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Chalureau (Bastien)

…dans une mêlée médiatique politico-sportive qui talonne de près le joueur du stade héraultais de Montpellier mis en cause par deux députés pour des déclarations ‘inappropriées’ dont il faut qu’il se défende à quelques jours du match d’ouverture. Peu soucieux de faire trembler un pilier forcément impressionnant, un journaliste radio a brièvement tenté de ‘comprendre’ son nom, « qui a l’air d’être un croisement entre ‘chaleureux’ et ‘chalumeau’ » (citation). Eh bien, d’une certaine façon…c’est exactement ça!

Chalureau est en effet une forme de patronyme caractéristique de l’Ouest atlantique (même si le nôtre est né en Haute-Garonne, confirmation qu’il y a eu dans les générations précédentes, y compris lointaines, une émigration vers le sud); le mot est un dérivé du vocabulaire d’ancien-français ‘chalure’, très proche de notre moderne ‘chaleur’ (calor en latin, conservé dans diverses langues).

Mais ce chalure a peu de rapport avec la température estivale puisqu’il est devenu progressivement une ‘chaleur…chaleureuse’, donc à prendre plutôt au sens figuré et à un niveau assez fort: en effet, il était question de quelqu’un de particulièrement ardent voire bouillant (!) et non pas seulement affectueux. On dirait qu’il y a encore une fois, comme très souvent en étymologie, des clins d’oeil (d’yeux?) derrière les racines.

D’autant que le prénom Bastien n’est pas vraiment anodin non plus: il s’agit cette fois d’un terme qui a subi une ‘aphérèse’, ce phénomène linguistique qui érode ou raccourcit un mot pour différentes raisons (importation étrangère trop complexe, longueur des syllabes pas pratique, confusion possible avec autre chose…). Bastien est en l’occurrence l’aphérèse de Sébastien, dont l’origine typiquement grecque (sébastos) renvoie à un adjectif inspiré par le respect ou même la crainte religieuse.

Au fil du temps, cette crainte s’est transformée en notion de respect humain voire de vénération à tel point que, tout comme les empereurs romains étaient qualifiés de ‘césars’ ou d’augustes’ (ça n’était pas leur ‘prénom’), l’adjectif ‘sebastianus’ est devenu leur équivalent lors des siècles suivants; d’où, par exemple, le nom de la ville russe (pour l’instant) de Sébastopol (sébastê-polis en grec), la ‘cité du tsar’ (parce que empereur, ça fait mauvais genre aujourd’hui…) 

Conclusion: voilà un joueur qui n’a plus qu’à se montrer suffisamment chalureau pour devenir avec son équipe le roi du Championnat. Au moins étymologiquement!


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