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Sparadrap

…dans quelques médias. Ah bon! Il jouait également les infirmiers pour faire les pansements? Pas du tout évidemment, puisque ce sparadrap-là n’a pas de rapport – en tous cas direct – avec un soin épidermique (malgré une réelle irritation, semble-t-il) mais avec une image devenue en quelques décennies le symbole de « quelque chose ou de quelqu’un dont on n’arrive pas à se débarrasser ». 

Au(x) siècle(s) dernier(s), on aurait dit qu’il « collait à ses basques », les habitants d’Euskadi n’étant pourtant pour rien dans l’affaire puisque, au 18ème siècle, les basques en question n’étaient que des morceaux de tissus accrochés au bas (-ques) des vêtements masculins (un pourpoint le plus souvent), ce qui signifiait donc qu’il fallait serrer de près la personne, pour ne pas dire qu’on restait dans ses jupes (version féminine).

Au sens figuré, cela veut donc dire que le Président n’arrive pas à se défaire de ce ‘scotch’ à pansement, devenu célèbre en 1956 à la parution de l’album des aventures de Tintin intitulé « L’affaire Tournesol », avec les efforts désespérés du capitaine Haddock (*) pour se débarrasser de l’inopportun collant qui passe de son nez à sa main droite puis sa main gauche, etc…exactement comme vous, quand vous attrapez mal le bout de ruban adhésif qui se colle partout en déchirant le papier-cadeau de Noël. 

Or, contre toute attente, ce produit tissé à usage médical n’est pas une marque récente (comme Tricosteril, le « tricot(é)-stérile » par exemple) mais un mot du…14ème siècle, à une époque où il n’avait évidemment ni l’apparence ni les fonctions d’une bande poreuse et élastique. En fait, on n’est pas si loin car ce n’était pas une bande mais un bandage; la différence, c’est la largeur (et la longueur) de l’objet, ce qui parait évident quand on analyse le mot: un sparadrap, c’est un spare-à-drap, plus exactement un ‘sparé-drap’, ou encore mieux si on remet le nom et son participe dans un ordre plus habituel, un drap sparé!

Tout le monde sait ce qu’est un drap évidemment…oui mais, celui-ci c’est pas un drap ‘de lit’ (bonjour le pansement) mais un morceau de ‘draperie’, tout simplement un bout de tissu plus ou moins large qui a été ‘sparé’, forme de ‘esparé’ d’après le verbe (oublié) d’ancien-français qui signifiait…(pr)esparer, soit préparer en orthographe moderne. Et en quoi était-il préparé, ce drap? Pas seulement bien roulé pour faire une compresse mais enduit par avance d’une huile ou d’un onguent pour accélérer la cicatrisation des plaies; les vieux manuels de médecine du 18ème siècle parlaient d’ailleurs « d’emplâtre agglutinatif » pour désigner la garniture en question.

Ce n’est pas pour jouer sur les (racines des) mots, mais retrouver ici le terme d’emplâtre nous renvoie aux injures favorites éructées par le capitaine Haddock. En tous cas, on peut dire que ce ‘bachibouzouk’ de l’Elysée, le terme turc qui servait pendant la Guerre de Crimée à désigner un soldat incontrôlable (littéralement une ‘tête folle’), aura failli mettre la République dans de beaux (spara)draps. Y compris étymologiquement!

(*) Si vous voulez faire plus intello, vous pouvez également affirmer que le terme est cité par Gustave Flaubert dans ‘Madame Bovary’ (1857)

NB: La chronique sur Benalla est disponible en archive depuis ‘l’affaire’, en juillet 2018.


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