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Turner (Tina)

…la version francophone (et particulièrement répétée au Québec) de la « diva mondiale du rock » aurait pu être ‘Antoinette Virage’ puisque c’est effectivement la traduction littérale de son état-civil. Enfin, littérale pas tant que ça car, même s’il y a bien une idée de ‘tourner’ dans son nom, il y a une différence notable (y compris en français) entre tourner et virer (1). De plus, c’était le nom de son mari et pas du tout le sien, pas forcément plus flatteur d’ailleurs, étymologiquement parlant.

Eclairons tout de suite un peu mieux ce ‘Turner’ marital emprunté à un conjoint dont on a dit toutes les violences, malgré une bénédiction divine décidément mal représentée: son prénom Ike – partagé avec un président des Etats-Unis nommé Eisenhower – vient en effet d’une adaptation anglo-saxonne du mot hébreu ‘Yitshak’, nom de baptême très fréquent bien sûr en Israël (le Premier Ministre assassiné Rabin) qui évoque le « sourire de Dieu ». La variante française qui s’appuie sur les même sons est plus facile à accepter puisqu’on a l’équivalent en ‘Isaac’, lui-même largement répandu. Signalons au passage que la contraction anglophone du terme hébreu originel a donc donné Ike mais aussi Iggy (Pop)!

Quant au ‘turner’ de Mr. Ike, ou à celui du peintre aquarelliste anglais William, il vient bien d’un ‘turn’ mais suivi du suffixe ‘-er’ qui indique un métier (baker, butcher, barber ou coroner ont tous une fonction professionnelle). Le correspondant français de ce suffixe étant (le plus souvent) ‘-eur’ (couvreur, carreleur, camionneur), le sens n’est donc pas un tournant mais un tourneur, ce qui n’est pas tout à fait pareil; le surnom a été créé pour qualifier un artisan travaillant sur le bois ou l’argile.

Venons-en donc spécifiquement à Tina, qui est bien là encore une contraction d’après Antoinette (2) ou mieux d’après Antonietta (Tonietta, Tonia (!) et enfin Tina, filière italienne); par contre, son patronyme de naissance est beaucoup moins doux, dans la forme et dans le fond, puisqu’il s’agit de Bullock (3)! Or ‘bulloc’ ou ‘bulluc’, que l’on retrouve très tôt dans la langue anglaise (13ème siècle), est formé de la racine ‘bull’ qui signifie un boeuf et/ou un taureau (en fait un boeuf castré donc réputé agressif); on y a ajouté le suffixe ‘-ock’ qui appartient au registre vulgaire ou péjoratif, que l’on utilise quand on veut donner une certaine tonalité violente à un mot.

Au sens figuré (donc chez un humain), un bullock est rapidement devenu synonyme de ‘bête massive’, caractéristique d’un homme fonceur mais surtout maladroit, explosif et sans réflexion; en français, on pourrait presque le rapprocher, par sonorité, de l’adjectif ‘bourrin’, c’est tout dire…

Finalement, bullock était peut-être le mot idéal pour quelqu’un qui abattait un travail de scène comme un taureau venu bousculer les spectateurs de sa voix rauque et de son physique massif, tout en arrivant à (re)tourner le public en quelques mesures. Y compris donc étymologiquement.

(1) Un tournant vous oblige à changer de voie, un virage vous fait changer d’axe sans quitter la voie (sauf consommations interdites).

(2) Les variantes Toinette,  Toinon ou Toinou étaient plus à la mode au 18ème siècle, et encore usitées dans les campagnes françaises au début du 20ème.

(3) Comme la frêle actrice brunette Sandra dans les comédies et autres ‘blockbusters’ américains.


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