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Saïx (Tarn)

…en particulier à cause du (ou grâce au ?) coup de projecteur – et éventuellement de matraque – que cette petite ville de plus de trois mille habitants (1) va recevoir lors d’une fin de semaine pendant laquelle se mobilisent les forces (principalement écologistes) d’opposition à un projet d’autoroute entre Toulouse et Castres. 

Du seul point de vue étymologique qui nous intéresse, le site en question n’est pas le seul en France à devoir gérer les sourires du touriste plus ou moins bien intentionné (2), à tel point que les autorités municipales affirment – à raison – qu’en réalité le ‘x’ final se prononce en réalité ‘ss’ (comme dans ‘cesse’. Tu vas arrêter, oui?) car il y a un détail que quasiment personne ne remarque – ou n’écrit – un tréma qui vient faire toute la différence et qui empêche de jeter la pierre à…’Seys’. Bref tout ça nous conduit vers une prononciation qui ressemble davantage à ‘seïsse’ (dites ‘séhisse’) qu’à ‘sex’, ce que la majorité des médias ont bien intégré rapidement sous couvert d’une frilosité pour une fois bienvenue.

C’est effectivement l’une des étapes de transformation, avec Ses ou Sayes, de ce nom curieux et pourtant tout à fait simple: tout comme on admet facilement (j’espère) qu’un accent circonflexe est l’indice d’un ancien ’s’ qui a été élidé (3) pour le placer ‘en souvenir’ sur la voyelle précédente comme dans forêt, coût, maître, paître, etc (4), le tréma dont nous parlons ici vient manifester la forme originelle de Saïx qui est le latin ‘saxum’.

Ce ‘saxum’ romain n’est en rien à l’origine du sexe et encore moins du saxophone puisqu’il désigne tout simplement une pierre; mais attention, une pierre très dure (type marbre) ou très grande, donc pas vraiment un caillou mais plutôt un rocher. En marine, on l’appellerait plutôt un écueil ou un récif, dont l’apparition imprévue est toujours synonyme de problèmes à venir…Mais, dans ce coin de Tarn très terrien (et fluvial), pas de quoi se faire une montagne avec les quelques collines qui dominent de vertes plaines (on ne va pas, en plus, creuser des tunnels pour faire passer l’autoroute!).

Il se peut qu’au contraire d’autres villes bâties, elles, dans un environnement montagneux, la raison de ce surnom soit une histoire de terrain particulièrement caillouteux à certains endroits, ou la présence d’un (et un seul) sédiment rocheux un peu spectaculaire qui ait permis d’orienter les voyageurs, ce qui est le cas précisément du village historique de Saïx perché sur une hauteur qui surveille la plaine castraise.

Autres exemples de ‘villes-rocher’ qui n’ont pas forcément retenu l’orthographe du tréma pour des raisons propres de dialecte régional ou de patois local, le Seix de l’arrondissement de Châtellerault (Vienne) ou celui de Seix de l’arrondissement de St-Girons (Ariège). Alors que le Soeix béarnais (Pyrénées-Atlantiques) est très différent (5)…

Faut-il apporter une dernière pierre à ces édifices pour signaler le plus étonnant des dérivés de ‘saxum’, soit le peuple des…Saxons, directement emprunté au latin ‘saxones’ qui prétendait ainsi qualifier des gens (ennemis, of course) qui… » avaient la tête aussi dure que la pierre », évolution de vocabulaire que l’on commence à trouver à l’époque de Charlemagne et qui donnera naissance aux plus grandes lignées européennes de ‘Saxe’(6) (-Cobourg et Gotha) puis aux tribus des Angles fuyant les côtes du Nord (de l’Europe) pour aller habiter une île triangulaire avec la langue que vous savez.

Seule manque à l’appel la version dont vous attendez évidemment que je mette la main dessus, le sexe tout court (si j’ose dire). Au fait, que savez-vous du sexe, étymologiquement bien sûr ? C’est en  fait la chose la plus facile qui soit puisqu’il vient du latin ‘sexus’ (important donc de ne pas se tromper de voyelle) et qu’il désignait l’ensemble des caractères mâles ou femelles de l’appareil reproducteur des…plantes, avant de caractériser les organes proprement (j’espère) génitaux des autres espèces.

Vous allez peut-être penser, c’est bien joli de parler de sexe (le mot, évidemment) mais ça ne nous dit pas vraiment où il prend sa racine…C’est juste parce qu’on n’en sait trop rien, le terme n’étant pas vraiment analysé d’un point de vue linguistique. Comme on ne peut imaginer qu’il s’agisse d’une onomatopée ou d’un son spécialement créé pour être sonore, quelques linguistes addicts (à la phonétique)ont imaginé une logique avec le verbe latin qui signifie ‘suivre’, c’est-à-dire respecter la réalité de la différenciation naturelle pour nommer ces choses-là. Le problème (toujours, avec le sexe), c’est qu’il se rapproche également d’un verbe qui signifie couper ou trancher; une idée qui n’arrange pas forcément les choses en pays…castrais (7)!

(1) Statistiquement, à partir de plus de 2000 habitants, ce n’est plus un village

(2) De célèbre mémoire, le ‘Montcuq’ lotois mis à l’air en son temps par Daniel Prévost; ou le ‘Bitche’ mosellan, sans parler d’un ‘Fucking’ autrichien : tous les trois sont en archives! Lisez…  

(3) Etymologiquement, ‘arraché’.

(4) Mais forestier à l’adjectif, cost- (du latin coustare), magistral pour maître et pastoral pour paître, etc

(5) Et en archives depuis décembre 2010.

(6) Dont finalement le patronyme germain de l’inventeur (belge) de l’instrument de musique tordu.

(7) Pour lever toute équivoque, la chronique sur cette bien mauvaise allusion est également disponible en archives depuis fin 2010…


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