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…sans doute l’un des noms de scène les plus difficiles à assumer dans une cour d’école primaire française, pour des raisons que je n’aurai pas la…bêtise de préciser. Seulement voilà, son nom est (vraiment) Connery, celui qui vient d’une Ecosse dont il a toujours soutenu les volontés d’indépendance, alors que sa racine originelle vient d’un saxon pas encore anglo-, puisqu’elle appartient au répertoire germanique. 

C’est donc un patronyme qui a fait un grand bond, à l’occasion des affrontements guerriers et migrations diverses lors des premiers siècles de notre ère. Sans entrer dans tous les détails linguistiques, ce nom n’est d’ailleurs pas spécifiquement écossais (la terre des ancêtres de Maman) mais irlandais (…de Papa). Le son ‘kon-‘ est donc venu se greffer à plusieurs dialectes gaéliques (grands-bretons), en provenance d’une syllabe germaine qui évoque l’audace, la bravoure.

Vu l’époque, il s’agissait presque forcément d’une qualité ou tout au moins d’une caractéristique ‘militaire’, d’autant que la seconde partie du mot (‘-ery’, après un ’n’ redoublé pour faire la liaison) vient cette fois d’un élément (‘hari’) qui désigne l’armée. Un ‘Connery’ qualifiait donc le surnom d’un ancêtre particulièrement hardi (donc courageux) au combat, voire plus si inimitiés; un ‘Highlander’ avant l’heure, en quelque sorte!

L’histoire ne dit pas si, avant de s’illustrer à l’écran en faisant sauter les bunkers de tous les ‘maîtres du monde’ qui voulaient s’attaquer à Sa Majesté pas toujours Gracieuse, le petit Thomas (1) a fait quelques…sottises. Car je sens bien que vous ne supporteriez pas de rater cette enquête-là, notre pays étant à peu près le seul au monde à faire des ‘conneries’ (en tous cas, de langage).

Mais auparavant, un petit mot avant le gros, pour aider nos langues nationales (je parle bien, cette fois, de la chair rose mouillée que vous avez dans la bouche) à décider une fois pour toutes comment on prononce son…prénom, lequel pose également problème à pas mal de cinéphiles. Certainement et surtout pas ‘séanne’, ni ‘cheunn’ mais ‘chaunn’, pour ne pas pas dire ‘John’ (sans le ‘d’ rajouté au début), puisqu’il s’agit réellement de la version gaélique de…Jean (donc, bien John!). Ce dernier prénom venant lui-même de l’hébreu ‘yôHanan’ (d’où les transformations en Ioannès, Yohan, etc…selon les époques et les pays), le futur Guillaume de Baskerville (« Le Nom de la rose ») avait donc la bénédiction et les grâces de Dieu, sens biblique du mot.

Et cette ânerie, alors? Elle entre très ‘tard’ dans le vocabulaire vulgaire national (la seconde moitié du 19ème siècle!), d’après le mot d’ancien-français ‘conil’, nom du…lapin depuis des siècles. Il s’agit donc encore d’une histoire d’animal, sauf que celui-ci a une connotation strictement sexuelle, par comparaison de la petite queue triangulaire touffue avec le sexe féminin (ou du moins sa représentation, tout comme le symbolisera le ‘logo’ et…les playmates du groupe Playboy pendant des années).

Une con-n-erie, c’est donc d’abord la syllabe de base, puis un second ’n’ de liaison (ici aussi), et enfin un suffixe constituant un objet, une situation ou un état (une broderie, une chancellerie, une boulangerie, une tromperie, etc…). Et, malheureusement pour l’égalité Femmes-Hommes et les mouvements féministes, c’est aussi désormais une injure dont le sens -totalement oublié, ou plutôt occulté- signifie, littéralement: un con, c’est quelqu’un d’aussi bête que le sexe d’une femme! Rien à voir donc avec la violence des combats (sauf en paroles).

D’autant qu’il existe en France un certain nombre de Connes et de Connas (ou Caunas-se) dont aurait pu se délecter le facétieux Daniel Prévost (2). Ce ne sont évidemment pas celles que vous croyez, mais de simple toponymes, des noms de lieux ainsi nommés soit en raison de la présence d’un cours d’eau (le mot celte ‘cona’) soit d’une grotte (l’occitan ‘cauna’).

Finalement, la seule idiotie qu’on pourrait reprocher à James Bond, c’est de n’avoir pas profité de miss Moneypenny. Sans compter que ça ne lui aurait pas coûté cher. Même étymologiquement… 

  1. Son premier prénom…
  2. Le célèbre et très insistant touriste à l’arrêt (de bus) de ‘Montcuq’

En relation avec le sujet, vous pouvez aussi (re)voir la chronique sur ‘Bond’ (octobre 2012) et sur Honor Blackmann-‘Goldfinger’ (avril 2020).

PS (exceptionnellement) : En ‘hommage’ à l’acteur, évitez la rediffusion des 007 éculés sur les chaines nationales. Préférez sa décennie 70 magique:

  • « La Rose et la Flèche » (de Richard Lester, 1976) où il est un Robin des Bois vieilli et amer aux côtés de mamie-Marianne…Audrey Hepburn!
  • « Zardoz » (de John Boorman, 1974), mieux que Charlton Heston dans « La planète des singes’, bien avant Mel Gibson dans ‘Mad Max’
  • « Le Lion et le Vent » (de John Milius -futur auteur de…’Conan (idem!) le barbare’- 1975), sorte de ‘Lawrence d’Arabie-bis

…le seul âge des actrices. Si les ‘fans’ sont le botox qui entretient la légende des célébrités (pour le plus grand profit du commerce, musique, cinéma et produits perpétuellement dérivés), les proches de certaines personnalités peuvent aujourd’hui témoigner que, dans le caractère ou le comportement de certaines (ex-) idoles, tout n’est pas à sauver. Sauf étymologiquement.

Le père génétique du ‘photographe des yéyés’ Jean-Marie Périer (1) avait en effet tout pour annoncer au monde un répertoire de ‘chansons douces’ particulièrement en phase avec le conservatisme de son époque, puisqu’il se prénommait (aussi) Gabriel. Côté patronyme, le chanteur a suffisamment revendiqué et mis en avant ses origines guyanaises pour que plus personne ne doute de la provenance caribéenne de sa famille.

Si l’on remonte de quelques siècles, il ne fait donc aucun doute que ‘Salvador’, comme beaucoup de noms de cette zone du globe, a été importé -ou parfois créé localement- sous influence des grandes migrations issues du monde hispanique (au sens large, quel que soit le pays de provenance précis, n’ergotons pas).

Pas besoin non plus de beaucoup d’explications pour admettre que le mot vient du verbe latin ‘salvare’, qui signifie sauver. Deux phénomènes simples et habituels justifient la transformation de cette racine: en français, le ‘L’ va être vocalisé (transformé, en tous cas noté, en voyelle), d’où les termes sauver, sauvetage, sauveur ou…sauveteur; lequel se dit, en espagnol (et associés), ‘salva-dor’, version un tout petit peu plus gutturale de ce qui aurait pu rester un ‘salve-teur’ chez nous.

Remarquez d’ailleurs que les salvetats ou sauvetés de notre Histoire (2) illustrent parfaitement cette alternance d’écriture linguistique; et d’ailleurs, géographiquement parlant, les multiples Salvetat (en Aveyron, Dordogne, Cantal ou ailleurs) ne sont pas que la marque commerciale d’une eau minérale originaire de l’Hérault, mais bien le nom de cités qu’on appelle ailleurs (dans la région d’à-côté, parfois) les…Sauveterre.

Mais le Salvador le plus connu, sous l’impulsion d’une Eglise qui n’en perdait pas encore son latin, est un prophète juif de l’an zéro pendant lui-même, que la majuscule va propulser au rang de Sauveur de l’Humanité. Sans avoir besoin de précision supplémentaire, tout Salvador va donc devenir, pour des siècles, le surnom de quelqu’un que l’on aura mis sous la protection symbolique du Christ, d’où l’apparition (si j’ose dire) de…Salvatore italiens (3) puis de tant de Saint-Sauveur dans les campagnes ou les montagnes françaises.

Témoignage supplémentaire d’une évolution très ambivalente du mot: sauveur fait partie des (trop?) nombreux mots qui n’ont pas de féminin ‘évident’, ou au moins harmonieux et donc faciles à dire (4). Alors, sauveuse, sauveresse? Pas du tout: dans la détresse, le dictionnaire s’en sauve avec ‘salvatrice’, rarement utilisé comme nom commun d’ailleurs (sauf sur les plages de Malibu) mais plutôt comme adjectif, généralement (ac)collé à une ‘initiative’ le plus souvent…masculine (5).

N’oublions pas, dans la famille que les Salvador, les autres versions…originelles: Salvadori (comme l’acteur et réalisateur français Pierre) ou Salvatori (comme l’acteur italien Renato)…Il existe aussi des Sauvaire, Sauvère ou même Saubère, moins fréquents et surtout moins faciles à deviner. D’autant que se glissent parfois des intrus comme les Sauvage, qui n’ont rien à voir avec le sauvetage, sauf celui des forêts (en feu): il s’agit en effet d’une forme du latin ‘silva’ (la forêt), dont vous trouverez tous les détails à quelques articles de là, en tapant ‘ensauvagement’.

En attendant, je me sauve. Au moins étymologiquement. 

  1. Du nom de son père adoptif, l’acteur François Périer
  2. Vous chercherez bien un peu dans vos livres…
  3. Comme le chanteur belge né en Sicile.
  4. Vous dites ‘doctoresse’, vraiment? Le 26 octobre 2020, un homme politique a encore donné la parole à sa collègue en « cédant le micro à madame LE ministre », etc…
  5. Même syndrôme que ‘l’émotion’, systématiquement ‘palpable’ par les journalistes.

…de l’état de contamination de la France, au sujet d’un virus que sa position scientifique autorise à intervenir sur les médias. Beaucoup de voix se sont élevées, plus ou moins clairement, pour prendre la parole à ce sujet; or, avec lui, on espère que ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt, un arbre qui, de plus, a peut-être la ‘recette’ pour vaincre la pandémie. Au moins étymologiquement!

Les plus fidèles d’entre vous auront sans doute déjà analysé la composition de ce nom, formé de l’ancienne forme de l’article contracté ‘del’ (de-le, conservé dans certaines langues, comme l’espagnol par exemple), suivi de la racine…d’un arbre nommé ‘fraissy’, l’une des (très) nombreuses variantes issues du mot latin ‘fraxinus’, soit le frêne en français. 

‘De-le-frêne’ (peut-être même au pluriel d’ailleurs, à l’origine) indique donc, comme des dizaines d’autres, le surnom d’un ancêtre désigné par la végétation caractéristique qui l’entourait; on imagine -depuis que l’étymologie existe comme ‘science’- qu’il s’agissait en général d’un arbre caractéristique de son environnement, soit unique (un pin ou un sapin, comme l’ex-ministre  de l’Economie et des Finances, Michel), soit en formation forestière (Duchesnay, pour du-bois-de-chênes; Delaunay, pour de l’aulnaie; Lafaye, pour une plantation de hêtres (fagus/fayus, en latin) ou encore Boulay,* pour la plantation de bouleaux). Même régime pour les Delaverne (l’ancien nom du noisetier) ou les Dutil(h), amateurs du tilleul…   

Bref, on a donc affaire ici à un toponyme, un nom de lieu qui décrit, via un détail particulier, les caractéristiques d’un lieu. Il faut croire d’ailleurs que nos régions étaient bien couvertes, puisque, outre les Delfraissy, ont poussé également les familles tout simplement Fraysse, suivies du diminutif Frayssinet (ou Fraissinet, et même Fraucinet, selon le parler local). 

Du coup, on a également des formes simples en Fraisse, Fresson (comme l’acteur Bernard) ou Fressonnet (re-diminutif), sans oublier quelques Fraissard ou Fressard berrichons, à la sonorité généralement plus péjorative…Dans la catégorie ‘compliqués’, et pas forcément ‘évidents’ à première vue, il y a des Freixes, Freixas ou Freixinos qui, comme Frèche (Georges*) ou Frichou, ont hérité du son occitan de ‘Fouach’, en français Foix* (Ariège).

On aurait dû commencer d’ailleurs par les plus faciles, qu’il est maintenant à peine besoin de citer, les Dufresne (comme l’homme de radio Claude) ou les Fresnay (comme l’acteur Pierre)…Quant à ma ‘recette’ à base de frêne(s), elle s’appuie sur l’histoire quasi-magique de cette essence d’arbre qui fut, pendant des siècles, le symbole d’un pouvoir magique: depuis les Grecs, on disait qu’une décoction de feuilles de frêne (n’essayez pas de faire ça à la maison!) pouvait venir à bout du venin des serpents.

Dans la mythologie scandinave, en plus de servir comme matériau principal aux flèches les plus ‘efficaces’, il était aussi la marque de la solidité, de la persévérance et de la maîtrise de soi. Avec tout ça, un Delfraissy devrait bien arriver à nous concocter un vaccin apte à contrôler la situation! Etymologiquement, bien sûr.

PS: dès la mise en ligne de cet article, plusieurs messages me demandent si ce nom a un rapport avec…les fraises (fraisses?). Bien sûr que non, sauf, comme disent les jaloux, à lui reprocher de ramener la sienne trop souvent sur les plateaux télé…

(*) voir d’autres détails adjoints dans leur article respectif, en tapant le nom en haut à droite de cette page.

…mais mythique entraineur du club londonien des ‘Gunners’, remarquable -et remarqué- autant pour sa longévité avec l’équipe que pour le redressement du football anglais. En racontant des souvenirs de carrière (1), Charles Ernest (ses autres prénoms) revient à la mémoire de nos concitoyens, dont les moins intéressés par le sport auront toujours vaguement pensé que l’homme était allemand…

Le tracé des nations modernes oblige à préciser qu’il est en fait ‘seulement’ alsacien mais, d’un point de vue historique et par conséquent étymologique, ses racines appartiennent forcément au répertoire germanique. On repère la racine originelle aux alentours du 12ème siècle, lors d’une phase d’évolution de la langue, nommée moyen-haut-allemand; le son ‘uënec’, écrit ‘wenec’, évoque l’idée de ‘petit’ et va donner au fil du temps les formes ‘wenig’ puis ‘weniger’, et enfin par contraction ‘wenger’. 

On ne sait pas très bien attribuer la dimension de ce ‘petit’-là; par comparaison avec le même ‘concept’ dans d’autres langages, les chercheurs pensent évidemment d’abord à l’attribuer à un homme petit (ça tombe mal pour Arsène), ou, au sens figuré, à quelqu’un qui a peu d’intérêt donc sans importance (ça re-tombe mal pour Arsène)…

Toujours est-il que le mot, avec comme d’habitude la fonction première de surnom, va se diffuser dans toute la zone d’influence germanique donc, ce qui recouvre largement et depuis toujours l’Est de la France actuelle, sans compter l’émigration lointaine de familles à partir du 17ème siècle (2). Et si l’on prenait le Wenger au pied de la lettre, pourquoi ne pas y rajouter également le sens du ‘petit…de la famille’, coïncidence cette fois idéale pour le troisième rejeton de papa Alphonse? (3) 

Quoi qu’il en soit, il faut remarquer le ‘grand écart’ de son état-civil qui a retenu cet ‘Arsène’ comme prénom usuel. Ce que nous considérons comme un prénom (rarement adopté depuis les années 1940) est en fait un adjectif d’origine grecque, un ‘arsên’ qui va donner plus tard en français le mot ’arsenic’, à savoir un produit violemment toxique, donc puissant, donc…’qui arrive à tuer un mâle’ (définition finale!); plus fort encore (si j’ose dire): dans l’esprit -pas toujours bien tourné- des Grecs, cet ‘arsênikon’ signifiait également ‘ce qui permettait de rendre impuissant le cochon’. No comment.  

Ce qui va plus ou moins ‘tuer’ l’Arsène dans la seconde partie du 20ème siècle, c’est la mauvaise réputation d’un cambrioleur -même fictif- certes ‘gentleman’, grand séducteur de femmes mais voleur sans scrupules, nommé Lupin; sans compter une consonance qui, à l’époque, pousse plutôt à la moquerie (comme Eugène ou Philomène). D’ailleurs…

Certains linguistes (peut-être un peu rapides) attribuent à la même racine grecque la formation du terme vulgaire et aujourd’hui désuet de ‘arsouille’, c’est-à-dire ivrogne, état du ‘mâle vaincu par un produit’…en réalité, on ne connait pas vraiment sa provenance, si ce n’est un verbe ‘arsouiller’, très temporairement usité autour de la Révolution française.

Par contre, on sait clairement que ’Arsenal’ ne doit rien à…Arsène! Le nom du club sportif illustre parfaitement son origine linguistique puisqu’il a été créé à la Manufacture d’armes de Woolwich (à l’est de Londres); or, avant de passer par une orthographe ‘arsenac’ en français, le mot moderne vient de l’italien du 17ème siècle ‘arsenale’, lui-même emprunté à l’arabe ‘al-sinà’a’ qui désignait les arts mécaniques, dont guerriers évidemment, donc tout ce qui servait à tirer des munitions.

Impossible donc de ne pas croire à la prédestination de ces footballeurs de l’Arsenal, surnommés les…’Gunners’ (les tireurs, voire les bombardiers, selon le contexte). Etymo et logiquement! 

(1) « Ma vie en rouge et blanc » (Editions JC. Lattès)

(2) On trouve des Wenger aussi bien dans le sud du Brésil qu’au centre du Congo (quel que soit le nom du pays), l’un et l’autre de ces territoires ayant pu représenter à une certaine époque une véritable ‘enclave’ allemande colonisée.

(3) Mais cela n’est, comme toute autre analyse étymologique, qu’une anecdote, la signification des noms (et prénoms) n’ayant aucun rapport direct – en tous cas volontaire, autre que le hasard ou le choix des parents – avec leur porteur actuel.

…avant, sans doute, de l’oublier à nouveau, sauf accident futur. La pétulante ‘travailleuse humanitaire’ franco-suisse retenue au Mali pendant plusieurs années (sans trop d’intérêt médiatique alors) a en effet immédiatement exprimé son souhait de revenir un jour à Bamako (au moins). Risqué, mais généreux; alors, on ne va pas lui jeter la pierre pour autant, sauf…étymologiquement!

Petit exercice facile et à peine nécessaire si vous suivez les articles de ce blog depuis quelque temps, le patronyme Petronin (1) est construit en effet sur la même pierre que le premier pape, un (saint) Pierre sur lequel Jésus a dit bâtir son église (jeu de mots totalement impossible en araméen, la véritable langue du Christ, mais c’est une autre histoire).

Bref, c’est bien le grec ‘petros’, très commun nom du caillou ou, si vous avez la folie des grandeurs, le rocher, voire la montagne, qui a donné le latin ‘petrus’, futur célèbre nom d’un ‘Château’ viticole de St-Emilion (2) qui doit son nom (et son prix) au dessin des clés (de devinez qui?) sur l’étiquette de la bouteille. Les portes du paradis, quoi!

Ce très romain Petrus, prénom autrefois aussi commun dans les rues autour du Colisée que notre Pierre, Paul, Jacques ou Jean, va donc avoir une carrière (de pierres) très abondante, à commencer par l’auteur (supposément contemporain de César, Jules) du roman longtemps dit décadent, le ‘Satyricon’. 

L’orthographe originelle de la racine latine va subsister – surtout dans les langues romanes donc plutôt autour du Bassin Méditerranéen – pour composer des Petri, Pietri (Julie), Pietro (évidemment), Petrini (3) puis Petronin, voire Petronini dans l’Italie contemporaine; il semblerait que Petronin soit spécifiquement dédié à un ou plusieurs saints éponymes du 5ème siècle, sous la protection du(des)quel(s) le Moyen-Age plaçait fréquemment ses enfants…

On reste quasiment…pétrifié (= transformé en pierre) par l’abondance des versions qui vont, par la suite, laisser des petits cailloux dans toutes les langues d’Europe: tout près des Pietro, avec un simple ajout guttural (t>d), on trouve le Pedro espagnol, mais aussi le Petrov russe, le Petrovic serbe (et associés), le Petruschka hongrois (idem), le Petrucci italien (comme Danilo, champion moto 2020) et même, au bout du clavier, le Petrucciani (comme le pianiste Michel), sans oublier le diminutif Petrolini (le petit-Pierre) qui porte presque le nom de la ‘pierre qui donne de l’huile’, le…pétrole (petr-oleum)! 

Puis, avec l’adjonction d’un ‘i’, les peuples (plutôt du Nord, cette fois) ont fait des Piotr, Piete ou Piatra, tout comme le français Pierre suivi du diminutif Pierrot et des régionaux Pierrat, Pierron et Pierret (4). Enfin, si vous faites partie des historiens des religions, vous connaissez bien sûr l’adjectif ’petrinien’, qui qualifie tout ce qui se rapporte à St-Pierre…que l’on appelle Peter à Londres!

J’ai gardé à part la fille de la romaine Petronia (Pierrette), logiquement appelée du diminutif de Petronilla, une Pétronille devenue célèbre – dans un premier temps – et sainte en tant que vierge martyre (très tendance, au début du christianisme) morte ‘naturellement’ par auto-suggestion pour éviter se marier; malheureusement (?), en 1907, l’humoriste et chanteur de cabaret Dranem va populariser dans les faubourgs de Paris une histoire de purge odorante pratiquée par une pauvre fille ‘qui sent la menthe’, rengaine reprise dans les années 1970 par le groupe Les Charlots qui vont ‘entortiller Pétronille dans du papier (toilette) mâché’. No comment.

Il semble d’ailleurs que Pétronille était pauvre fille depuis le 12ème siècle, à cause d’une lettre dans laquelle un noble de Picardie déplorait le caractère acariâtre de sa femme, complainte reprise dans plusieurs rengaines au fil des siècles suivants; à cette époque, elle s’appelait plus précisément Perronnelle (autre forme voisine), prénom ‘propre’ qui va devenir commun, voire vulgaire, au 17ème siècle pour qualifier une femme bavarde et un peu bébête.

Du coup, grâce à un Molière qui s’en moquera à loisir, cette ‘péronnelle’ (qu’il écrivait, lui, ‘pironnelle’) va entrainer la création du verbe ‘pérorer’, soit, littéralement, ouvrir la bouche (-ore) comme Pér(onnelle), autant dire à tort et à travers. Ce qui, de fait, tombe bien mal pour évoquer l’enthousiasme et l’engagement de Sophie Petronin. Sauf, pourtant, étymologiquement!

  1. Ne confondons pas: ‘patronyme’ vient de ‘père’ (pater, en latin); alors que Petronin vient de pierre (petros, en grec) 
  2. En fait, on devrait dire ‘Domaine’, il n’y a pas de château; pas plus que ‘St-Emilion’ mais Pomerol, vignoble voisin.
  3. Et même avec une une ‘agglutination’ de l’article, comme pour Depétrini (Anne, ex-animatrice de télévision).
  4. Plus, bien sûr, Perret, comme le chanteur…Pierre, un pléonasme donc.