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…y compris à son propre auteur, si la phrase qui lui est attribuée lors d’une session de l’Assemblée Nationale est exacte (1); elle peut en tous cas être interprétée de diverses façons, ce qui a valu au jeune député du Lot de subir un « mauvais bourdonnement » (en v.o: bad buzz). Sans doute davantage une remarque qu’une attaque, au vu de ses engagements humanistes précédents, mais c’est l’occasion d’éclairer l’origine logiquement très occitane du nom de ce Cadurcien (2).

Pas besoin de beaucoup courir la campagne pour analyser la composition du mot puisque « le bonheur (de la racine) est dans le pré », littéralement. Le son initial de ce qui va constituer une grande famille de mots est le latin ’pratum’ qui va devenir, en français moderne, un ‘pré’, un pré au masculin ou une prairie au féminin, le résultat est le même. Mais alors que le terme va rester en ‘pré’ en centre-France ou en ‘prez’ dans le nord en langue d’oïl, les parlers occitans vont conserver – comme d’habitude ou presque – la consonne finale pour faire ‘prat’ voire ‘prad-‘.

C’est ainsi qu’on pourra alors utiliser le mot pour qualifier celui ou ceux qui habitent…près d’un pré, ou mieux qui possèdent telle ou telle surface de pâturage. En s’aidant le cas échéant d’une préposition de provenance, on fabrique donc sur les Prat (le terme latin, moins la finale) les Duprat (au sud de la Loire), les Dupré (3) à Paris, les Duprez ou mieux Desprez et Desprès dans le Nord. 

En Occitanie, le ’t’ de prat peut devenir davantage sonore dans un Prade(s), Pradel (comme l’animateur de télévision Jacques), Pradal (comme l’acteur Bruno), puis Pradier, l’exploitant ou le négociateur de prairies (comme l’actrice Pierrette). Quand on parle d’un site ou d’une région avec de multiples prés, c’est souvent (Les) Pradères…Le plus surprenant (linguistiquement) est peut-être la version du ‘petit pré’, contraction à partir du latin qui va donner cette fois…préau(x), ce qui signifie bien qu’autrefois, les élèves qui sortaient de la classe pour prendre l’air allaient gambader dans un espace ouvert et non ‘sous’ le préau (rarement planté de gazon frais).

Dès lors, toutes les combinaisons avec des adjectifs sont possibles afin d’ajouter tel ou tel qualificatif au pré (ou prat), soit par exemple le Pralong (un pré long), le Prarond (devinez), le Praneuf (id) ou le Pratbel (un beau pré). Plus énigmatique est le Préchaud (en fait, pré-chauf déformation de pré-chauve c’est-à-dire à l’herbe rase ou sèche) ou encore la prairie du côté ou parfois dans le bois, le Prébois (comme l’acteur Paul)!

En plus de ces multiples patronymes, il faut évidemment rajouter tous les toponymes (les noms de lieux) qui décrivent la géographie du terrain, le plus fréquent étant probablement les Prades ou Laprade, les zones nommées en ajoutant à la racine originelle (pra-) un suffixe augmentatif (-ade) qui évoque toujours une idée d’abondance. Un peu comme quand un député parle trop ou trop vite peut-être, y compris étymologiquement

(1) (au sujet de la ‘variole du singe’) «…C’est surtout une honte pour les singes! » 

(2) Natif de Cahors (Lot)

(3) Les Pré tout court son rarissimes, ainsi que les Prairie

…qui ne provoquent pas de réactions aussi vives que la vitesse de son débit de parole. Le comédien à la déjà longue carrière au théâtre et au cinéma revient également régulièrement à la télévision pour vulgariser événements et époques historiques, avec un bagout (et parfois quelques approximations) qui ne plaisent pas à tous les tenants d’une Histoire académique. Beaucoup de (télé)spectateurs sont d’ailleurs toujours intrigués par l’orthographe de son patronyme…

Il s’agit évidemment d’une ‘importation’ d’origine européenne, dans la lignée d’une histoire familiale marquée par une émigration après le soulèvement de Budapest contre le régime communiste (1956). Le nom est donc hongrois malgré cette apparence très ’allemande’ (deutsch) ou parfois…anglaise (1). Bref, il s’agit bien ici d’une allusion au pays germanique, et en fait d’un nom ‘fabriqué’ (le plus souvent pour échapper à une action offensive voire une persécution) sous l’apparence d’un nom de provenance.

C’est ainsi qu’au milieu du 20ème siècle on trouvera de nombreuses familles (le plus souvent de souche juive) qui auront adopté des ‘pseudos profanes’ comme Frank (français), Schwab (suisse), Pollak (polonais) et donc Deustch, autant dire l’équivalent de nos Lallemand par exemple…Dans la même démarche, il y a ce ‘Lorànt’ (Lörinc, à l’origine) qui correspond clairement au Laurent francophone, pas de problème à ce niveau (2).

Tout cela fait donc de ‘Lorànt Deutsch’ une sorte de pseudo de seconde génération (3) puisque l’état-civil de naissance de notre homme est en fait Lazslo Matekovics (!), franchement moins facile à caser sur un plateau de télévision sauf si vous êtes interviewé dans le cadre d’un championnat de basket. Il faut alors se tourner vers un groupe de langues dites ‘ouralo-altaïques’ (le hongrois donc mais aussi le…turc, et le finlandais qui n’est pas ‘scandinave’, en tous cas linguistiquement parlant).

Dans ces répertoires, ‘Matekovic’ est assez simple à analyser: c’est, comme souvent dans le contexte de la culture de source ou d’influence juive, ce que l’on appelle un ‘nom de baptême’, définition qui n’est pas une ‘lapalissade’ mais très exactement une façon de qualifier une personne (puis une famille) en la plaçant sous la protection d’un personnage biblique.

Dans le registre des racines chrétiennes, on ira donc chercher par exemple des évangélistes comme Luka (Luc), Tomas (Thomas) ou…Matthieu sur lequel s’appuie ‘Matek-‘, suivi d’une voyelle de liaison ‘o’ pour éviter la difficulté de prononciation éventuelle k-v, et terminé par le suffixe de filiation ‘-vic’ (le fils de). Un ‘matekovic’ est donc un fils – le plus souvent au sens de descendant (4) – d’un certain Matthieu, en tous cas baptisé comme tel. 

Quant à Lazslo, il s’agit tout simplement de la version hongroise du prénom plus largement slave de Ladislas (5), francisation de deux termes soit ‘(v)lad’ qui évoque un règne puissant, comme Vladimir (le Russe) + ‘slav(a)’ qui signifie la gloire, comme dans Slava…Ukraïna (Gloire à Zelensky)! Avec cette fois un ’i’ de liaison, pour être complet.

Un descendant de Matthieu comédien-acteur-animateur de télévision passionné d’Histoire avec une forte notoriété (médiatique) et un certain pouvoir: « Puissance et Gloire », c’est beau comme un slogan de feuilleton télé, non? En tous cas étymologiquement…

(1) Attention, pour un Anglais, le son ‘dutch’ qualifie un néerlandais; on dit  ‘german’ évidemment pour un allemand)

(2) C’est d’ailleurs sous cette orthographe que son nom apparait au générique d’une série québécoise dans les années 1990.

(3) C’est papa qui avait pris le nom de Deutsch (Jean-Pierre)

(4) La preuve, le père de Lorànt ne s’appelle pas Matthieu. D’autres descendent d’un Ivanovic (Ivan) ou Petrovic (Pierre), etc…

(5) En France quelques cas, plus souvent dans le XVIè arrondissement ou les châteaux de la Loire que dans le 9.3…