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Lacouture (Jean)

Ce fut un grand homme du journalisme (l’Actualité) mais également un écrivain de son temps (l’Histoire); si certains de ses partis pris étaient parfois cousus de fil blanc, il n’en a pas moins tissé une oeuvre sur les grands événements du 20ème siècle, mêlant biographies, récits et articles écrits sans bouche cousue. Contrairement aux apparences, son patronyme, très…gascon, n’a strictement rien à voir, de près ou de loin, avec du fil et une aiguille. Tentons donc de faire un faufilage à travers un mot tout en revers!

Première évidence facile: le nom est, comme toujours, une ‘agglutination’; il faut donc comprendre qu’il s’agit d’une réunion entre l’article et la racine, autrement dit il est bien question de la-couture…Et quelle est la forme ancienne de ‘couture’? Coup dur, c’est ‘c(o)ulture’ évidemment, soit le mot latin ‘cultura’, lequel ne désigne pas encore une chaine de magasins spécialisés dans les livres et dvd (la dimension culturelle) mais, de façon très…terre-à-terre, un champ cultivé (un pré intello, si vous préférez).

Dès lors, on comprend assez facilement que, dès le Moyen-Age, si une couture désigne la surface agraire, LE couture (ou, plus tard, couturier) qualifie celui qui ‘culture’ le champ en question. D’où, de la Normandie au Béarn, un large sillon de Couture et autres Coutures qui ont fait souche dans toutes les régions; et particulièrement en Sud-Ouest, où l’on trouve aussi l’orthographe Couthures (Lot-et-Garonne), surnom de lieux-dit (encore en Gironde, près de La Réole) ou de familles dont l’ancêtre était tout simplement c(o)ultivateur (plus rarement maraicher), ou qui avaient été propriétaires de parcelles rentables.

La simple présence de ces toponymes écarte donc toute possibilité de rapport avec des couturiers, grands ou pas, qui se sont plutôt appelés pendant longtemps Tissier ou Tisserant(d), les petites boutiques de reprises d’ourlet n’existant pas encore en tant que telles, sauf au titre du ‘ravaudage’. Les Lacouture n'(en) ont donc rien à coudre de cette histoire, d’autant que ‘coudre’ n’a pas forcément de rapport avec la couture, surtout si ce n’est pas un verbe!

Comme en étymologie (aussi), il y a des homonymes, apparaît, presque deux siècles avant le cultivateur, un nom commun lui aussi hérité du latin, le…coudre. C’est le résultat d’une influence gutturale du celte sur le terme ‘culurus’, qui va évoluer en cudurus, cudre puis enfin coudre, dont vous avez déjà deviné qu’il s’agit de l’ancien nom (savant) du noisetier. Notez bien au passage que ce ‘coudre’ n’a pas non plus d’articulation avec le ‘coude’, mise à part peut-être l’huile du même nom qu’il faut dépenser pour récolter les noisettes. Voilà pourquoi, là encore, on trouve -plutôt dans le quart nord-ouest de la France- des endroits nommés Coudre, Le Coudre, Coudray ou, évidemment, Lecoudre, Lacoudrée ou Lacoudray, là ou se trouve (ou trouvait) une…coudraie, un bois de noisetiers.

Mais alors, où étaient les vrais couturiers, les ‘couseurs’? Pour bien comprendre, il faut envisager que ‘couture'(sur du tissu) vient en fait de ‘con-ture’ (si, si!), formé avec le préfixe latin ‘con-‘ qui veut dire avec, et avec la racine ‘-ture’ qui est en réalité la transformation de…’-sure’. Et, c’est sûr, ce ‘-sure’ est lui-même issu du verbe ‘suere’, qui, cette fois, signifie non pas suer mais coudre! Vous avez suivi? C’est simple, non: La couture ne vient pas de coudre c’est-à-dire du noisetier mais de culture comme cultiver, et en réalité de consure c’est-a-dire suer qui n’est pas transpirer…

Pour un tailleur médiéval, un couturier était donc toujours un Sueur ou un Lesueur, celui qui, bien avant les hommes en blanc des blocs opératoires, faisait -forcément- des…sutures (même racine). Ce que reproduira plus tard, avec sa triste bobine, la pauvre fille de la maison chargée de faire des reprises, une ‘cousette’ (pas toujours causante) qui donnera naissance aux Cosette! Mais le Sueur le plus commun fut longtemps réservé à celui qui devait coudre des éléments autrement plus épais que du tissu, du cuir. Et comme, dès la fin de la présence arabe en Hispanie, les spécialistes de l’exercice habitaient Cordoue, on va les appeler les ‘cordouaniers’, puis les cordonniers évidemment (lesquels sont bien, étymologiquement, des  »couseurs originaires de Cordoue » et non des enrouleurs de corde (comme le pensent gentiment les fabricants d’espadrilles)…

Pendant ce temps, une dernière famille de mots va continuer à transpirer de cette racine décidément machiavélique, celle de la ‘vraie’ sueur, d’après le latin ‘sudare’, celui qui provoque la sudation (et non plus la couture). Assez rapidement d’ailleurs, va exsuder de ce verbe un autre mot qui qualifie un mauvaise transpiration ou un écoulement inapproprié dans un endroit, le suin; lequel, quand il aura pris le ‘t’, donnera le terme suinter. Voilà qui coule (presque) de source, non?


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