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Bitche (57230)

…mais cela fait du bien de rire un peu, surtout si c’est aux dépens d’un voisin dont le nom a une sonorité avec laquelle on peut jouer. C’est le cas d’un certain nombre de patronymes plus ou moins équivoques (1) mais aussi de toponymes (les noms de lieux donc de communes) dont l’exemple-type provoque toujours l’hilarité des Français (2). 

C’est encore plus amusant sans doute quand le mot touche un élément du vocabulaire étranger, ce qui fut le cas (pendant 24h) de l’autrichienne ‘Fucking’ (3) et, puisque nos compatriotes ont fait des progrès en anglais, du…français Bitche, sur laquelle les médias se sont fait les dents à tour de rôle pendant quelques jours. Or, ce nom est mosellan (voire lorrain ou alsacien) donc d’origine strictement germanique.

Pas plus anglaise que ne l’était Fucking, Bitche -à laquelle cette ‘découverte’ récente fait une opération de promotion sans précédent- existe depuis (au moins) le 13ème siècle et n’a rien à voir avec la mère du ‘fils de’ (son of, en v.o) qu’il ne faut pas être. Signalons au passage que le terme anglo-saxon désigne simplement à l’origine une…chienne (comme quoi, tous les peuples ont à peu près le même raisonnement quand il s’agit d’être vulgaire).

Au sens figuré, et à nouveau comme en français, il va devenir synonyme de quelque chose d’em…bêtant, le canidé en question devenant un…bouc émissaire: c’est le cas des expressions ‘un temps de chien’ ou ‘un après-midi de chien’ (4). Le son ne va poser problème que lorsqu’on va l’associer au nom commun ‘woman’ (vite abandonné, pour faire plus court), lequel devient successivement synonyme de ‘garce’ (le féminin péjoratif de garçon), puis ‘salope’ (le féminin…irrégulier de salaud) et enfin putain ou pute (retour au ‘fils de’), un autre synonyme de sale-ope (5).

Mais revenons à nos Bitchois et Bitchoises, qui ont la chance de ne pas être né(e)s au Moyen-Age où le lieu s’appelait encore…Bites (parlez-en aux Biterrois!), première adaptation francique (le pré-français) d’un ‘Bytis castrum’, camp fortifié de racine latino-celte et de signification (presque) inconnue. Car, après être passé par les orthographes Bitz, Bitches, Bitchen, Bitses, Pitch (!) ou encore Biches (alors, ça va?), tout ce que l’on peut certifier est l’influence des parlers germains (sur un territoire qui d’ailleurs leur ‘appartenait’ depuis toujours).

C’est peut-être l’une des variantes temporaires du nom de la cité qui est la plus plausible, un ‘bitsch’ dont on retrouve le nom aussi bien en Allemagne qu’en Suisse (et donc écrite ‘à la française’ en supprimant le ’s’ et en rajoutant un ‘e’); il s’agit d’un toponyme (ça tombe bien) dont on a des traces dans des documents en ‘moyen-haut-allemand’ (une phase de l’évolution ancienne de la langue), avec un ‘bitz’ qui désigne à chaque fois un verger.

L’onomastique (l’étude des noms propres) utilisant souvent ce procédé de localisation pour créer un mot, on peut toujours espérer qu’avant de devenir un lieu de passage et de batailles farouches pendant des siècles, Bitche soit un coin à pommes; ce qui aurait réjoui (symboliquement) l’emblème de la ville, un serpent à deux têtes qui n’a rien de biblique mais qui « mord de la tête et de la queue », c’est-à-dire, sans doute, qui garde les deux entrées opposées des remparts.

Mais on peut également faire bien autre chose là-bas, soit travailler à la fabrication de tonneaux (comme les ancêtres du maire actuel Benoit ‘Kieffer’, le tonnelier) ou abandonner le notariat de campagne pour aller fonder à la ‘capitale’ régionale (Nancy) la cristallerie qui portera le nom d’un enfant de Bitche, Jean Daum! Classe, non? Et pas bitch du tout…

(1) Voir tous les mots de la ‘Série bizarre’ sur ce blog

(2) Evidemment la très médiatisée ‘Montcuq’ (voir l’article d’octobre 2011)

(3) Pour tout savoir sur le sujet, deux chroniques (novembre 2020 et avril 2012). Tapez le mot.

(4) Le titre du film homonyme de Sidney Lumet (1975) avec Al Pacino s’appelle aussi ‘Dog Day Afternoon’ et parle d’un braquage un jour de…canicule (à ne pas mettre un chien hors de la banque).

(5) Voir la chronique sur Putain (sept.2017)


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