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Quattennens (Adrien)

En attendant Manu…les hommes politiques montent au créneau et font entendre leurs critiques, dont le flamboyant -à tous points de vue- député du Nord du parti La France Insoumise. Le jeune homme éclaire en effet les plateaux de télévision d’une liberté de parole et d’une tignasse rousse qui ne manque pas de devenir un élément de notoriété. A tout prendre, le symbole vaut presque mieux que son patronyme…

En effet, tout au long de l’Histoire, cette ‘roussitude’ (1) a valu à ses possesseurs de nombreux déboires en vertu d’un…’roucisme’ anti-roux, le point de départ de ces martyres étant sans doute la prétendue couleur des cheveux de Judas (mauvais exemple) jusqu’aux récents harcèlements d’étudiantes à la crinière de feu dans les rues de Paris, en passant par les mesquineries de cour d’école de ‘Poil de carotte’ (2). Bref, Adrien-le-Rouge (ouf, il est plutôt ‘de gauche’) a davantage de raisons de rougir de son étymologie, puisque Quattennens est une forme nordique (3) d’un surnom d’origine néerlandaise.

Avant un phénomène d’agglutination (de collage) qui a fait souche dans une Flandre Occidentale actuellement belge, la forme médiévale du mot était en effet en deux parties, soit ‘quatt-ennens’, ou plutôt exactement ‘quaet-haennes’, pour commencer à éclairer un peu la chose. Et si j’ajoute qu’on trouve aussi, parmi d’autres, les formes Quaet-Haennin/Hannin (version francophone) et Quaet-Hans (version néerlandaise), vous aurez sans doute compris que la seconde partie concerne le ‘prénom’ Jean, soit Hans, Haens ou Hannin, selon la zone flamingante dans laquelle vous vous trouvez.

Ne soyez pas (trop) surpris par l’apparent éloignement des deux mots (Hans et Jean); la même syllabe sonore va évoluer dans quasiment toute l’Europe occidentale en subissant les habitudes de prononciation du langage local. Dans notre exemple, la première lettre est simplement soufflée dans certains cas (hhhans) et ‘mouillée’ dans d’autres (jjjean); mais vous pouvez également trouver Jan, Jantje, Johannes (abrégé en Hannes ou hans, précisément), Johan, Yan, Yannick (diminutif), Iannig (en breton), Ion (en roumain), et même…Sean ou Shane (en irlandais) qui deviendront Shawn (à Hawaï puis sur la côte Ouest des USA)! (4)

Nous reste donc le premier segment en ‘quaet’, qui n’est pas de tout repos (quiet, en français ou en anglais si vous voulez) puisqu’il signifie en fait mauvais, voire méchant! Le Quattennens, Quaetannes, Quaettanys, et parfois même carrément Quittans était donc le qualificatif accordé à un ancêtre de caractère ombrageux, ce que l’on retrouve rarement tel quel dans l’Etat-Civil français, malgré quelques Jean Méchant ou Jean Mauvais (acteur de télévision) dont la signification originelle ne laisse aucun doute.

Mais comme toujours en étymologie, cela n’augure en rien de la personnalité de notre Adrien au regard malicieux, d’autant que son prénom, d’origine italienne, est bien plus léger: il vient des maisons en pilotis du delta du Pô, en Vénétie, non pas de la voisine et similaire Venise mais de la ville d’Adria, celle-là même qui donnera son nom au large bras de mer emprunté depuis longtemps par les Grecs pour devenir la Mer…Adriatique.

Il n’est pas sûr que le futur St Adrien y soit même passé, lui qui combattit les chrétiens (au 4ème siècle) avant de succomber à leur ferveur et de se convertir, ce qui lui a valu le supplice du feu (!). La tradition religieuse lui donne des responsabilités de protection diverses (le patron des gardiens de prison ou des facteurs!?); le mieux serait donc de terminer plutôt sur un empereur homonyme (Hadrien, avec un H) dont le célèbre mur à la frontière de l’Ecosse restera pour toujours celui sur lequel les Romains se sont cassé la tête. Méchant, non?

(1) Si, si, ça existe, mais évidemment rousseur est plus académique.

(2) Voir aussi d’autres exemples historiques dans l’article sur l’homme politique Jean-Christophe…Ruffin.

(3) Rien d’étonnant (même si ce n’est jamais une preuve), l’homme est de naissance lilloise.

(4) Sans parler des Juan ou Gino, mais attention à ne pas mélanger tous les sons quand même: ‘Chan’ n’est pas forcément chinois mais également…breton (prononciation de Jeanne!)


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