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Braille (Louis)

Difficile de faire plus rigoureux dans la gestion de son état-civil, je veux parler de celui dont on célèbre(ra?) l’anniversaire de la naissance et…de la mort, ou quasiment: le futur créateur de l’alphabet en relief qui porte son nom est en effet né un 06 janvier (1809) et mort 43 ans et quatre jours plus tard. Curieux destin que celui d’un homme rendu aveugle par l’outil qui le rendra…visionnaire, alors que l’étymologie de son nom le dirigeait nettement vers un autre sens que la vue.

Pas trop de secret en effet: Braille est directement issu du verbe latin ‘bragulare’, sonorité autrefois suffisamment expressive pour les Latins qui l’entendaient comme une sorte de mot péjoratif évoquant un son rauque et bestial, associé le plus souvent à une image de secouement de tête pour ne pas dire de babines. Vos aurez reconnu (peut-être) le mouvement nonchalant et rarement inspiré du museau d’un âne, autrement dit un brai(e)ment en français.

Après transformation du ‘g’ central en ‘j’ puis en ‘i’ (notés de la même façon en latin puis en ancien-français), on passe de ‘bragula-re’ à ‘braiula-re’ contracté en ‘brai-re’, le ‘e’ muet qui se rajoute sur le substantif venant justement témoigner de l’opération linguistique. Et comme une autre notation (temporaire) a été également ‘brayer’, voilà pourquoi on a pu hériter des formes conjuguées comme bra…iller, braillement ou braillard (et non plus brayard, qui peut être également un patronyme), bref ça nous fait pas mal de monde qui crie!

Attention à ne pas confondre avec un autre ‘braye’, homonyme apparu au 12ème siècle d’après le gaulois ‘braca’ qui va donner le mot ‘braie(s)’, presque systématiquement au pluriel puisqu’il y en a toujours deux (sauf amputation), ces futurs ‘pantalons’ (en fait des hauts-de-chausses) portés par les…barbares, vu par des Romains davantage adeptes de la jupette style Roland-Garros et décidément sidérés par ces sauvages celtes obligés de pratiquer ce que Rabelais baptisera plus tard une ‘brayette’, autrement dit une ‘petite braie’, un sur-pantalon cousu (très, à l’époque) en relief entre les jambes masculines et qui deviendra bien évidemment la braguette!

Aucun point commun donc (j’espère) avec à l’origine le cri de l’âne, dont le jeune Louis subira également le ‘coup de pied’ en se baladant dans l’atelier de son père bourrelier (fabricant d’objets en cuir) et en approchant de trop près son visage d’une courroie qu’il est en train de percer, se blessant alors avec un éclat de matière jusqu’à infection totale (des deux yeux) et donc cécité. Une douleur qui mérite de brailler sans doute mais qui donnera définitivement à cette racine la marque de noblesse d’un homme qui aura su trouver l’énergie et l’ingéniosité pour permettre à des milliers de non-voyants de connaitre leur Braille du bout des doigts. Y compris étymologiquement!


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