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Wenger (Arsène)

…mais mythique entraineur du club londonien des ‘Gunners’, remarquable -et remarqué- autant pour sa longévité avec l’équipe que pour le redressement du football anglais. En racontant des souvenirs de carrière (1), Charles Ernest (ses autres prénoms) revient à la mémoire de nos concitoyens, dont les moins intéressés par le sport auront toujours vaguement pensé que l’homme était allemand…

Le tracé des nations modernes oblige à préciser qu’il est en fait ‘seulement’ alsacien mais, d’un point de vue historique et par conséquent étymologique, ses racines appartiennent forcément au répertoire germanique. On repère la racine originelle aux alentours du 12ème siècle, lors d’une phase d’évolution de la langue, nommée moyen-haut-allemand; le son ‘uënec’, écrit ‘wenec’, évoque l’idée de ‘petit’ et va donner au fil du temps les formes ‘wenig’ puis ‘weniger’, et enfin par contraction ‘wenger’. 

On ne sait pas très bien attribuer la dimension de ce ‘petit’-là; par comparaison avec le même ‘concept’ dans d’autres langages, les chercheurs pensent évidemment d’abord à l’attribuer à un homme petit (ça tombe mal pour Arsène), ou, au sens figuré, à quelqu’un qui a peu d’intérêt donc sans importance (ça re-tombe mal pour Arsène)…

Toujours est-il que le mot, avec comme d’habitude la fonction première de surnom, va se diffuser dans toute la zone d’influence germanique donc, ce qui recouvre largement et depuis toujours l’Est de la France actuelle, sans compter l’émigration lointaine de familles à partir du 17ème siècle (2). Et si l’on prenait le Wenger au pied de la lettre, pourquoi ne pas y rajouter également le sens du ‘petit…de la famille’, coïncidence cette fois idéale pour le troisième rejeton de papa Alphonse? (3) 

Quoi qu’il en soit, il faut remarquer le ‘grand écart’ de son état-civil qui a retenu cet ‘Arsène’ comme prénom usuel. Ce que nous considérons comme un prénom (rarement adopté depuis les années 1940) est en fait un adjectif d’origine grecque, un ‘arsên’ qui va donner plus tard en français le mot ’arsenic’, à savoir un produit violemment toxique, donc puissant, donc…’qui arrive à tuer un mâle’ (définition finale!); plus fort encore (si j’ose dire): dans l’esprit -pas toujours bien tourné- des Grecs, cet ‘arsênikon’ signifiait également ‘ce qui permettait de rendre impuissant le cochon’. No comment.  

Ce qui va plus ou moins ‘tuer’ l’Arsène dans la seconde partie du 20ème siècle, c’est la mauvaise réputation d’un cambrioleur -même fictif- certes ‘gentleman’, grand séducteur de femmes mais voleur sans scrupules, nommé Lupin; sans compter une consonance qui, à l’époque, pousse plutôt à la moquerie (comme Eugène ou Philomène). D’ailleurs…

Certains linguistes (peut-être un peu rapides) attribuent à la même racine grecque la formation du terme vulgaire et aujourd’hui désuet de ‘arsouille’, c’est-à-dire ivrogne, état du ‘mâle vaincu par un produit’…en réalité, on ne connait pas vraiment sa provenance, si ce n’est un verbe ‘arsouiller’, très temporairement usité autour de la Révolution française.

Par contre, on sait clairement que ’Arsenal’ ne doit rien à…Arsène! Le nom du club sportif illustre parfaitement son origine linguistique puisqu’il a été créé à la Manufacture d’armes de Woolwich (à l’est de Londres); or, avant de passer par une orthographe ‘arsenac’ en français, le mot moderne vient de l’italien du 17ème siècle ‘arsenale’, lui-même emprunté à l’arabe ‘al-sinà’a’ qui désignait les arts mécaniques, dont guerriers évidemment, donc tout ce qui servait à tirer des munitions.

Impossible donc de ne pas croire à la prédestination de ces footballeurs de l’Arsenal, surnommés les…’Gunners’ (les tireurs, voire les bombardiers, selon le contexte). Etymo et logiquement! 

(1) « Ma vie en rouge et blanc » (Editions JC. Lattès)

(2) On trouve des Wenger aussi bien dans le sud du Brésil qu’au centre du Congo (quel que soit le nom du pays), l’un et l’autre de ces territoires ayant pu représenter à une certaine époque une véritable ‘enclave’ allemande colonisée.

(3) Mais cela n’est, comme toute autre analyse étymologique, qu’une anecdote, la signification des noms (et prénoms) n’ayant aucun rapport direct – en tous cas volontaire, autre que le hasard ou le choix des parents – avec leur porteur actuel.


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