Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…pour désigner un événement, on en fait le plus souvent un toponyme, un nom inspiré d’un lieu; parfois historique (les jeux Olympiques, d’après la ville grecque vers laquelle convergeaient les athlètes dans l’Antiquité), parfois géographique (les accords de Camp Davis, Davos, le Traité de Versailles) si l’on considère les villes, mais aussi le coin de la rue où se passent les débats, en général parce que s’y trouve une administration ou le ministère concerné: c’est le cas du Grenelle (de l’Environnement) et aujourd’hui du «Beauvau de la Sécurité», creuset des revendications des syndicats policiers.

C’est donc parce que la Place Beauvau est le siège du Ministère de l’Intérieur (‘seulement’ depuis les années 1860) après avoir été celui du Ministère de…l’Algérie (sous Napoléon III) qu’on baptisera désormais ainsi les ‘manifs’ internes. Et tout ça à cause d’un ‘beau vau’ (et non pas veau, honni soit qui mal y pense), expression tout à fait ‘classique’ puisque ce vau-là est une ancienne orthographe possible de ‘val’, autrement dit tout simplement une petite (ou une…grande, ça dépend des régions!) vallée.

Outre que le Val peut servir d’oreiller à un dormeur (*), il peut être d’Aoste (chez les charcutiers italiens), Thorens (pour les skieurs savoyards) ou tant d’autres choses encore, surtout si le site est particulièrement remarquable par sa végétation, sa douceur, son orientation favorable ou…sa population animale comme le zoo de Beauval, dans le Loir-et-Cher.

Comment passe-t-ton de beauvau à beauval (et inversement)? Par un phénomène linguistique ordinaire qu’on appelle vocalisation, la ‘transformation’ d’une consonne (L, par exemple) en ‘u’, utile pour marquer un pluriel comme vous le faites spontanément en passant de canal à canaux, de cheval à chevaux, de hôpital à hôpitaux, et quelques centaines d’autres…

Mais ne croyez pas qu’il y avait autrefois une belle vallée en plein 8ème arrondissement de Paris, même tout près d’un ancien faubourg (St-Honoré)! Ce Beauval-ci a été importé de Normandie par l’ancêtre d’un certain Charles-Juste (c’est son prénom) de…Beauvau, maréchal de France à la fin du 18ème siècle, qui fit construire l’Hôtel en question pour y loger sa pétulante épouse. Voilà donc un beauval qui vient…juste de St-Germain en Laye (lieu de naissance de Charles), tout comme de nombreux autres Beauval français.

Et si vous trouvez encore étrange cette forme en beauvau, ou même seulement vau, notez bien que le mot existe dans l’expression  « à vau-l’eau » (bon d’accord, de l’époque de votre grand-mère), c’est-à-dire, littéralement, avec l’eau qui coule le long du val en pente, l’idée étant de ‘laisser filer’ quelque chose ou une situation qu’on ne peut plus maîtriser (y compris les crues dans la…vallée de la Roya).

Plus courant peut-être est encore « aller par monts et par vaux », soit parcourir, de façon en général assez erratique, des collines et des vallées, autrement dit des montées et des descentes…La preuve que les Beauvau de la Sécurité ne manqueront peut-être pas de creux et de bosses. En tous cas, étymologiquement!

(*) Arthur Rimbaud

…de Rome est devenue définitivement célèbre grâce à la Salle de réunion municipale du Congrès des Etats-Unis, puisque telle est la fonction (et la définition) d’un capitole, aussi bien à Washington qu’à Toulouse! Et tout ça à cause d’un Jupiter de la mythologie latine auquel était consacré l’une des ‘Sept Collines de Rome’ (1). Comme l’une de ces hauteurs était spécialement dédié au chef des dieux (et aussi à sa femme, mais ça ne compte pas) et que les Grecs avaient déjà piqué l’idée (et le terrain) de l’Olympe, on lui avait donc choisi le qualificatif logique de Jupiter capitolin.

Car la racine de capitolin, c’est celle de ‘caput’, la tête (chez un humain) ou le sommet (pour une montagne), en tous cas quelque chose de haut, donc qui domine, donc qui commande, etc, etc… Tout ce qui est Capitole va donc, au cours des siècles, être plus ou moins directement une référence à une hauteur ou à une altesse si vous préférez, pas forcément monégasque mais simplement communale, d’où le surnom presque systématique de l’équipe de tête de la cité et, par extension, le bâtiment de travail et de représentation officielle.

Etymologiquement, cette ‘caput’ va donc donner son titre à la ville qui est à la tête d’un pays, la capitale, bousculant alors un petit peu le sens centralisé du mot pour en fait ‘juste’ quelque chose d’important, bref de…capital. Sans oublier le verbe qui fera – à tout le moins! – tourner pas mal de têtes grâce à (ou à cause de) un préfixe de…séparation, soit dé-capiter. Signalons à l’occasion que l’adjectif ‘capital’ a eu un sens très particulier à une certaine époque, celui de quelque chose de…grave, en tout cas suffisamment pour être mortel puisqu’un ‘procès capital’ signifiait alors que vous pouviez y perdre la tête (et pas que psychologiquement) !

Ce n’est pas pour me couvrir, mais je vous demande de croire qu’il existe aussi une forme ‘savante’ et apparemment bizarre de ‘caput’ qui s’est transformée en…’chef’. Et là encore, si on commence par le plus proche, le chapeau qui couvre la tête s’appelle bien un couvre-chef; quant au chef de cuisine, au grand-chef ou autres petits chefs, il s’agit bien de celui qui commande sa brigade, sa tribu ou son service, avec toujours le même sens, surtout s’ils habitent un chef-lieu, c’est-à-dire l’agglomération qui est à la tête du département ou du canton!

Et puisqu’on en est aux formes un peu inattendues, rajoutons à ce chef un chapitre, à savoir une tête de paragraphe(s) ou de division dans un ouvrage écrit, un mot lui aussi issu du verbe…capituler (caput > capitulare > chapituler > chapitre). Et pas besoin de s’arracher tous les cheveux de la tête pour faire le lien: en effet, un ‘capitule’ ou un chapitre, dans le contexte de la guerre, c’est un article qu’on rédige pour signer la paix (un peu comme un amendement pour faire taire les députés qui se battent pour une loi). Donc, si on ajoute quelques chapitres à traité de paix, c’est qu’on va capituler; sans violence (même si parfois, des têtes vont tomber)…

Il n’empêche, les locataires les plus connus des Capitole se sont toujours fait plumer un jour car, à côté des dindons de la farce trumpéenne (« Marchez sur le Congrès, mais moi j’ai rien dit, j’ai rien fait… »), ce sont bien des oies qui sont entrées dans l’Histoire en interrompant la sieste (2) des Romains pour les avertir de la présence des Gaulois, une escouade de cacardeuses pas chère et moins dangereuse que les armes de la police capitoline!

  1. Oui, vous les connaissez par coeur: l’Aventin, le Quirinal, le Palatin…Lesquelles n’étaient pas sept d’ailleurs mais huit; il semble qu’il y ait eu une confusion (définitive) avec un terme quasi-homonyme qui signifiait (des collines) ‘protégées par un mur’, ou ‘renforcées’ (et non pas sept!).  
  2. Je sais, c’était peut-être bien la nuit, mais comme on est presque sûr qu’il s’agit d’une légende…

…(en cette fin d’année, c’est Père Noël, foie gras ou piqûre antivirus avec locataire d’Ehpad au bout de la seringue), l’image marquante a été celle de milliers de poids-lourds stockés sur une aire d’aéroport désaffecté à Douvres. Autant dire un flot de camions jetés comme autant de petits cailloux sur la piste. Peut-être même étymologiquement…

Douvres, port…anglais bien sûr (est-il nécessaire de le rappeler), qu’il convient donc d’appeler ‘Dover’, l’occasion de signaler un phénomène de métathèse, soit, très schématiquement,  ‘l’inversion’ possible ou tout simplement le changement de position de certaines lettres (voyelles ou consonnes) quand une racine passe d’une langue à l’autre.  Exemple parmi des centaines d’autres, dans le registre franco-français: des Peyre occitans devenus Pierre en parisien (i/e); ou des ‘centre’ anglais devenus (et prononcés) ‘center’ en américain (e/r), etc…pour des raisons le plus souvent d’évolution dans la prononciation: la preuve avec le voyage du ‘r’ entre Douvres et Dover (et retour). Rien à voir donc avec une histoire ‘d’ouvre-ture’, surtout en période de Breixit…

Bref, notre Dover est généralement considéré comme une forme ‘déformée’ issue d’une très ancienne syllabe d’origine celte, qui serait ‘dubros’ ou ‘doubros’, et qui désignait l’eau. Comme cela a déjà été signalé à plusieurs reprises ici, les Anciens – quels qu’ils soient, Grecs, Latins, Européens ou Egyptiens – avaient plusieurs mots pour distinguer une eau stagnante, jaillissante ou rugissante, selon le cas.

Celui qui nous intéresse…découlerait d’un son ‘dour’ encore plus reculé, que l’on retrouve avec constance dans plusieurs coins du continent pour faire allusion à un fleuve, en tous cas un endroit aux ‘eaux abondantes’ (estuaire, confluence ou côte affectée apr une marée). De l’Adour à la D(o)urance ou à la Do(u)rdogne françaises, en passant par le Douro portugais (Duero sur la partie espagnole) pour ne citer que les plus proches, nombreux sont les sites fluviaux ou parfois maritimes qui empruntent à cette racine.

Ce serait donc la source du nom Dover pour nommer le port britannique du Kent, après une évolution depuis le latin ‘Dubris’, lequel semble également avoir servi pour le Douvres français de l’Ain (Région Rhône-Alpes), référencé d’après un ‘dubron’ gaulois ou ‘dubra’ (pluriel neutre romain), au nord de la capitale des Gaules. On aurait dans ce cas un affaiblissement du ‘b’ en ‘v’, via un stade ‘duvris’ puis ‘douvris’, l’un faisant douvres et l’autre dover (pour résumer)…

Un fleuve ou une rivière qui laissent leur nom aux villes qu’ils traversent, ce n’est pas si original…Ce qui le serait davantage, c’est une autre étymologie possible qui déborderait totalement le cours de l’histoire linguistique, à savoir un village construit sur des rives riches en ‘dove’, non pas en colombes au sens actuel du mot anglais, mais en galets, ces cailloux blancs roulés par le flot et ovales comme les oiseaux roucoulants (belle image poétique, non?) posés sur la plage primitive du site.

Pas de quoi jeter la pierre pour autant aux définitions hâtives, sauf peut-être aux décisions administratives concernant des routiers qui ont eu l’impression d’être pris pour des pigeons, tout en restant en rade. De Douvres bien sûr.

…à cause de la plupart des médias français, qui ont décidé non seulement d’éliminer le pluriel de leur langue (j’ai entendu parler « des grands-t-électeurs » (!) sur une chaine du service public, mais aussi d’ignorer l’accentuation, avec cette quasi-générale répétition au sujet des votes en « Géorgie »…

Or, la Géorgie est une république du Caucase située aux confins orientaux de l’Europe, sur les bords de la Mer Noire. Et c’est la seule du globe à s’appeler ainsi…Le territoire américain de la côte atlantique, qui aura donné deux icônes majeures à l’Amérique (1), s’appelle la ‘Georgie’ (sans accent!).

La différence est de taille, en tous cas étymologiquement: le pays dont la capitale est Tbilissi se dit (en français) ‘Gé-ôrgie’ (2), alors que l’autre est la ‘Georgie’, Georgia, ‘djordjia’ (3) en v.o, c’est-à-dire, à l’origine, la province conquise au profit et en l’honneur du roi George II de Grande-Bretagne (1683-1760)…Vous voyez, vous avez bien dit -enfin, lu- ‘djordje’ (sans ’s’ en plus) et non pas ‘djéordje’. Bref, rien-à-voir!

A chaque fois qu’un journaliste s’égare en Géorgie, il ne risque donc pas de concerner les élections d’outre-atlantique! Bon, pour aller au fond des choses, il faut concéder une équivoque facile due à une origine commune, le mot grec (ancien, mais aussi actuel) qui désigne un…agriculteur.

Depuis l’Antiquité, un ‘georges’, bien avant de prénommer Guétary, Brassens, Mandel ou Pompidou, c’est, littéralement, un ‘travailleur de la terre’ (en latin, un…agri-culteur). La définition grecque vient du mot ‘gê’ (la terre) + ‘orgios’, substantif formé sur le verbe cultiver.

Exemples dérivés: la gé(o)graphie, c’est la science qui permet de décrire la terre (la Terre); la gé(o)thermie, l’énergie qui vient du sol (la terre), etc…Notez bien que, si les plaines du nord de la Grèce justifient amplement d’avoir gratifié ainsi des laboureurs, le nom originel des Géorgiens de Géorgie semble venir, lui, d’un terme hébreu diffusé en persan sous la forme ‘gorg’, qui désigne…un loup. D’autant, les Caucasiens eux-mêmes revendiquent plutôt une filiation mésopotamienne toute différente, sous le nom ‘d’habitants d’une forteresse’…Qui a raison? Manifestement, il y a (au moins) un loup.

Il y a donc plusieurs sillons qui se croisent avec les Georges, prénom qui aura un certain succès dans notre pays sous l’impulsion (toujours efficace) d’un saint amateur de chasse au dragon; puis, au début du 20ème siècle, souvent associé à des hommes forts (les forçats de la charrue), à des serviteurs ou à des employés de maison (chez Feydeau, par exemple); ou encore, avec des diminutifs féminins, à des chanteuses de variété (Georgette Lemaire, rivale de Mireille Matthieu dans les années 70) ou même des ministres (Georgina Dufoix, chargée des Affaires Sociales dans les années 1990, lors d’une délicate ‘affaire du sang contaminé’).

Comme quoi, chez les Georges, le retour à la terre n’est pas toujours sans risques, y compris dans un état labouré par des candidats à la présidence. Sauf, cette fois, étymologiquement.

  1. « Autant en Emporte le Vent » et Coca-Cola.

2. L’accent est important, le son est issu d’un ‘ô’ long. On se calme…

3. « Georgia on my mind », comme le chantait Ray Charles.

…mais l’actualité du moment peut donner l’occasion de rappeler quelques anecdotes sur l’histoire d’un lieu ou d’un mot tellement connus qu’on ne s’en demande même plus le sens. La douceur du jour est dans les archives depuis 2015; cliquez sur ce mot: