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Skillzy

Première difficulté (ou obligation, ou erreur, ou ânerie): se persuader qu’il y a une fonction fédératrice dès qu’il y a un symbole; et ce qui vaut pour une marque commerciale, qui a souvent plusieurs produits à vendre, semble ne pas fonctionner pour un événement sportif. Second (ou deuxième, on verra par la suite) obstacle: la nécessité -voire l’obstination- de trouver, sans doute à grand renfort de budget de communication, le-dit symbole, tâche d’autant plus difficile que la zone concernée est large (Coupe du Monde, Championnat d’Europe…).

La ‘chose’ s’appelle donc une mascotte, et celle du futur Euro 2020 modifié 2021 ne semble pas faire du tout l’unanimité. Il s’agit en effet d’un archétype/prototype/spécimen/exemple-type/avatar/alien (rayez les mentions inutiles) de footballeur; le jeune exorbité s’appelle (enfin, a été appelé car sauf erreur il ne parle pas) du très ‘consensuel’ nom de…Skillzy.

Consensuel dans la copy-stratégie (le cahier des charges) de l’agence de communication sans doute, mais ni très facile à prononcer pour la majorité des nations participantes, ni peut-être à comprendre. En tous cas bien loin de la dernière version encore appréciée du Footix de l’édition 1998, certes très ‘gauloise’ dans sa sonorité chauvine empruntée à Astérix mais à tout le moins courte, sobre et on ne peut plus claire pour parler de…foot.

La « volée de bois vert », comme dit la presse, reçue par le puceau numérique s’explique sans doute par l’impossibilité de saisir immédiatement le sens de ce ‘skillzy’, combinaison à l’origine pleine de bonne volonté prétendant créer un adjectif qui cumule l’habileté ou le savoir-faire (skill) et un suffixe d’état ou de situation (-zy). Le mec est donc forcément doué (au foot, on suppose), une sorte de super-compétent en action, un technicien de la balle, un héros des pelouses, bref un sorcier du ballon rond.

On ne peut pas faire mieux d’ailleurs si l’on reste sur le mot français de ‘mascotte’, le plus souvent appliqué, selon le dictionnaire, à un animal ou à…une poupée. Le sens général lui donne en effet, aujourd’hui, la valeur d’un porte-bonheur ou de l’emblème d’une réussite. Côté animal, de Ramsès (le chat blanc de Feu Vert) à la Vache qui rit, de (feu) l’Ecureuil de la Caisse d’Epargne au Lion de Peugeot, de l’Aigle américain au Coq gaulois, ça a toujours assez bien fonctionné, pour des raisons affectives ou historiques, sans oublier toutes les bestioles des équipes sportives, Dogues, Lions, Eléphants ou autres Tigres nationaux… 

La démarche est plus risquée avec des humains, pour des raisons de technologie ou de mode: si le Mario de Nintendo traverse à peu près les années, le Bibendum de Michelin a dû soigner son obésité, le serviteur noir de Banania revoir son passeport d’intégration nationale, etc…D’ailleurs la véritable étymologie de ‘mascotte’ est plutôt risquée puisqu’il semble qu’elle apparait dans la langue française à la fin du 19ème siècle seulement, à l’initiative de l’écrivain provençal Frédéric Mistral, puis dans un roman d’Emile Zola sur…Marseille. 

L’un et l’autre adaptent un terme italien issu d’un ‘masco’ qui désigne…une sorcière ou une magicienne, en tous cas quelqu’un de pas toujours fréquentable sans risques. Dans les cabanons des Calanques, le mot devient moins dangereusement synonyme de ‘sortilège des cartes’, autant dire non seulement un risque liée au sort (favorable ou pas) mais aussi un envoûtement et donc une addiction au jeu (moins, à la pétanque).

Mieux encore (ou plutôt pire) : certains dictionnaires du début du 20ème siècle donnent comme définition à mascotte: « fille vierge (!) ou jeune homme inexpérimenté ou trop audacieux », comme l’écrit Verlaine dans l’une de ses Odes. Dans un autre texte (‘Mémoires d’un veuf’), le même auteur désigne ainsi le…faux-cul des prostituées , le rembourrage de tissu destiné à épaissir l’arrière des robes pour donner du volume au fessier (pas pratique dans le short de match).

En tous cas, on ne sait pas encore si le style de Skillzy sera buzy, lazy ou fuzzy (*) sur le terrain. La seule chose qui semble sûre pour le moment, c’est que de nombreux supporters ont effectivement envie de lui jeter un sort. Etymologiquement bien sûr.

(*) énergique, paresseux ou pas très clair.


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