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Bonaparte (Napoléon)

…l’homme au bicorne que tout le monde avait oublié ou presque (à part quelque collectionneur acharné et folklorique des programmes télévisés) a fait les frais d’une relecture ‘politiquement correcte’ de sa carrière. Les Français n’aimant rien tant que se construire un mythe (on dit ‘star’, en langage de télé-réalité) puis le démolir en scrutant sa vie privée ou professionnelle, voilà donc l’Empereur soupçonné de choix politiques ou sociaux coupables: derrière les ors de l’Empire, les noirceurs de l’esclavage. Mais qu’en dit son patronyme?

Eh bien, plutôt le contraire! Car Bonaparte vient d’une part de Corse évidemment, mais d’autre…part d’un ‘buona-parte’ d’importation clairement d’italienne (évitez quand même de dire ça si vous allez en vacances à Bonifacio) et qu’on peut résumer en disant méditerranéenne. Peu importe la langue ou le dialecte qui a ‘eu l’idée en premier’, car on retrouve le même mot dans tout le bassin maritime, que ce soit en Corse, sur la côte italienne, en Sardaigne, en Sicile voire…à Majorque, où des ‘bonapart’ font bonne figure.

En effet, on considère là-bas que la ‘buona parte’ originelle qualifie un homme de bonne-part, c’est-à-dire de bon caractère, celui qui prend les choses en bonne part justement. D’autres, moins optimistes, évoquent la situation d’un enfant qui est en bonne part dans la famille, en général l’aîné, puisqu’il a priorité et droit sur une bonne part de l’héritage (un peu tiré par les pointes du bicorne). L’une et l’autre de ces interprétations sont sans doute exagérées (ou simplement très locales) mais toujours est-il qu’on reste à chaque fois dans un contexte familial…

En fait, le sens le plus fréquent de ce surnom est probablement celui auquel les Romains accordaient déjà une grande importance, la lignée. Dans l’Antiquité, elle s’exprimait en ajoutant un mot (ou deux, ou trois…) supplémentaire entre ce que nous avons pris l’habitude de considérer comme le prénom et le nom. Ici, ce serait la signification de ‘parte’, la part (partie?) familiale voire sociale s’attachant alors à une bonne lignée. Ce Napoléon de baptême est donc un type bien né, même si venu au monde dans une maison pas trop riche situé rue Malerba (en français…mauvaise herbe!). Pas idéal comme point de départ quand on a  pourtant comme avenir de se faire sacrer empereur un jour. 

Et quel prénom! Déjà présent et transmis dans la famille, et définitivement ‘tué’ pour les générations futures par le destin écrasant du bonhomme (1), il faut bien trouver à Napoléon une étymologie, en essayant de ne pas trop fantasmer sous la pression de l’Histoire. Etant donné la souche italienne, certains soutiennent que le mot remonte à (ou plutôt descend jusqu’à) ‘Néapolis’ soit néa-polis en grec et Naples en français, la ville-nouvelle car fondée après (et à côté) d’une première colonisation urbaine antérieure.

Or, rien ne prouve que tous les Napoléon soient originaires de Villeneuve-en-Campanie, ni que la famille Buonaparte se soit adjugé le monopole dudit prénom, même si, au faîte de sa gloire, le Corse désormais définitivement émigré dans le ‘pays ami’ de France acceptera une légende qui fera le lien avec un hypothétique Saint Néapole, officier (comme lui) romain puis martyr chrétien (une manie), et qui aurait donné l’idée à l’empereur de lui (se?) consacrer le 15 août comme fête. 

Une autre piste (c‘est le cas de le dire) suivrait les traces d’un…lion (leo ou leon, en latin) qui aurait posé les pattes dans un vallon boisé local (napo, ou plutôt napê, en grec), mais…rien ne prouve que le coin servait de réserve d’élevage aux félins destiné au cirque (de gladiateurs); plus sérieusement, d’un point de vue linguistique, l’équivoque continue puisqu’on trouve des écrits portant l’orthographe Napulion (porté par un aïeul de Napo) ou Napuléon (qui glisse facilement vers le mot qu’on connait), d’autant plus que le nom de la ville de Naples (Napoli, en italien) est bien Napule, en dialecte…napolitain.

Signalons pour terminer deux curiosités historico-anecdotiques : outre les villes des…Etats-Unis nommées Napoléonville dans plusieurs états dont l’Iowa ou l’Arkansas (?) mais aussi la Louisiane (plus logique), il y a (eu) une commune bien française (bien que vendéenne) qui a plusieurs fois changé de nom – en quelques décennies! – c’est La Roche-sur-Yon (2), qui est passée de ‘Napoléon’ tout court (sous le premier Empire), puis…Bourbon-Vendée (sous la Restauration) et re-‘Napoléon-Vendée’ (sous le Seconde-Empire), avant un siècle et demi de calme (pour l’instant) autour de sa place centrale (devinez le nom)..

Par ailleurs, à force de chercher dans les dictionnaires, quelques érudits (ou artistes) ont trouvé un ‘napos’ (ou plus exactement ‘napis’) utilisé par des médecins et surtout des agronomes romains à l’époque de…l’empereur Tibère (contemporain de Jésus). Manque de chance, ce ‘napos’ désigne un légume, pas forcément le plus prisé aujourd’hui mais essentiel autrefois, le…navet. Ce qui fit immédiatement remettre en lumière le proverbe latin ‘napo leo non vescitur’ : le lion ne se nourrit pas de navet (3). Difficile à caser éventuellement au fronton des Invalides, même étymologiquement.

  1. Qui oserait appeler ainsi son fils au 21ème siècle?
  2. Aujourd’hui, comme à l’origine, tout platement (si l’on peut dire) « la ville construite sur une roche au-dessus de la rivière Yon », du nom d’un prêcheur chrétien du 3ème siècle.
  3. En français de la Révolution: « le nabot corse a bouffé du lion »

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Un commentaire au sujet de Bonaparte (Napoléon)

  1. 👏🏼👍🏼

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