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Bamboche (le retour)

… »ce n’est qu’un déconfinement, pas une libération totale » disait un épidémiologiste. A l’encontre de quelques manifestations débridées de mauvais augure (1), nombreux sont ceux qui craignent une ‘nouvelle vague’ à la rentrée pour cause de relâchement estival: plusieurs médias ont d’ores et déjà ressorti des années 1960 un terme peut-être appelé à un coup de vernis moderne, la bamboche.

N’ayons pas peur du mot, la bamboche est péjorative; c’est une fête qui dérape, pour cause d’alcool, de durée d’errance ou de nombre de convives, bref tout ce qu’il ne faudrait pas faire en période d’épidémie; en effet, la bamboche fait de nous de vulgaires pantins, des fantômes imbibés pour ne pas dire des sortes de zombies: car, si nous faisons la bamboche en France (depuis la fin du 17ème siècle environ), c’est à cause des…Italiens, eux-mêmes influencés par un peintre…néerlandais (c’est toujours « la faute aux autres »)!

Etymologiquement, la chose vent de l’italien ‘bamboccio’ qui désigne une marionnette, et davantage une poupée de chiffon désarticulée qu’un beau Pinocchio debout. De fait, dans la culture de la Renaissance locale, ce bamboche est dérivé d’un ‘bambo’ initial qui désigne un enfant; or, autant le premier diminutif en ‘bambino’ sera affectueux, autant le second héritera d’une nuance péjorative qui qualifiera un ‘petit gros’, un gamin maladroit car obèse, sans plus de formes justement qu’un poupon en tissu. 

Et comme toujours dans le raisonnement des peuples, celui qui est moche ou différent (dont gros) est également mauvais ou bête, on rajoute donc un aspect naïf au bamboccio! Manque de chance, la prononciation finale du mot italien collera avec harmonie au suffixe français qui sert à former la critique, voire l’injure: du fantoche à la pétoche, ou des Caldoches aux Boches, c’est le son préféré des Français pour faire tache sur le nom des autres (2)…

Mais, en remontant encore un peu dans la racine, si le ‘bambo’ est un enfant (présumé garçon, vue la terminaison en ‘o’), on devrait avoir une ‘bamba’ féminine? La seule que l’on trouve n’a rien à voir avec la culture italienne cette fois (les filles ne font pas la fête?) mais avec le folklore…mexicain. 

Les historiens pensent que c’est en voyant arriver les envahisseurs espagnols que les tribus locales faisaient sonner les cloches (3) pour avertir la population avec les ‘bam-bam’ du carillon, la danse (de victoire) qui s’ensuit devenant donc la ‘bamba’, celle que rendra mondialement célèbre en 1958 le chanteur chicano (américain d’origine mexicaine) Ritchie Valens.

Mais vous avez aussi une explication plus intello-culturelle à la bamboche, celle fondée sur les tableaux du peintre néerlandais Pieter Jacobsz van Laer (1599-1642) qui commit de nombreuses gravures représentant des scènes de groupe buvant à table dans les auberges ou s’adonnant à des prémices d’orgies. Son style fut suivi par tellement d’imitateurs que, lors d’un de ses séjours à Rome, on le surnomma ‘Il Bambocchio’ (Le Bamboche -officiel!- en français, comme on aura Le Caravage, Le Tintoret ou Le Greco). 

La voilà, la ‘vraie’ bamboche? Bon d’accord, les débordements sur pelouse avec jet de bouteilles et emballages de sandwich n’ont rien de comparable avec le classicisme des oeuvres du peintre; mais c’était sans compter avec un certain Stendhal n’hésita pas, en 1805, à faire rimer bamboche avec…débauche (déboche?). Alors, forcément, depuis… 

  1. Si, si, c’est masculin…
  2. Voir tous les détails et exemples dans la chronique de janvier 2019 en tapant…boches dans le champ de recherche.
  3. Ce qui suppose une évangélisation déjà en place…

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