pou-beau, la seconde partie de l’un et l’autre a toute les chances d’être tout simplement l’adjectif français beau ou belle! Reste donc à savoir d’où vient ce ‘pou’…

Rien à voir (heureusement) avec l’insecte parasite; il s’agit en fait de la subsistance d’une forme ancienne de l’adverbe ‘peu’, ce qui semble aiguiller le sens général vers un sobriquet appliqué à une personne ‘peu belle’ (ou peu beau), ce qui n’arrange pas la réputation d’Eugène. D’autres linguistes penchent plutôt pour une transformation (je vous épargne les détails techniques) du mot…’plus’, ce qui nous ferait donc inversement le surnom de gens plus beaux ou plus belles que d’autres.

En fait, il s’agit peut-être non pas de gens mais de lieux, ce qui serait un peu…plus acceptable comme qualificatif pour décrire des endroits considérés comme meilleurs car exposés au soleil ou mieux orientés par rapport au vent…Finalement, on ne sait donc pas vraiment si la poubelle sera la plus belle (pour aller danser) ou si elle fera de la capitale une ville peu belle aux yeux des visiteurs. En tous cas étymologiquement.

(1) John Montaigu, comte de Sandwich – port anglais – se faisait porter des collations pour ne pas quitter sa table de jeu (dit la légende)

(2) Charles Cunningham Boycott, propriétaire irlandais du 19è siècle, traitait mal ses employés qui sont alors entrés alors en rébellion.

(3) Rudolf Karl Diesel, ingénieur allemand inventeur du moteur à explosion interne.

(4) Alessandro Volta, physicien italien auteur de recherches sur la pile électrique.


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