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Rhum (Route du)

…avec des majuscules, s’il vous plait, puisqu’il s’agit aujourd’hui de la course transatlantique qui relie, tous les quatre ans, la France aux Antilles (pardon, la métropole à la Guadeloupe), et qui porte ce nom évocateur de canne à sucre. Il y a des mots, comme ça, qui semblent exister naturellement dans le vocabulaire (et dans l’Histoire), dont il serait farfelu de se demander la provenance; or, le nom de cette course ne manque pas de surprises, ni pour la route ni pour le rhum, car, étymologiquement, l’événement était promis à la bagarre et à la casse…

Sans entrer dans des subtilités et spécialités raffinées (précisément), il faut quand même bien évoquer la base du breuvage en question, l’alcool; en dehors des valeureux navigateurs en compétition, quelques marins d’eau douce en ont fait une réputation explosive. Chaque élément de cette traversée porte en effet une charge très particulière, à commencer à par cette banale inoffensive  »route ».

En latin classique, vous savez sans doute que le mot se dit…’via’, ce qui donnera la voie en français, sans oublier quelques dérivés comme viable (qui tient la route, dans tous les sens du terme (1), ou viabilisé (pour lequel on a construit une route), etc..Apparemment, pas beaucoup de croisement avec une ‘route’, qui vient en fait d’un participe passé, ‘rupta’, issu du verbe ‘rompre’ (comme rupt-ure). La route, pour un romain, c’est donc le passage tracé -à l’origine, uniquement- dans la forêt, qui oblige donc à…rompre les arbres pour se frayer un chemin (toutes les déforestations sont des ruptures dans la Nature)! La première route qui laissera des trace dans le dictionnaire apparaît vers le 13ème siècle; il faudra attendre deux cents ans de plus pour l’appliquer à la ‘Route des Indes’ (dans le mauvais sens, merci Christophe) et donc au domaine maritime, puis plus tard aux ‘routes du Sud’ aériennes…

A l’origine des routes, il y a donc bien souvent de la casse (les arbres dans la forêt, les mâts des bateaux ou le train d’atterrissage des premiers avions), ce qui explique déjà les risques que prennent nos coureurs des mers. Mais c’est le rhum qui complique tout, même si vous restez sobre! Car la racine du mot va continuer à bousculer le ciel de l’Atlantique: pour bien comprendre, il faut remonter au milieu du 17ème siècle, à l’époque où on écrit encore le ‘rum’. Et cette fois, le terme n’est pas latin mais…anglais.

Il s’agit en effet de l’abréviation de ‘rumbullion’, lui-même formé sur le verbe ‘to rumble’, qui signifie d’abord murmurer, puis très rapidement gronder, faire du bruit (comme le tonnerre, par exemple). Dans tous les domaines, le sens reste le même, depuis le gargouillis de votre estomac jusqu’au grondement de la révolte, du grognement d’un ivrogne à celui d’un tremblement de terre qui approche; bref, il va y avoir du grabuge!

Est-ce ce dernier sens qui a donné le mot définitif, en y rajoutant un ‘h’ typique des dialectes de la Barbade (2), en raison des fréquentes bagarres que provoquait l’ingestion de ce rhum? Ou, tout simplement, à cause du bruit de bouillonnement de la distillation? Personne n’est certain de la chose, sauf les concurrents de ce défi, qui essaient de tracer leur route en évitant les dangers qui font ir-ruption dans l’océan qui gronde. Y compris étymologiquement.

(1) Et non pas ‘vitable’, même un organisme viable est apte à la vie!

(2) Il semble que le même phénomène se soit produit avec le mot qui désigne une racine (rub), ce qui donnera la ‘racine de la Barb(ad)e’, autrement dit la…rhubarbe.

PS: pour les fanas de voile(s): Gabart (François), Le Cléac’h (Armel), Bourgnon (Laurent), Nélias (Jean-Luc), Coville (Thomas) ou Joyon (Francis) sont déjà en archives. Pour Josse (Sébastien), voir Josserand…


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