Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…que des médias à la nécrologie aujourd’hui dithyrambique ont souvent oublié d’inviter, peut-être à cause de son répertoire sinon difficile du moins à contre-courant de son époque; ou de son caractère sinon difficile du moins affirmé; ou de son (vrai) nom sinon difficile du moins peu adéquat pour faire carrière dans le show business.

Elle s’appelait en effet Marie-Thérèse Beugras, un état-civil qu’on imagine mal sur une pochette de disque, y compris avec un prénom plus attendu pour être reine de France ou impératrice de Hongrie que ‘vedette à l’Olympia’. Le premier et usuel prénom Anne faisant bien mieux l’affaire, restait à oublier ce patronyme dont la sonorité involontairement trainante (la succession des sons ‘euh-ah’) ramenait immanquablement à une expression de foire agricole ou de marché aux bestiaux, les ‘boeufs gras’.

Or, règle fréquente et impitoyable de l’étymologie, c’est souvent le son le plus proche qui explique la formation du mot, et c’est bien le cas ici: avec une orthographe typique de la banlieue lyonnaise (ça tombe bien, la famille est originaire de la région), ce ‘beugras’ exprime le pluriel de ‘boeuf gras’ dont on ne fait plus sonner le ‘f’ final au pluriel.

Un peu plus au nord de Tassin-la-Demi-Lune (lieu de naissance d’Anne, ça non plus ne s’invente pas), on trouve également l’écriture Boeufgras, plus du tout équivoque du coup pour désigner un éleveur ou un marchand de la bête en question; symbole de fête depuis des siècles, et de retour à la bonne chère (après le Carême, par exemple), l’animal a toujours fait l’objet d’une vénération particulière lors de carnavals ou défilés, surtout de la part des bouchers.

Mais comme le nombre de propriétaires bovins ne suffisait pas sans doute à justifier la fréquence du patronyme, on a pu utiliser ce qualificatif comme surnom plus ou moins ironique en transférant le virus linguistique de l’animal à l’homme (opération souvent toxique), histoire de se moquer de quelqu’un de particulièrement gras…Dès la cour d’école, il n’est pas rare que des enfants aient subi des ‘Gras-double’ ou au minimum des ‘Gros-Jean’ que certains vont garder pendant des générations. Sans parler des agressifs ‘grosse vache’, en général réservés aux filles…

Ceux qui s’en tirent le mieux dans l’histoire sont les Boeuf (ou Beuf) tout court, le son étant perçu cette fois comme synonyme de force (‘fort comme…’), ce qui permet de soulager (ou d’éviter?) le(s) Turc(s) en l’occurrence. Mieux encore: depuis quelques décennies, le rêve de certains amateurs de balle au pied serait de reprendre le nom de Leboeuf sur les terrains de sport…

Rien de gras en tous cas dans les compositions savoureuses d’Anne, dont les biographes s’interrogent toujours sur les raisons précises du choix du pseudonyme Sylvestre, l’hypothèse la plus probable étant celle du dernier jour (festif) de l’année (*). Le seul empêchement eût été qu’elle s’appelle Sylvie, origine identique qui signifie la forêt, en latin. En tous cas, un nom d’état-civil qui aurait dû lui éviter toute période de…vache maigre. Y compris étymologiquement!

(*) voir son histoire en détail en tapant (St) Sylvestre (2011!).

…en pire ! » C’est la phrase qui résume l’aventure du skipper de PRB lors du Vendée Globe, après le naufrage de son bateau au (très) large du Cap de Bonne Espérance, en Afrique du Sud. Heureusement secouru par Jean le Cam (1), le grand Kevin (2) n’a pas pu faire grand-chose pour intervenir, en tous cas étymologiquement, car son patronyme, pas spécifiquement breton malgré un ‘nid’ d’Escoffier sur les mers (père, frère, soeur, etc), aurait à peine pu l’aider à recoudre quelques lanières… 

Un escoffier est en effet un métier qui remonte aux premiers siècles de notre ère. Toutes les variantes en circulation de nos jours (Escofié, Escouffier, Escouffet, ou Ecoffé, Ecoffey ou Ecouffey après élision du ’s’ passé en accent aigu sur le ‘e’) viennent en effet d’un ancien ‘escohier’ médiéval qui désignait un travailleur du cuir.

Le mot se compose donc d’une voyelle-préfixe (é-) suivie d’une racine d’origine…germanique (‘skoh’) terminée par une forme contractée du verbe faire (-fier’). D’où l’importance de préciser que l’activité du bonhomme a pu varier selon les siècles: les premiers escoffiers ont sans doute été des ‘faiseurs de…chaussures’ puisque tel est le sens exact de la syllabe nordique, ce qui tendrait à prouver que les sandales germaines ont précédé les souliers des artisans de Cordoue (Espagne), futurs ‘courdouaniers’ puis cordonniers (3). 

Ce qu’il faut retenir de l’évolution du mot est sans doute une métonymie, une figure qui permet ici de désigner ‘la partie pour le tout’, soit l’ouvrier pour la matière qu’il travaille; du coup, le terme a également pu s’appliquer à des producteurs ou à des fournisseurs de cuir, c’est-à-dire des tanneurs ou des ‘pelletiers’, des acheteurs de peaux (pel-). On est donc un stade ou deux avant la fabrication de la chaussure elle-même.

Mais, à part la famille malouine fanatique des coques multiples, il y a un autre célèbre Escoffier qu’il faut mentionner, davantage adepte lui, des coques de sable ou de l’oeuf coque, c’est un certain Auguste monégasque (1846-1935) surnommé ‘le roi des cuisines et le cuisinier des rois’ et considéré comme le créateur des ‘brigades’ modernes en codifiant l’ambiance autour des fourneaux (et, accessoirement, la vie des cuistots). Celui-ci était par ailleurs fils d’un forgeron (ou d’un maréchal-ferrant) qui a bien dû un jour travailler sur les fers de chevaux équipés de ‘chaussures’! Au moins étymologiquement…

(1) Voir son article en archive. Et plusieurs autres navigateurs… 

(2) Ca passait mieux quand il était petit, non? 

(3) Voir l’article sur…le Corbusier.

…qui va décevoir des milliers de touristes dont le plaisir suprême était d’aller se faire photographier devant le panneau d’agglomération de ce jamais tranquille hameau (150 habitants) des montagnes du nord du pays. Sérieux rival de la ‘Kaunas’ polonaise également très (mé)prisée pour les raisons phonétiques que vous supposez, le site a décidé de…déconner (*) car le conseil municipal en a marre de se faire…avoir et on le comprend.

Terminée donc la méchante notoriété internationale (ah, vous auriez dû choisir ‘français’ en première langue) due à un omniprésent verbe anglais ‘to fuck’, dont le gérondif (fucking) va subir la même dégénérescence que notre ‘con’ national, jusqu’à glisser vers une utilisation systématique selon ce que vous faites suivre comme adverbe; vous trouverez bien tout seul les différentes combinaisons dans votre dictionnaire d’anglais.

Cette encombrante renommée est d’autant plus injuste que le toponyme n’a pas du tout l’étymologie que vous croyez (qu’est-ce que vous imaginiez?) mais une racine tout à fait conforme aux traditions linguistiques. Il s’agit en l’occurrence d’un ‘nom de personne’, ce qui ne veut pas dire un nom de…quelqu’un en général, mais bien ce qui va devenir plus tard notre ‘nom propre’, une référence à une Personne en particulier.

Celle qui nous intéresse est un homme du 11ème siècle (je ne garantis pas la date anniversaire) surnommé Focko, d’où ‘le lieu habité par Focko’, devenu plus tard Fockin puis malheureusement Fucking, bien avant que les Américains n’en fassent un adjectif très qualificatif. Or, ‘focko’ est probablement une variante (forcément) germanique de ‘folko’ ou ‘folco’ qui désigne le peuple. Pour une fois, l’ancêtre ne serait donc pas un chef guerrier ou un valeureux combattant mais un homme du peuple, avec les différents sens qu’on peut lui donner (serviteur, ouvrier, ou tout simplement un habitant qu’on nommera plus tard citoyen).

A compter du 1er janvier 2021 donc, promis-juré, fini les allusions graveleuses, le Conseil l’a décidé et Mme le Maire l’a ratifié, Fucking sera désormais Fugging, en substituant un double…point G à cette orthographe de la honte, espérant par là (ou par où vous voulez) une réhabilitation cartographique qui découragera les visiteurs indélicats…

Ca risque, oui! Parce que, toujours dans le répertoire anglais, ‘to fug’ (et donc ‘fugging’) signifie empester ou puer, en tous cas émaner une forte odeur de renfermé, comme après un…confinement! Et, évidemment, beaucoup s’en servent pour décrire l’atmosphère de toilettes qui n’ont pas été aérées depuis longtemps. Ce nom, c’est vraiment de la merde! Y compris, semble-t-il,  étymologiquement… 

(*) voir la chronique immédiatement précédente…

…dans la bouche non pas d’un voyou mais dans celle d’un ministre, réitérant ainsi la première saillie d’un…président de la République, lors d’un funeste Salon de l’Agriculture de mars 2008 (« Casse-toi, pauvre con »), vocabulaire qu’on a du mal à considérer aujourd’hui comme autrefois inacceptable.

C’est que le mot a une histoire très ‘dégénérée’, alors que son sens initial était très fort. Et très précis (1). En effet, de nos jours, si vous dites « mon ordinateur déconne », c’est simplement qu’il marche mal (ou qu’il faut changer de fournisseur d’accès)…Mieux (si j’ose dire): « Machin, il vous a raconté des conneries », c’est-à-dire des choses sans importance, voire des plaisanteries ou des blagues.

On monte encore  d’un cran, avec « Maintenant, t’arrêtes avec tes conneries », qui commence à impliquer directement une personne, en jugeant qu’elle a mal agi en faisant des ‘bêtises’ (des quoi?)…Tous ces sens con-vergent vers la même idée et surtout la même racine, celle très précisément dépeinte (à tous points de vue) par Gustave Courbet dans son tableau « L’Origine du monde », soit un ‘con’.

Lequel ne désigne que depuis très peu de temps dans le langage courant un ‘imbécile’ (le milieu de 19ème siècle), alors que, bien avant le Moyen-Age, il représente l’abréviation du personnage du ‘Roman de Renart’, un lapin qui se nomme ‘conil’ (ou connil)…Or, comme vous le savez déjà pour l’avoir noté dans tel ou tel article précédent (2), l’esprit populaire va faire un parallèle immédiat entre la forme touffue triangulaire de la petite queue du lapin (qui fuit) et l’apparence (frontale) du sexe féminin.

Traiter quelqu’un de con revient donc à lui signifier qu’il est « aussi bête – ou tout ce que vous voulez – qu’un pubis de femme », l’homme ne pouvant évidemment pas être moqué en quoi que ce soit dans ce domaine…Etymologiquement, et pour la première fois dans les dictionnaires de l’année…1865, dé-conner, avec un préfixe indiquant un retour en arrière ou un retrait, veut bien dire ‘sortir du con’, ou si vous préférez ‘se retirer’, mouvement que je n’ai pas besoin de décrire plus précisément sauf à ajouter que, dans l’esprit masculin (de l’époque, bien sûr), ce verbe décrit la malchance ou la bêtise de l’homme qui ne sait pas profiter assez longtemps de sa…position bienheureuse.

Contrairement à une autre affaire (en cours) où il semble y avoir eu viol et donc -pour dire désormais les choses- déconnage possible,  il n’y a rien de tout cela dans le comportement décrit par le ministre, puisqu’apparemment cette fois, les coups n’ont pas été tirés mais portés… Cela ne valait sans doute pas la peine de venir dire sur un plateau de télévision des conneries de cour d’école. Faut pas déconner quand même. Et surtout pas étymologiquement!

  1. A partir de cette ligne, autorisation parentale requise.
  2. Voir aussi les articles sur Mlle Caunas (novembre 2015) ou…Sean Connery (décembre 2020).

…dans l’administration Biden. L’ami et collaborateur du président-proclamé (à cette date) émoustille par avance toutes les rédactions parisiennes, car – ô miracle pour l’accent des journalistes – l’homme est francophile mais surtout francophone, et déroule un discours à peine teinté de ‘Côte Est’ dans la langue de Molière, grâce à des études secondaires en France. De quoi en faire un homme brillant pour ne pas dire plus, y compris étymologiquement!

Tony (si vous fréquentez le Bureau ovale) est bien de pure souche new-yorkaise, mais son patronyme vient de Germanie, du temps où les Amérindiens dormaient encore au chaud sans être découverts sur les rives de l’Hudson…Il faut probablement remonter avant le dixième siècle de notre ère pour dépister une sorte d’onomatopée, qui exprime un cliquètement (blink, blink) puis, par imitation ‘optique’, un scintillement.

On y voit en général la source de plusieurs mots à la sonorité proche, comme le ‘blink’ ou le ‘zwink’ allemands, le ‘wink’ anglais (des clins d’oeil) ou enfin la racine probable de notre nom, le néerlandais ‘blinken’, qui signifie aujourd’hui proprement (si j’ose dire) briller. Non pas en parlant des étoiles, mais très précisément…du reflet des cuivres (ou de l’argenterie, selon vos moyens) que l’on vient d’astiquer, histoire de ‘blinquer’, belgicisme favori des femmes de ménage chargées de faire reluire les cuivres des maisons bourgeoises de Bruxelles (et pas qu’une fois).

Cette racine, forcément étincelante donc, va être suivie d’un suffixe ‘verbal’ tout à fait classique en flamand (que notre haut-fonctionnaire partage d’ailleurs avec son patron, Joe Bid-en (1), ce qui va permettre, dans les régions voisines de la Hollande (qui n’est pas un pays), de transférer puis de réserver le terme au domaine…militaire! Après les bataillons de soubrettes, ce sont donc les soldats qui vont devoir frotter armes et éventuellement bagages dans les casernes.

La coïncidence -uniquement linguistique- oblige à mentionner ici un ex-fantassin de la République française, un homme de troupe du gouvernement Hollande de l’époque, un chargé de la communication présidentielle dont la mission fut brutalement interrompue à cause d’une histoire de cireur de chaussures régulièrement convoqué à l’Elysée (2).

Mais en ce qui concerne le futur Secrétaire des Etats pour l’instant Désunis, rien n’autorise pourtant, malgré un premier discours officiel particulièrement enflammé, à imaginer qu’Antony va se mettre à cirer les pompes de son patron…sauf étymologiquement bien sûr!

(1) Voir l’article (mars 2020) en tapant son nom où vous savez.

(2) Aquilino Morelle. Idem (avril 2014)