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Lagarde (Christine)

C’est la saison des candidatures à la présidence…du Fonds Monétaire International, pour laquelle s’est déclarée notre ministre de l’économie et des Finances, la 17è femme la plus puissante du monde selon le magazine américain Forbes, Mlle…Christine Lalouette, puisque tel est son nom de jeune fille. Lalouette, un (sur)nom joyeux puisqu’il désigne, depuis le Moyen-Age, des gens dont le chant était aussi agréable que celui de l’oiseau, Lalouette est donc devenue Lagarde.

Lagarde est assez facile à comprendre, et on devine rapidement qu’il va s’agir d’une histoire de garnison et de soldats, ou même plus précisément de surveillance militaire. En effet, Lagarde est formé de deux mots, la + garde, soit l’article féminin + le mot qui évoque le fait de garder quelque chose. Et c’est bien ce dont il s’agit, puisqu’en fait Lagarde est une sorte de contraction de l’expression “la -tour de- garde”, édifice capital, petit ou grand mais à l’origine de nombreux hameaux puis sites fortifiés. En effet, il y a de nombreux siècles, quand un groupe s’arrêtait dans un endroit pour s’y installer, il prenait en compte la topographie des lieux, et quelques conditions sine-qua-non: la présence de l’eau (si possible un fleuve ou une rivière), la présence de forêts (pour le bois de construction et/ou de chauffage), la configuration des lieux (un abri ou un endroit de repli) et…la surveillance des alentours, d’où la “tour de garde”, sous différentes formes.

Le mot désigne donc quelqu’un qui avait la charge de la tour de garde, ou peut-être tout simplement d’”un” tour de garde, un nom qui aura beaucoup de succès dans le Grand Sud, puisqu’il est implanté en Ariège, en Haute-Garonne, dans le Gers, et, plus largement en Gascogne, sous la variante…Lagardère.

“Garde” vient d’une ancienne racine germanique (6è siècle) qui est “wardan”, qui veut dire surveiller, observer, faire attention. Le mot “saxon” est devenu “anglo” dans le verbe to ward, protéger). En français, on a fait le verbe garder, évidemment.

Lagarde, nom finalement assez ordinaire, est un patronyme célèbre chez les étymologistes et les généalogistes, à cause d’une histoire assez peu banale et qui illustre assez bien un exemple stupéfiant de transformation linguistique:

Nous sommes en Alsace, dans les années 1850. Une famille Lagarde habite la région depuis des générations; éclate alors la guerre franco-prussienne de 1870, et, après la défaite de Sedan, la région devient allemande, et l’administration au pouvoir entend germaniser les noms de lieux et…de personnes. Mr Lagarde, “celui qui monte la garde”, devient alors en allemand Herr Wache, “le guetteur”, traduction littérale du sens de son nom…Or, en 1918, à la fin de la première guerre mondiale, les français “reviennent” en Alsace, et “dé-traduisent” le nom de Mr Wache, en le francisant phonétiquement en…Vache, tout simplement! Quelques années passent, et nous voilà en 1940, où les troupes d’occupations ont pour mission de germaniser à nouveau le pays, et les allemands, moins idiots que les français, traduisent à nouveau “vache” en “kuhe” (la vache).
Et enfin, à la Libération, Mr Kuhe – qui en a vu d’autres – va quasiment garder son patronyme sous la forme alsacienne, que l’on enregistre en Mr Ku! Franchement, il y en a qui n’ont pas de…chance.


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