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Herpès (Journée de!)

Il y a (pour l’instant) 499 ‘Journées Mondiales’ de quelqu’un ou de quelque chose, et je ne vous en donne même pas les intitulés extrêmes tellement les sujets sont divers (et parfois totalement débiles). Mais bon, en ce 20 novembre (« Si ça te gratouille à la St-Edmond, c’est de l’herpès en petits boutons), le calendrier mondial nous apprend que la planète devait se préoccuper de cette affection virale dont les crises sont redoutables et la contamination…rampante, d’où son nom!

Le virus de l’herpès demeure en effet dans l’organisme sous une forme dormante que l’on qualifie également de rampante, exactement comme un serpent. Car, malgré les apparences, la racine de ces deux mots est exactement la même, en l‘occurrence le verbe grec ‘erpein’ qui signifie…se trainer.

A l’origine, il n’était pas question de reptile apode (1) ni même de MST (maladie serpentement transmissible) mais de fainéants ou de pauvres (!) qui rechignaient à travailler et donc qui ‘trainaient la patte’; à Athènes, le terme s’appliquait également à quelqu’un qui glissait lentement (un handicapé, si!) ou à quelque chose qui progressait paresseusement (une rivière qui…serpente dans la vallée). D’où ensuite la création d’un sens figuré pour exprimer le parcours sinueux et lent d’une pensée, donc en général considérée comme forcément perverse.

En effet, le serpent, c’est toujours la chose sans pattes qui fait peur car il s’approche sans bruit pour frapper, et rares sont les mythologies qui ne soient pas fait mordre au passage: depuis le tentateur de la Bible (« Eve, lève-toi ») jusqu’à l’hypnotiseur du Livre de la Jungle (« Aie confiance »), c’est souvent le symbole de l’envie ou de la calomnie, jusqu’à souffler (pardon siffler) l’un des alexandrins les plus sonores du théâtre français (« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes? » Racine, ‘Andromaque’).

Mais cela ne nous explique pas pourquoi herpès et serpent viennent du même oeuf (étymologique): en fait, le verbe grec ci-dessus avait un accent tonique très marqué, ce que les Romains ont adapté par la suite en faisant de ce ‘(hh)herpein’ un ‘(ss)serpens’, littéralement un ’glissant’ (c’est le participe présent du verbe latin); par contre, en français savant (académique) on va noter cet accent bruyant par un ‘h’ (autrefois fortement soufflé ou aspiré), d’où le métier du spécialiste de ces reptiles, un herpétologue qui ne souffre pas forcément d’herpès mais d’addiction aux serpents.

Tant que nous y sommes, il convient de faire la peau (de serpent) à quelques rumeurs tout à fait vraies (2): une serpe (l’outil de jardinage) n’a rien à voir avec un serpent (malgré sa forme) mais avec un mot de latin tardif qui est ‘sarpere’, c’est-à-dire tailler ou émonder de la végétation (je ne vous fais pas de dessin puisqu’il n’y a pas de lézard). Idem pour une serpillière, que l’on écrase souvent comme si c’était un serpent, sauf que cette fois il s’agit d’une ‘corruption’ (une déformation) de l’ancien mot de ‘sergillière’, autrement dit (sous-entendu: le chiffon) en laine tissée, également appelé serge ou sergé (rien à voir avec Blanco ou Reggiani).

En rajouter davantage serait faire preuve de langue de vipère, mais puisque maintenant vous connaissez clairement la racines de ce mot, plus besoin de chercher pourquoi le virus est spécialement rampant; je dirais même que c’était presque un serpent de mer…Y compris étymologiquement!

(1) Cela fait davantage classe pour dire ‘serpent’ dans les diners en ville, non? Mais attention, tous les reptiles ne sont pas apodes (sans pattes): les crocodiles, les lézards, les tortues, etc…Bon appétit.

(2) sinon ce serait des fausses rumeurs, donc de vraies vérités…


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