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Tabac

…sur chaque cigarette les messages de mort déjà portés sur les paquets de tabac, en attendant de constater que les gros plans en couleur de visages ravagés par le cancer n’effraient plus grand-monde (qui ne les regarde pas) ou de devoir consumer un billet de vingt euro à chaque nouvelle dose (ça, ça marche bien), voyons un peu d’où vient cette feuille devenue également une industrie moderne que l’on ne peut tuer sous peine de tuer des travailleurs que l’on tue avec la fumée tout en essuyant de les soigner avec des appareils financés par des taxes prises sur le tabac et donc payées par les fumeurs (1) ? 

Il n’est pas strictement question ici de provenance géographique, bien que l’information soit importante, mais plus précisément de son origine linguistique. Le mot a fait le tour du monde des cendriers avec à peu près la même prononciation partout, au moins en respectant un doublement de la consonne dentale ’t’, parfois adaptée en un ‘b’ un peu plus guttural; en effet, à côté du tabac français ont poussé le ‘tütün’ turc, le ‘tyton’ polonais et le très mignon ‘tutune’ roumain; puis, un peu plus à l’ouest, le ‘tobak’ suédois et les ‘tabak’ flamand et germanique; alors que l’anglais ‘tobacco’ se rapproche pour une fois des formes latines tels que le ‘tabacco’ italien ou le ‘tabaco’ portugais et espagnol.

Et c’est grâce à ce dernier que l’on connait la feuille à chiquer (dans un premier temps) en Europe, puisque les premiers Aventuriers de la santé perdue ont ramené ce mot d’Haïti, où il désignait plus particulièrement un cigare (la cigarette, ça fait encore mesquin). Ce tabac roulé sous les aisselles des cigarières (comme dirait Georges Bizet qui n’a jamais connu les Caraïbes) est en fait issu lui-même d’une racine des langues ‘Arawak’, un groupe de dialectes parlé dans le nord de l’Amérique du Sud (Vénézuela, Surinam actuel, Guyane, Brésil) et donc autour de Cuba. 

Pour les Amérindiens de souche, il ne s’agit même pas d’un cigare mais d’une sorte de narguilé, un instrument qui sert à brûler la feuille et dont on inhale la fumée par un tuyau; on est encore loin du paquet de clopes (2)! D’ailleurs, pendant que se prépare le raz-de-lobbying des futurs cigaretiers américains (3), il existe déjà en France (et, forcément, au Québec, merci Jacques Cartier et autre Champlain) un autre terme rapporté au 16è siècle spécialement par les Portugais: c’est le mot guarani (brésilien) ‘pétun’, disparu depuis.

Ce rival linguistique malheureux restera pourtant dans le fonds francophone jusqu’au 19ème siècle, grâce également au verbe ‘pétuner’ (fumer. Pétun de tabac!); mais il existe encore de nos jours de façon bien vivace dans…des pots aux fleurs roses, blanches ou bleu profond car, à cause de la forme de ses feuilles qui rappelaient celles dudit tabac, c’est ainsi qu’on a appelé le pétunia! La seule fleur que l’on peut faire aux fumeurs; au moins étymologiquement.

(1) Vous avez suivi la logique? Comme quoi, le tabac, c’est toujours un mauvais passage…

(2) Ou de sèches, ou de tiges, ou de cibiches voire de mégots, des dizaines de noms selon les (mi)lieux et les époques.

(3) Le principal outil de communication quasi-obligatoire va être le plan des films de cinéma où le héros -quelle que soit la raison-  jette négligemment son mégot par terre avant de partir vers son destin (Il parait que ça marche encore dans l’inconscient européen…)


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