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Prédicat

Petite polémique franco-française qui étonnera peut-être nos lecteurs d’outre-montagnes et rivages divers: le «prédicat» est la nouvelle politique d’analyse grammaticale d’une phrase qui contient un COD(e?) – autrement dit le bon vieux complément d’objet direct- préconisée pour les élèves du primaire, dans un souci de simplification dont je vous laisse juge avec sa définition dans le communiqué de présentation: «…c’est un premier niveau d’analyse qui est adapté à des élèves de 8 ans. Il ne se substitue pas au niveau plus fin que nous connaissons tous. Le prédicat, ce n’est rien d’autre qu’un marchepied. Un marchepied vers une analyse plus fine et plus experte.»

Attention la marche! Vous avez tout compris j’espère. Non? Le dictionnaire est pourtant clair: il s’agit tout simplement d’une «variable à fonction propositionnelle» (sic). L’expertise de nos jeunes et valeureux scolaires va donc s’enrichir d’un joli mot, aussi abscons et agréable que syndicat, reliquat ou avocat (au hasard), un ‘prédicat’ dont il est intéressant de constater que (toujours dans le même communiqué) «…bien sûr, pour nous, adultes, ce nouveau mot inconnu semble étrange. Pourtant, pour les écoliers qui apprennent quantité de mots nouveaux, il est bien moins compliqué que complément circonstanciel ou proposition subordonnée relative». CQF(O)D. Inconnu, bien étrange et moins compliqué donc, ce mot, mais surtout pas expliqué…un oubli? Peut-être pas.

Car le terme en question(s?) évoque un état, celui qui vient directement du verbe latin ‘prae-dicere’ (puis pré-dicare à la fin de l’Empire), qu’on comprend assez facilement comme ‘pré-dire’. Oui, même famille que…prédiction (!), et mieux encore ‘prédicateur’, mot adopté au 13ème siècle pour remplacer sa version ‘vulgaire’ et néanmoins très contractée de…’prêcheur’. La bonne parole de nos théoriciens de l’enseignement a même été portée au 16ème siècle pour différencier et qualifier -avec une pointe d’ironie péjorative- les ministres du culte protestant!

Pardon pour tout ce prêchi-prêcha un peu théorique, surtout qu’à l’origine, un romain comprenait le prédicat tout simplement comme le fait de prendre la parole (plutôt violemment) en public, bref de crier son indignation ou ses convictions ‘à la face du monde’. Puis les choses se sont calmées au fil des siècles pour en arriver au sens figuré de dire par avance, annoncer d’abord (un détail, une chose importante), ce qui en l’occurrence consiste à déterminer la nature et à préciser la fonction des différents mots d’une phrase…Il n’empêche, hélas, que le mot-jumeau (féminin) de ce prédicat est bien…prédiction, ce qui nous met l’exercice de grammaire au niveau des divinations de l’horoscope!

En tous cas, je ne sais pas ce prédicat permet de prédire quelques imprécisions de langage (et de rédaction), mais je ne résiste pas au plaisir de vous citer un dernier extrait du communiqué concernant l’intérêt du sujet (pardon, du prédicat) en question: «…le découpage de la phrase en sujet/prédicat va aider les professeurs des écoles à apprendre aux élèves à mieux rédiger, en construisant des phrases correctes»…Sauf erreur de ma part, grâce à -ou à cause de- la virgule, on comprend forcément que ce sont les professeurs qui ne construisent pas des phrases correctes, non? Si en plus de la grammaire, il faut aussi rénover la syntaxe…

Promis, la prochaine fois, ce sera plus clair….


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