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Série bizarre, encore

«Alors, çà peint, Turlure?» est bien le moins pire de ce que notre homme pourra entendre, car tous les gens qui lui feront répéter son patronyme se feront un malin plaisir de l’écorner en Turlute, ce qui ne met pas spontanément une réunion professionnelle dans une ambiance de sérieux garanti.

Dans les régions du Nord, de Picardie et de Normandie dont il est originaire, le mot représente pourtant une pratique on ne peut plus honorable, celle de la…musique! Une turelure (orthographe en ancien-français) est en effet un refrain de chanson, une phrase musicale qui revient souvent, bref, une ritournelle, sorte de diminutif de turlure (avec un préfixe ‘ri-‘, qui exprime la répétition, comme re-chanter, par exemple).

Or, si l’aérienne ritournelle va prendre de la noblesse littéraire (grâce à Molière, puis Mme de Sévigné, entre autres), la turlure, elle, va rester coincée dans les tuyaux de l’instrument qui va le mieux la symboliser, la…cornemuse. Héritage ou influence celte? Toujours est-il que l’on a choisi celui qui joue de cet instrument comme symbole de la ‘scie’ qui revient sans cesse (les non-bretons qui ont déjà assisté au Festival de Lorient comprendront). Ce vieux terme de ‘scie’ deviendra, au milieu du XXème siècle, un ‘tube’, grâce à un certain Boris Vian!

Hélas, au XVIè siècle, une chanson folklorique va faire d’un certain Robin Ture Lure un objet à la fois d’admiration et de moquerie, en raison de ses performances sexuelles. Extrait: «Un jour la jeune Iris fut couchée dans la verdure / Certain serpent bien appris vint lui faire une piqüre / L’animal n’est pas mal fait / La belle aime l’aventure / Le coup d’aiguillon lui plait / Mais je l’attends à l’enflure…Robin Turelure».

Pas besoin d’analyse freudienne pour apprécier tout le sens champêtre de la scène…Sans compter que le joueur de turelure n’est probablement pas innocent dans l’affaire: la tradition paillarde fera rapidement un parallèle entre les tuyaux de l’instrument et le sexe masculin: c’est le XXè siècle naissant qui sera le plus créatif en la matière, avec des expressions du langage populaire comme ‘jouer du biniou’, ‘tailler la flûte’ ou ‘taquiner le mirliton’, jusqu’à ‘faire une turlute’ dans les années 1950.

Un qui doit se sentir injustement calomnié, c’est le turlut, qu’on appelle également le turlu ou turlututu depuis le XVIIè siècle, belle onomatopée pour désigner une variété de serin au chant sans doute nasillard comme le biniou. Manque de chance, c’est encore un petit oiseau. Même étymologiquement!


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