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« Ridicule »

En hommage au plus moustachu des acteurs français, une chaine de télévision a fait le choix de rediffuser le superbe film de Patrice Leconte (1)  »Ridicule », dans lequel le flegmatique Jean Rochefort était, comme à son habitude, loin d’être ridicule. Contrairement à la vieillesse, le ridicule ne tue pas mais fait souffrir d’une sorte de ‘petite mort’ ceux qui en sont atteints. Or, ce n’est pas du tout ceux qui en sont couverts que touche le plus le ridicule, mais plutôt ceux qui en sont simplement…témoins! En tous cas, étymologiquement.

Résumons les choses encore plus clairement en prenant comme exemple une séquence type film muet, dans laquelle un personnage glisse sur une peau de banane ou se prend le jet d’eau d’un tuyau d’arrosage en pleine figure. A la seconde où se réalise ce que nous appelons un gag, c’est sur la tête du pauvre homme que tombe ce ‘ridicule’, un nom commun qui ne l’est pas tant que ça puisqu’il s’agit en fait d’un adjectif! Il s’agit d’un diminutif, caractérisé par le suffixe ‘-cule’ (ou -culus en latin), qui permet de désigner quelque chose de petit, de mesuré, ou de réduit, selon l’objet auquel il s’applique: un monticule, c’est une petite butte; un opuscule, c’est un livre, littéralement une ‘petite oeuvre’; un fascicule, c’est un petit…bouquet, à l’origine un ‘faisceau’ de tiges ou de branches d’où le nom, par la suite transposé à la reliure de plusieurs chapitres d’un livre, etc.

Quant à ‘Minuscule’, devenu lui aussi un titre de film, animalier cette fois, c’est également l’adjectif qui signifie plus petit que petit, plus minus que minus, donc…Bref, ce ridicule est en réalité ‘une’ ridicule, autrement dit le terme qui désigne très précisément une ‘petite ride’, celle qui vient à la commissure des lèvres quand vous esquissez un sourire, que l’on souhaite bienveillant quand c’est votre voisin qui se casse la figure. Pas question de méchanceté donc dans ce ridicule (sauf dans les assauts des courtisanes dans le film sus-nommé), pas question non plus de montrer les dents dans un rire carnassier, mais juste un mouvement poli et retenu qui vient éclairer votre visage quand vos yeux surprennent une scène inattendue.

En foi de quoi, théoriquement, il faudrait considérer que les Précieuses Ridicules chères à Molière n’étaient que de jeunes femmes souriantes (et non point risibles) alors que, de nos jours, la personne ridicule, qui est donc forcément celle qui se moque de l’infortune d’autrui, a paradoxalement changé de côté pour viser celle qui souffre des moqueries, devenant alors la…risée du ridicule qui lui, n’est en situation que de faire une (ou des) grimaces(s) après sa chute (vous avez suivi?).

Heureusement, on peut toujours s’en sortir en disant que l’on n’a fait que ‘friser’ ce ridicule, qui n’indique pas du tout qu’on en a coiffé les bouclettes des perruques de ces dames mais, comme disent nos amis Espagnols, qu’on a failli passer pour…un indien (hacer el indio). Ce qui ne fait probablement pas rire du tout le peuple ainsi visé, même d’une petite ride.

(1) si si, il n’a pas fait que ‘Les Bronzés’


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