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Trocadéro !

Trocadéro, Waterloo! Mornes plaines!
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
Dans ton cirque en plein coeur d’un Paris de champions
Un triste sort attend de joyeux bataillons.
Unissant Tour Eiffel et Palais de Chaillot,
De fiévreux supporters ont sorti leur maillot.
Trocadéro qui chante, et qui espère…Hélas,
L’atmosphère est trop lourde et l’orage menace.
Choc sanglant: Des héros apportaient l’espérance,
Ils attendaient la gloire, ils eurent la violence.

La nuit tombait: la lutte fut ardente et noire,
Et les forces de l’ordre n’eurent point la victoire.
Dans le ciel on ne vit briller que fumigènes,
Plus de «Soir de Paris», mais guerilla urbaine.
L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme;
La mêlée, en hurlant, grandit comme une flamme.
La plaine, où frissonnaient les drapeaux PSG,
Ne fut plus, dans les cris des gens évacués,
Qu’un gouffre flamboyant, rouge comme une forge
Eclairant des troupeaux tels ceux que l’on égorge.

Carnage affreux! Moment fatal! Delanoë
Sentit que la bataille entre ses doigts glissait.
Dressée en rangs d’oignons, la garde était massée.
La garde, espoir suprême et suprême pensée!
«Allons, finissons-en, ne gâchez pas la fête».
Et gendarmes casqués, police et CRS
Chargent, et anéantissent la festive allégresse.
La déroute géante à la face effarée
Ne dispersa que des riverains apeurés.
Sauve qui peut! Horreur, Affront! Toutes les bouches
Criaient dans les micros les moindres escarmouches.
Comme s’envole au vent une paille enflammée
S’évanouit la joie d’un triomphe annoncé.
Trocadéro, plateau funèbre et solitaire,
Se réveilla matin dévasté par l’affaire…

Aucun media pourtant, à ce qu’il m’a paru,
N’a pu analyser tous les sens contenus
Dans ce mot désormais symbole de déroute.
Sur ce ‘trocadéro’, levons alors le doute:
Trocadéro d’un soir, pauvre troc de héros,
La signification, connais-tu, de ce mot?

Après avoir été ‘Place du Roi de Rome’
(autant parler alors du plus grand de nos hommes),
C’est bien Napoléon -le troisième du nom-
Auquel le lieu cité doit toujours son surnom.
Il s’agit en effet, sans beaucoup de surprise,
D’un endroit où gagna la France, et de la prise
D’un fortin de Cadix, tout au fond de l’Espagne.
En dix-huit cent vingt-deux, en haut d’une montagne,
Le roi de ce pays se trouva être otage
De rebelles locaux. Aussitôt, sans ambage,
Le roi Louis Dix-Huit envoie son contingent
Délivrer illico l’infortuné régent.
L’armée des bleu-blanc-rouge passe les Pyrénées,
S’empare de Cadix, et sans décélérer,
Détruit rapidement, en semant la panique,
La tour où séjournait le monarque hispanique.

Et le Trocadéro (le rempart de la ville)
Devint un fait de gloire, de Paris à Séville.
Trois ans après ce jour, au-dessus de la Seine,
Sur la colline a lieu la fête du domaine:
Désormais, on dira, en souvenir notoire,
Que le Trocadéro est un lieu de victoire.
Un demi-siècle après, la Grande Exposition
Construira un Palais. Et la même raison,
En mille-neuf cent-trente-sept, détruira le colosse,
Ouvrant ainsi la vue et la voie aux molosses
Qui en ont décousu en ce soir pitoyable.
C’est, en bref, le destin de ce nom remarquable…

Mais si cette racine, empruntée à l’Espagne,
Avait aussi un sens, que sa langue accompagne?
Certains ont essayé, jusque très récemment,
De deviner pourquoi on parlait justement
De ce ‘trocadéro’. On se trompa souvent:
Le pire fut de lire, même chez des savants,
Que l’explication était vraiment limpide:
Le tout premier Palais se dressait, intrépide,
Entre deux tours mauresques de belle architecture,
Le centre de l’ouvrage achevant sa stature.
Il y a trois parties? On décide aussitôt:
«Ce château est celui avec trois cadéros!»
Grosse approximation, y compris en français:
Nul ne se demanda si ‘cadéro’ était
Un vocable en vigueur au pays des taureaux.
On ne fit pas l’effort d’aller voir un dico.
Caldero? Caldeo? Malgré tous les efforts,
Ni trois, ni deux, ni un « cadero » au rapport!

Même des citoyens de souche madrilène
N’ont pu me proposer de solution certaine;
Trocadéro, un fort? Un lieu où l’on troquait
(inspiré de ‘trocar’, soit le verbe échanger)?
Commerces sur le port de la construction?
Ou site dédié à des transformations?
En fait importe peu l’explication finale
Au regard des combats de cette nuit fatale.
Une fois ramassées poubelles et cartouches,
Une fois envolés les mots que chaque bouche
A éructés sans fin en phrases insipides,
Quand le Trocadéro redeviendra-t-il limpide
Aux yeux des supporters d’une équipe abattue?
Quel jour sera celui du plaisir revenu?
Au milieu des périls, on triomphe sans gloire.
Si la fête est gâchée, on risque alors de boire
Une coupe trop pleine, même en argent massif:
Sous les flots de dollars, le champagne est nocif…

Ps: mille remerciements au jeune Victor Hugo qui a collaboré, à l’insu de son plein gré, au détournement de son «Waterloo»…


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