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Goncourt (Prix)

Vous le saviez aussi bien que moi sans chercher dans un dictionnaire: les ‘frères G.’ s’appelaient Edmond et Jules, deux écrivains de la fin du 19è siècle (qui avaient comme copains Alexandre Dumas père ou Gustave Flaubert, il y a pire). Et même s’ils ont cru un moment qu’ils étaient faits pour être artistes (dans leur jeunesse, ils sont allés peindre des aquarelles en…Algérie), la postérité retiendra d’eux qu’ils ont donné (laissé?) leur nom à un prix littéraire garant d’un gros tirage et attribué chaque année au début du mois de novembre. Si le nom est très connu, son étymologie est moins immédiatement évidente…

Nancy–Paris, voilà le trajet global de la famille Goncourt du vivant des deux frères, ce qui ne nous donne pas de piste plus précise qu’une souche originaire en fait de la Marne ou de la Haute-Marne, selon les statistiques. Il y a en effet dans ce dernier département un hameau de Goncourt, devenu une commune, dont le nom est la contraction d’un terme germanique beaucoup plus ancien qui date du 10ème siècle. On est donc à la fin d’une période de cinq cents ans environ, pendant laquelle l’Europe que nous connaissons a été une sorte de bouillie de langues, langages, dialectes et influences diverses, le plus gros morceau de la marmite étant le germain. La preuve, à cette époque Goncourt s’appelait ‘Godoniscort’, composition de deux mots d’après un nom propre germanique qui était Godon. Godoniscort peut se traduire par quelque chose comme ‘le domaine de Godon’, la propriété, peut-être même le jardin.

La famille Goncourt (Godoniscort > Godonscourt > Gonscourt > Goncourt) porte donc un nom dit de provenance, c’est-à-dire qu’il désigne le lieu d’implantation des ancêtres. Pas très compliqué…Vous allez me dire: Et Godon alors, ça vient d’où? Là encore, la chose est simple: il s’agit d’un surnom gratifiant un soldat (sauce envahisseur nordique, pas un type en uniforme bien repassé) puisque la racine en est ‘gund’, autre terme germain qui évoque un combat (what else?). A cette époque, peu de chances de trouver autre chose que des histoires de bataille, de courage, d’armes diverses ou de victoire dans des surnoms pas encore vraiment patronymes.

La même racine se retrouve dans d’autres noms de famille actuels, tels que Gonda (en Lorraine et en Belgique), devenu Gondal en Ariège ou dans le Cantal; ou encore Gondard, Gondeau (également avec un x, un t ou un d à la fin), Gondry (dans le Nord) ainsi que le surprenant Gondalma, forme rare que l’on trouve dans le Tarn & Garonne, le ‘alma’ final venant de la syllabe -encore et toujours- germaine ‘helm’ qui veut dire le casque. On ne change pas de registre!

CoÏncidence: en 2011, la récompense était allée au professeur de biologie Alexis Jenni (une forme lyonnaise de Jean) pour son roman « L’Art français de la Guerre ». Le roman est d’ailleurs la forme quasi-obligatoire pour obtenir ce Goncourt, puisqu’il doit disntiguer « le meilleur ouvrage d’imagination en prose paru dans l’année », selon les dispositions laissées par Edmond. Et, si ce Prix est considéré comme le plus prestigieux de la rentrée littéraire, il n’est pas pour autant le mieux doté: savez-vous qu’en 1903, le premier lauréat avait touché un chèque de 50 francs, ce qui, compte tenu des variations monétaires et inflations successives, représente aujourd’hui 10 euro (*)! Hors droits d’auteur évidemment.

(*) Toujours obstinément invariable (dépliez un billet). Mais l’usage finira bien par gagner, tout du moins en France, alors que les autres pays d’Europe respectent l’orthographe (surtout les Grecs…)


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