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Obésité (Journée de)

…il y eut donc une « Journée de l’Obésité » comme ont insisté beaucoup de médias (plutôt que de dire une journée ‘contre’ l’obésité), histoire de donner à l’actualité un autre poids que la lourdeur des guerres. Le mot est connu, même si pas toujours bien reconnu, d’après une racine latine logique mais au cheminement un peu surprenant. D’ailleurs, à votre avis? (stop lecture quelques secondes) 

Comme ‘l’oeuf et la poule’, l’obèse précède l’obésité, en tous cas d’un point de vue linguistique: chez les Romains, dont le tour de taille des militaires était davantage surveillé que celui des gendarmes français, ‘obesus’ a d’abord qualifié quelque chose ou quelqu’un de…maigre. La raison en est la constitution du mot soit ‘ob+’esus’, la première partie étant un adverbe qui signifie devant, en avant ou d’abord; la seconde est le participe passé du verbe qui veut dire manger (what else?).

Ob-edere (l’infinitif) pouvait donc évoquer quelque chose qui est ‘mangé devant’, que ce soit dévoré ou rongé (donc forcément plus de viande sur l’os!). Mais progressivement, on ne retient que le ‘bénéfice’ pour celui qui ronge et non l’objet dévoré. A la fin de l’Empire, ‘obesitas’ (le nom très commun) servira même à décrire…une gorge enflée par l’angine! Autant dire que le mot est complètement dégénéré.  

Puis les siècles passent, le terme disparait quasiment du vocabulaire courant gallo-romain devenu français, avec seulement une petite crise vers le 16ème siècle où ‘obésité’ apparait dans une société dont la majorité est régulièrement en proie à la famine; manger est donc devenu (et restera longtemps) le critère de bonne santé principal, peu importent les kilos de réserve.

Il faut attendre un certain Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826), magistrat de profession et néanmoins gourmet gourmand, pour voir définitivement apparaitre les obèses (le mot). Ironie du sort: celui qui est reconnu comme le premier auteur-gastronome avec son livre « La Physiologie du Goût » ouvre alors la porte (du frigo) à tout ce qui tourne autour de l’excès de nourriture, autre contre-sens total de ce que souhaitait le (toujours fin) gastronome.

Pire encore: le 19ème siècle dont le pied et la fourchette glissent vers la société de (sur)consommation ne se prive pas d’inventer un dérapage vers le sens figuré, l’obèse devenant alors par transfert le symbole d’une personne grossière à l’esprit épais et à l’humour…gras! On comprend alors qu’il soit difficile de se débarrasser aujourd’hui d’une image que nos ancêtres ont toujours eu tendance à rendre péjorative, depuis qu’est tombé l’Ancien…Régime. Et pas qu’étymologiquement!

NB: Voir aussi plein d’autres anecdotes dans la chronique consacré (déjà) au même sujet en mars 2022. Pour cela, tapez…


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