Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Renard (Hervé ou Wendy)

…c’est une tanière puisqu’il y a désormais à Clairefontaine plusieurs Renard, l’un des cent patronymes les plus répandus en France (74ème), ainsi que ses variantes (Renaud, 129è; Reynaud 187è) auxquelles il faut rajouter les versions plus régionales comme Reinhard (Lorraine) ou Reynaert (Nord), les diminutifs Renardin, Renardeau (forcément) et Renardet, sans oublier la version germanique en Renaud (1), Renaudin, Renaudet, etc…

C’est probablement via un ‘raynaard’ que le mot est arrivé en France (disons en Gaule, à l’époque) puisque dans les bagages des tribus de Germains venus en repérage touristique sur l’axe nord-est/sud-ouest de notre (futur) territoire. Dans le dialecte de plusieurs de ces peuples, il y a une sorte d’adjectif composé de deux racines traditionnellement écrites en français comme ‘ragin+hard’, et traduites avec l’idée de conseil et de force. Le conseil, pour autant qu’on puisse en juger à dix siècles -environ- de distance, est-il pour soi-même (au sens de réflexion, d’intelligence) ou pour les autres (au sens de jugement avisé)?

Toujours est-il que cette sorte de surnom s’implante facilement dans les populations pour désigner une personne au jugement avisé ou à l’esprit affûté, comme va le personnifier par transfert l’animal-star de la télé-réalité la plus célèbre du Moyen-Age, un « Roman de Renart » dans lequel, comme vous le savez sans doute, le canidé aux poils roux s’appelle Goupil. Ce goupil si commun aussi bien dans nos forêts que dans la langue du moment vient directement du mot latin ‘vulpes’.

Enfin, pas si directement que ça puisque, en passant du répertoire originel à notre charabia gallo-romain puis gaulois, le mot a subi une gutturalisation, le ‘v’ initial se durcissant en ‘g’ comme c’est le cas traditionnellement pour des dizaines de termes de notre vocabulaire, même en provenance d’autres zones (2). Bref, exit notre Vulpes, qui ne subsistera que dans la nomenclature de l’Histoire naturelle et dans les langues italienne (what else?) en ‘volpe’ et roumaine (volpis).

Car tous les renards européens vont plus ou moins se cacher derrière un nom qui leur est propre, en fonction des interprétations ou qualités que chacun prête à la bestiole. Certains sont plus ou moins agressifs en utilisant un ‘r’ comme rusé, avec ‘raposa’ en portugais, ‘räv’ en suédois et ‘(zo)rro’ en espagnol; pour d’autres, plus au nord, le ‘v’ initial va générer un second terme en devenant plus ‘sifflant’, ‘vulp-s’ passant alors à ‘fuchs’ en allemand, cousin…germain du très évident ‘fox’ anglais. 

Pendant ce temps, notre Maître ‘raginhard’ fortement futé continue de bâtir son roman dans l’oeuvre éponyme en jouant des tours à toutes les espèces connues, mais surtout il se propulse à la Une des médias sous la plume d’un certain Jean de La Fontaine qui lui donne comme sparring-partners de fable un corbeau orgueilleux, un loup attardé, un chat, une cigogne et même des raisins, ce qui fait de lui pour des siècles le prototype de l’animal malin, malgré un comportement sur le terrain face à un chasseur ou à un chien pas toujours cohérent…

Nul ne doute pourtant que, comme tous leurs amis mammifères qui portent le même nom, nos joueuses de football et leur entraineur (3) ne manqueront pas d’esprit de jugement pour élaborer leurs stratégies de jeu en championnat, tout en restant lucides car, comme disait un célèbre auteur français, «Rien n’est éternel, pas même la reconnaissance ». Un certain Jules Renard évidemment! 

(1) Voir la chronique sur le prénom/pseudo du chanteur Séchan en archives (septembre 2018)

(2) William devient Guillaume, Wales devient Galles (Pays de), etc..

(3) C’est quand même plus facile à caser que ‘nos joueurs de football et leur entraineuse’, non?


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.