Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Sénégal

La disparition de la chanteuse à la voix claire (1) a permis de mettre en lumière les actions qu’elle a menées dans un cadre humanitaire, particulièrement en Afrique. C’est l’occasion de se poser la question de l’étymologie de ce pays de l’ex-AOF, car, tout comme Californie, Guyane, Monaco ou Turquie (2), Sénégal n’est pas né par hasard, et pour cause.

Le nom ‘français’ des pays africains est souvent dû -Histoire oblige- à une confusion entre la langue des envahisseurs (pardon, des colons) et celle du ou des peuples locaux. Exemple frappant, celui de la capitale ivoirienne (cf.Abidjan, sur ce site), déformation de ‘m’itchan m’bidjan’ (je viens de couper des feuilles), réponse d’une femme africaine à laquelle on venait de demander comment s’appelait l’endroit. Ne comprenant pas (encore) le français, elle croit qu’on lui demande d’où elle vient, et la fin de sa phrase, résumée par des oreilles parisiennes fatiguées par le climat, devient ‘Abidjan’, en effaçant le début de la réponse (cela étant, imaginez un explorateur africain débarquant à St Etienne de Baïgorry ou à St Germain en Laye, pas évident non plus…)

Sénégal suit un peu le même principe, puisqu’on a cru pendant longtemps qu’il s’agissait d’une expression en wolof, l’un des dialectes majoritaires locaux, à savoir «sunu gaal», qui signifie ‘notre pirogue’. Séduisant, d’autant plus que le son francisé semble très proche et que, avant de s’appliquer au pays, le nom concerne d’abord un fleuve et donc, possiblement des pirogues. La (petite) histoire raconte même (mais n’est-ce pas une interprétation a-posteriori?) que ‘Sunu gaal/Sénégal’, en tant que devise, pourrait avoir le sens de ‘nous sommes tous dans le même bateau’, ce qui ne peut être que fédérateur, tant que l’armateur ne s’appelle pas Costa Croisières.

D’autres (remarquables) linguistes africains préfèrent quant à eux la version proposée par le très charismatique et arabophile savant et philosophe français Théodore Monod. Grand spécialiste des cultures africaines (du Nord comme du Sud), Monod raccordait Sénégal au nom d’une tribu berbère du Sahara, «Senega» ou «Sanaga», et l’on sait à quel point le désert fut le terrain de jeux privilégié du bonhomme en question. L’adjectif ‘berbère’ est ici tout à fait logique, car l’empire de cette langue noble sahélienne s’étendait du sud de l’Algérie actuelle au Mali et au…Sénégal précisément. Une autre expression vient en complément de cette source, «sagui nughal», contracté en sanughal puis francisé en sénégal: cela signifie frontière (celle de la terre et de la mer -atlantique?), et c’est aussi du berbère, témoignage de l’ampleur de cette culture.

Maintenant, laquelle des trois solutions est-elle la plus logique? La pirogue, ce n’est pas idiot, vu le moyen de locomotion local; le problème est de savoir pourquoi le mot serait réservé à cette région et pas à une autre? La tribu berbère, d’accord également, mais pourquoi pas simultanément dans une autre zone du Sahara? Et la frontière, est-ce bien celle avec la mer (en tous cas, certainement pas le découpage colonial), ou bien s’agit-il de la séparation formée par le fleuve entre deux parties de cette ‘ceinture sahélienne’, laquelle n’était pas forcément positionnée là où nous le croyons à l’époque de la création du mot? Mystère (ou presque).

Cela étant, je vous déconseille fortement de dire à un Sénégalais qu’il est berbère, surtout si vous le croisez dans le sud du pays voisin, la Mauritanie, où la co-existence arabo-noire africaine n’est pas toujours sereine. Mais quelle chance, si l’idée de «tous dans le même bateau» était la bonne hypothèse; un certain peuple a même appris qu’avec le temps un bateau, ça «fluctuat nec mergitur».

(1) France Gall 1947-2018

(2) voir leur article en archive


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.