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…en tous cas en matière de patronyme(s), puisque l’(ex)-étoile des terrains de foot des années 2000, Christian Karambeu souhaite que son ex-femme, dont il est séparé depuis une douzaine d’années, ne continue pas à porter son nom. La requête est certes logique – surtout après divorce – mais complique un peu les choses pour l’(ex)-mannequin slovaque qui, après avoir arpenté de ses longues jambes les podiums de haute-couture, a continué à médiatiser avec bonheur le mot sur les chaines de télévision. Et bizarrement, l’un et l’autre ne portent pas un nom si ‘innocent’…

L’objet du litige, si l’on peut dire, est tout d’abord celui du footballeur d’origine néo-calédonienne puisque, dans la famille kanak dont il est un descendant, on trouve le mot dans l’un des nombreux dialectes locaux avec le sens de « l’homme en colère » (sic). Il se dit aussi, plus ou moins officiellement, que les marques de caractère que Christian a manifestées durant ses jeunes années illustraient assez bien une certaine coïncidence avec cette étymologie; sans compter quelques rumeurs probablement malveillantes sur d’autres mouvements d’humeur sur le terrain, à la maison ou dans diverses affaires… 

Profitons-en tout de suite pour (ne pas) y associer l’expression d’origine espagnole « Caramba! », copieusement utilisée comme exclamation humoristique dans les westerns et autres dessins animés à base de souris à sombrero. Il s’agit en fait d’un appauvrissement spectaculaire du sens originel car ce cri tellement facile est emprunté au terme hispanique ‘Cajaro!’, que l’on peut traduire – au mieux – par « merde alors! » ou équivalent; mais, en langage de télé-réalité, le premier sens beaucoup plus fort s’approcherait davantage d’une marque de dégoût pour traiter quelqu’un de « p’tite bite » (aïe).

Moins agressif, mais pas moins violent pour autant, est la ‘carambole’, mot français un peu désuet qui désignait au 19ème siècle un vol à l‘étalage ou une action malveillante un peu brutale (si physiquement), voire un système de détournement d’argent dans une dimension plus administrative. Il s’agit encore d’une provenance espagnole (ou peut-être portugaise, mais ça ne change pas grand-chose); or cette racine exprimait, deux ou trois siècles plus tôt, une situation de bousculade beaucoup plus précise puisqu’il était alors question de billard et donc forcément de…’carambolage’ des boules; d’où le sens actuel de bousculade ou de percussion, surtout quand il s’agit de capots automobiles qui s’encastrent sur une route verglacée.

Quitte à choisir son carambolage, autant s’intéresser alors au nom de naissance de la belle Adriana, née Sklenarikova dans ce qui était encore à l’époque la Tchéco-slovaquie. A choisir, il est vrai que son état-civil de jeune fille aurait donné bien du fil à retordre aux animateurs de défilés de mode (et de télévision); or ce nom est communément répandu dans toute la zone qui va du sud de la Pologne au nord de l’Ukraine.

D’autres personnalités comme le biathlète olympique Tomas ou l’attaquant de football Martin partagent d’ailleurs cette identité qui exprime, dans plusieurs dialectes d’Europe centrale, l’idée de quelqu’un qui est créateur (-trice), un découvreur, un inventeur, bref quelque chose en rapport avec l’innovation; ce ‘sklerik’ (ou sklerikov) va permettre de former, conformément aux traditions linguistiques russes par exemple, le féminin en sklerikova, tout simplement. Voilà qui peut peut-être utilement représenter les divers aspects de la carrière de la blonde pionnière Slovaque, et ce sans aucune carambole. Au moins étymologiquement!

…qui s’installe, régulièrement, dans les cours d’école, les salles des fêtes, les stades ou les…Champs-Elysées pour participer à des dictées de plus en plus gigantesques, en nombre et pour certains en difficultés. Partant du principe qu’il n’y a rien de plus amusant que de s’infliger un exercice que personne ne vous oblige (plus) à faire, c’est donc la main sur la collection la plus proustienne de notre enfance que vont se faire les corrigés. Vous vous souvenez du nom de ce ‘maudit’ petit fascicule de conjugaisons (entre autres)? Un livre et un mot bien compliqués…

Quatre syllabes – enfin, en réalité trois puisque le ‘e’ final est muet – ou même deux si l’on prend la variante en langue d’oc; mais n’anticipons pas. Il y a dans ‘bescherelle’ trois parties, soit une racine qui se trouve au début (besch-), une section de liaison qui indique une action ou métier (-er-) et un suffixe multi-fonctions qui exprime parfois un diminutif (1) mais aussi, comme ici, une fonction (1) ou un lieu.

Disons tout de suite que la souche géographique du nom se trouve dans le Nord, plus précisément en Picardie si l’on en croit le parler régional (2). Reprenons les bonnes habitudes phonétiques, même si elles sont parfois un peu simplistes: il suffit de ‘gommer’ le chuintement ch’ti justement pour trouver le son du mot originel, et ce ‘besch’ devient un bec qui est réellement à la base d’une immense famille, selon que l’on se trouve au nord ou au sud de la Loire…

Car on peut écrire bescherelle comme bécherel, ou bien becquerel voire becrelle si l’on adopte une prononciation plus ‘sèche’, cela revient au même soit une histoire de bec. Ce bec est suivi d’un ‘bescher’ ou bécher qui donne un coup de bec, puis d’un (ou une) bescherelle qui qualifie la machine à bec ou l’endroit où se trouve le bec.

Car il n’est pas question ici de l’appendice nasal des oiseaux (ou alors, de loin) mais d’une comparaison avec la forme du bec ou même du bruit du bec: en Picardie, les bescherelles ont désigné des fermes (le lieu, comme tourelle, passerelle) où se trouvaient des moulins (la machine) actionnés par des clapets (la forme ou le bruit du mécanisme)!

A cette enquête quelque peu inattendue s’ajoute une autre hypothèse, celle qui désignerait le propriétaire du moulin en question (éventuellement le meunier) dont la caractéristique la plus évidente serait non pas un nez crochu en forme de bec (nos ancêtres aimaient bien ce type de sobriquet) mais une – détestable? – habitude de ‘claquer du bec’, autant dire de bavarder en permanence. Sans compter que la notion de ‘bec’ a longtemps était synonyme de ‘bouche’, pour moquer les Dubec (ceux qui mangeaient beaucoup) ou les Bonbec (les gourmands).

Voilà qui nous donne le choix pour célébrer tout aussi bien Louis-Nicolas (1802-1883), le grammairien et lexicographe…parisien qui nous tient sous ses dictées, mais également bien sûr un certain Antoine-Henri Becquerel, physicien (1852-1908) qui a découvert la radioactivité (3) et lauréat conjoint du Prix Nobel avec Marie et Pierre Curie.

Au-delà des Béquereau (atlantiques) et même des Becherelli corses, il faudrait citer tant de Bèque, Béchard (et Béquart), Béchet (et Béquet), Béchot (et…Bécot) ou Béclin et encore Bécane (sous-entendu, la forme du bec de cane) qu’une page n’y suffirait pas. Le dernier bec sur lequel on tombe concerne un’ bec à miel’, sans doute une bouche aimant ce nectar ou la forme d’un clapet pour le recueillir, qui a donné évidemment les Béchamel, patronyme idéal pour terminer une sauce qui aurait plu à M.Bescherelle (4). Y compris étymologiquement… 

(1) Poutrelle, margelle, nacelle (une petite poutre, une petite marge, une petite…nasse). Et pelle, truelle, etc

(2) Avec le normand et le flamand dit occidental, le picard (que tout le monde appelle ‘ch’ti’ aujourd’hui) a longtemps été l’une des plus importantes langues de France.

(3) L’unité de mesure de la radioactivité porte son nom

(4) Faut-il écrire ‘sauce béchamel’ ou ‘sauce Béchamel’ ? (Vous avez une minute…)

…sur chaque cigarette les messages de mort déjà portés sur les paquets de tabac, en attendant de constater que les gros plans en couleur de visages ravagés par le cancer n’effraient plus grand-monde (qui ne les regarde pas) ou de devoir consumer un billet de vingt euro à chaque nouvelle dose (ça, ça marche bien), voyons un peu d’où vient cette feuille devenue également une industrie moderne que l’on ne peut tuer sous peine de tuer des travailleurs que l’on tue avec la fumée tout en essuyant de les soigner avec des appareils financés par des taxes prises sur le tabac et donc payées par les fumeurs (1) ? 

Il n’est pas strictement question ici de provenance géographique, bien que l’information soit importante, mais plus précisément de son origine linguistique. Le mot a fait le tour du monde des cendriers avec à peu près la même prononciation partout, au moins en respectant un doublement de la consonne dentale ’t’, parfois adaptée en un ‘b’ un peu plus guttural; en effet, à côté du tabac français ont poussé le ‘tütün’ turc, le ‘tyton’ polonais et le très mignon ‘tutune’ roumain; puis, un peu plus à l’ouest, le ‘tobak’ suédois et les ‘tabak’ flamand et germanique; alors que l’anglais ‘tobacco’ se rapproche pour une fois des formes latines tels que le ‘tabacco’ italien ou le ‘tabaco’ portugais et espagnol.

Et c’est grâce à ce dernier que l’on connait la feuille à chiquer (dans un premier temps) en Europe, puisque les premiers Aventuriers de la santé perdue ont ramené ce mot d’Haïti, où il désignait plus particulièrement un cigare (la cigarette, ça fait encore mesquin). Ce tabac roulé sous les aisselles des cigarières (comme dirait Georges Bizet qui n’a jamais connu les Caraïbes) est en fait issu lui-même d’une racine des langues ‘Arawak’, un groupe de dialectes parlé dans le nord de l’Amérique du Sud (Vénézuela, Surinam actuel, Guyane, Brésil) et donc autour de Cuba. 

Pour les Amérindiens de souche, il ne s’agit même pas d’un cigare mais d’une sorte de narguilé, un instrument qui sert à brûler la feuille et dont on inhale la fumée par un tuyau; on est encore loin du paquet de clopes (2)! D’ailleurs, pendant que se prépare le raz-de-lobbying des futurs cigaretiers américains (3), il existe déjà en France (et, forcément, au Québec, merci Jacques Cartier et autre Champlain) un autre terme rapporté au 16è siècle spécialement par les Portugais: c’est le mot guarani (brésilien) ‘pétun’, disparu depuis.

Ce rival linguistique malheureux restera pourtant dans le fonds francophone jusqu’au 19ème siècle, grâce également au verbe ‘pétuner’ (fumer. Pétun de tabac!); mais il existe encore de nos jours de façon bien vivace dans…des pots aux fleurs roses, blanches ou bleu profond car, à cause de la forme de ses feuilles qui rappelaient celles dudit tabac, c’est ainsi qu’on a appelé le pétunia! La seule fleur que l’on peut faire aux fumeurs; au moins étymologiquement.

(1) Vous avez suivi la logique? Comme quoi, le tabac, c’est toujours un mauvais passage…

(2) Ou de sèches, ou de tiges, ou de cibiches voire de mégots, des dizaines de noms selon les (mi)lieux et les époques.

(3) Le principal outil de communication quasi-obligatoire va être le plan des films de cinéma où le héros -quelle que soit la raison-  jette négligemment son mégot par terre avant de partir vers son destin (Il parait que ça marche encore dans l’inconscient européen…)

…à ‘Roland-Garros’ (*) pour le joueur espagnol, qui impressionne autant à Paris en 2023 qu’à New-York (US Open septembre 2022) ou à Madrid (Masters mai 2022). Si vous l’étiez pas là l’année dernière, ou tout simplement pour une petite remise en jeu, tapez son nom dans le champ de recherche!

(*) En fait, les ‘Internationaux de France de tennis’ (dont le tournoi de Roland-Garros. L’étymologie de ce nom est également disponible)

…la version francophone (et particulièrement répétée au Québec) de la « diva mondiale du rock » aurait pu être ‘Antoinette Virage’ puisque c’est effectivement la traduction littérale de son état-civil. Enfin, littérale pas tant que ça car, même s’il y a bien une idée de ‘tourner’ dans son nom, il y a une différence notable (y compris en français) entre tourner et virer (1). De plus, c’était le nom de son mari et pas du tout le sien, pas forcément plus flatteur d’ailleurs, étymologiquement parlant.

Eclairons tout de suite un peu mieux ce ‘Turner’ marital emprunté à un conjoint dont on a dit toutes les violences, malgré une bénédiction divine décidément mal représentée: son prénom Ike – partagé avec un président des Etats-Unis nommé Eisenhower – vient en effet d’une adaptation anglo-saxonne du mot hébreu ‘Yitshak’, nom de baptême très fréquent bien sûr en Israël (le Premier Ministre assassiné Rabin) qui évoque le « sourire de Dieu ». La variante française qui s’appuie sur les même sons est plus facile à accepter puisqu’on a l’équivalent en ‘Isaac’, lui-même largement répandu. Signalons au passage que la contraction anglophone du terme hébreu originel a donc donné Ike mais aussi Iggy (Pop)!

Quant au ‘turner’ de Mr. Ike, ou à celui du peintre aquarelliste anglais William, il vient bien d’un ‘turn’ mais suivi du suffixe ‘-er’ qui indique un métier (baker, butcher, barber ou coroner ont tous une fonction professionnelle). Le correspondant français de ce suffixe étant (le plus souvent) ‘-eur’ (couvreur, carreleur, camionneur), le sens n’est donc pas un tournant mais un tourneur, ce qui n’est pas tout à fait pareil; le surnom a été créé pour qualifier un artisan travaillant sur le bois ou l’argile.

Venons-en donc spécifiquement à Tina, qui est bien là encore une contraction d’après Antoinette (2) ou mieux d’après Antonietta (Tonietta, Tonia (!) et enfin Tina, filière italienne); par contre, son patronyme de naissance est beaucoup moins doux, dans la forme et dans le fond, puisqu’il s’agit de Bullock (3)! Or ‘bulloc’ ou ‘bulluc’, que l’on retrouve très tôt dans la langue anglaise (13ème siècle), est formé de la racine ‘bull’ qui signifie un boeuf et/ou un taureau (en fait un boeuf castré donc réputé agressif); on y a ajouté le suffixe ‘-ock’ qui appartient au registre vulgaire ou péjoratif, que l’on utilise quand on veut donner une certaine tonalité violente à un mot.

Au sens figuré (donc chez un humain), un bullock est rapidement devenu synonyme de ‘bête massive’, caractéristique d’un homme fonceur mais surtout maladroit, explosif et sans réflexion; en français, on pourrait presque le rapprocher, par sonorité, de l’adjectif ‘bourrin’, c’est tout dire…

Finalement, bullock était peut-être le mot idéal pour quelqu’un qui abattait un travail de scène comme un taureau venu bousculer les spectateurs de sa voix rauque et de son physique massif, tout en arrivant à (re)tourner le public en quelques mesures. Y compris donc étymologiquement.

(1) Un tournant vous oblige à changer de voie, un virage vous fait changer d’axe sans quitter la voie (sauf consommations interdites).

(2) Les variantes Toinette,  Toinon ou Toinou étaient plus à la mode au 18ème siècle, et encore usitées dans les campagnes françaises au début du 20ème.

(3) Comme la frêle actrice brunette Sandra dans les comédies et autres ‘blockbusters’ américains.