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Belmondo (Jean-Paul)

…étymologique ? Sans aucun doute puisqu’un certain nombre de lecteurs ont fait part de leur étonnement d’apprendre ses origines -linguistiques- italiennes. Tellement français, Jean-Paul (sportif, gouailleur, audacieux, séducteur, justicier, etc…) que ses rôles ont largement représenté l’image de tel ou tel aspect de sa personnalité. Or, il était bien fils (et père) d’un Paul, dont l’ascendant, sculpteur célèbre, était lui-même issu de deux branches originaires de la péninsule, l’une sicilienne, l’autre piémontaise (Turin), la province du Nord de la Botte la plus proche de la frontière actuelle.

Aucun obstacle -en tous cas humain- à ce que, au fil des siècles, un belmondo transalpin soit ‘passé’ en France via un comté de Nice si longtemps romain, avec ce suffixe en ‘-o’ typique de la langue, et l’orthographe de ‘bel’ conservée à l’italienne…En français, ‘bel’ subsistera très normalement devant une voyelle (un bel arbre) ou une consonne muette (un bel homme) mais sera logiquement vocalisée (transformée en voyelle) devant une consonne (un beau livre). 

Mais revenons à la version originale: il s’agit donc en fait d’un ‘bello mondo’, que l’on comprend sans trop de difficulté comme un beau monde. Facile…mais faux! Car, si la traduction littérale semble (et est) tout à fait ‘étymo’, elle n’est probablement pas logique: en effet, il faut se demander pourquoi nos ancêtres auraient surnommé quelqu’un ‘beau monde’, expression particulièrement francophone et de sens plutôt figuré qui désigne, depuis le 19ème romantique (*), une certaine élite sociale qui se retrouve en soirée(s).

Par ailleurs, si l’on en croit la fréquence de diffusion du nom dans sa zone d’origine (dont la Calabre et le Mezzogiorno), ce n’est pas vraiment l’endroit où l’on situe généralement la société italienne la plus riche (et donc dite ‘bonne’)…C’est donc sans doute que Belmondo n’est pas si ‘évident’ qu’il y parait, car le mot a subi un phénomène de remplacement assez fréquent et qui porte sur un groupe de consonnes dites ‘liquides’ (l, m, n, r); visuellement, on se refuse un peu à considérer que ces lettres puissent faire partie de la même famille, mais d’un point de vue sonore, de nombreuses racines ont vu un ‘r’ très ‘roulé’ en gorge devenir un ‘l’ pour une simple rrraison de prrrononciation, selon les époques ou les rrrégions…

Notre Belmondo, ou Belmond si l’on imagine une version francisée, est en réalité un ancien Bermond, ce qui nous ramène cette fois illico (ou schnell, plutôt) dans le monde germanique du nord de l’Europe, où la forme première est…’bermund’, soit ber-mund, formé de deux mots: le premier est le son ’ber’ (ou bern) qui représente un ours; le second est ‘mund’, qui évoque l’idée de protection.

Ours + protection, ne reste plus qu’à chercher une (tentative de) logique dans tout cela, sans doute pas au pied (ou à la patte) de la lettre encore, sauf pour gratifier un ancêtre ‘protecteur des ours’ (mais après tout pourquoi pas), ou a-contrario pour désigner un homme qui a ‘protégé (sa famille) d’un ours’. Quant à imaginer un ‘ours protecteur’ (d’une tribu germanique), la chose est peu probable, ou alors au sens figuré avec un ‘ours’ plus ou moins bien léché (un homme fort comme l’animal) se battant pour les siens, civils ou soldats…

Dans tous les cas, les Français aimant exprimer leur affection en inventant en général à leur tour des surnoms ‘bêbêtifants’ en redoublant une syllabe (Momone, Gégé, Nanard…) ont inévitablement affublé Jean-Paul d’un Bébel à la fois plus pratique et plus sonnant (mais pas trébuchant). Or, en réalité, il aurait donc dû s’appeler…Bébert! Au moins étymologiquement.

(*) A l’époque de Molière, on parlait plutôt de ‘grand monde’, les Grands étant très clairement la caste des aristocrates; le qualificatif ‘beau’ semble avoir pris de l’importance avec les fastes du Second Empire.


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2 commentaires au sujet de Belmondo (Jean-Paul)

  1. Et pourquoi pas Bern-Mund : gueule d’ours, parce qu’il a tendance à rugir de façon impressionnante lorsqu’il se sent en danger ou contrarié ? On a bien Bern-Hardt (Bernard) : qui a la force de l’ours.

  2. On peut évidemment ‘tourner autour » des performances et caractéristiques diverses de l’ours, élément très populaire dans les premiers vocabulaires de nos langues. Sauf que…je n’ai pas trouvé de racine qui signifie objectivement ‘gueule’, mais on peut également compter sur les Bernaud ou Bernoud, ceux qui commandent aux ours (bern-hari), ainsi que sur les Bernoux et Barnoux, les plus féroces sans doute puisque mélanges d’ours et de loup (bern-wulf)! Sans oublier comme vous le mentionnez les très nombreux Bern-hardt et leurs dérivés (*), surtout quand on s’appelle…Bernadette.

    (*) Attention, les Bernède et Berniolle sont en réalité des transformations gasconnes de Vernède et Ver(g)niolle, soit le nom gaulois de l’aulne (vernes).

    Cordialement, Dominique

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