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Charles (III)

…si l’on en croit ce que pensent des Français qui sont pourtant prêts à oublier la course du monde (plus de guerres, plus de pandémie, plus de crise, plus de manif) au moindre petit doigt royal coincé dans une porte ou à la moindre oreille dépassant d’une couronne. Le monarque du moment s’appelle donc Charles. Bon, et alors…que peut-il y avoir de particulier dans la racine de ce mot tout à fait simple et familier? Eh bien figurez-vous qu’un ‘charles’, ce n’est pas n’importe qui, surtout étymologiquement! A votre avis?

Comme tous les surnoms considérés aujourd’hui comme prénoms (ou patronymes), Charles a bien une origine particulière, mais peut-être ne vous étiez-vous jamais posé la question (ça, ça s’appelle gagner du temps, pour vous laisser encore quelques secondes pour trouver tout seuls ou imaginer quelque chose)…Rien à voir évidemment avec une histoire de chat, dont le son se rapprocherait le plus possible d’un terme uniquement français. Le mieux est de voir comment l’appellent un certain nombre de nos voisins, européens ou au-delà.

Disons pour commencer qu’il y a deux grandes orientations en la matière, ceux qui ont adapté à leur langue la racine pour créer Charles, Charlot (le diminutif, le petit Charles ou le Charles dont on se moque); et puis ceux qui ont gardé le son originel qui est un ‘c’, comme le Carolus latin qui est en fait déjà emprunté à l’ancien germain ‘Karl’, et il n’y a plus qu’à ouvrir le robinet…

Le son germain initial est en fait ‘karal’ et désigne une personne, tout simplement. Dans l’esprit de tout le monde (jusqu’au début du 21è siècle), parler d’une personne, c’est forcément d’un homme qu’il s’agit; on ne peut même pas envisager l’hypothèse d’un ‘humain’ (histoire de regrouper les femmes), mais d’un véritable mâle. C’est un peu l’équivalent du latin ‘ vir’, celui qui a donné l’adjectif viril, donc aucune équivoque sur la dose de testostérone attendue en l’occurrence. C’est si vrai que le karal en question est souvent utilisé pour qualifier un mari, un époux dont le rôle conjugal est mis en avant, en même temps que sa capacité à assumer un travail pour faire vivre sa famille. Bref, un mec, un vrai.

Aucun doute dès lors que cette sonorité ait eu autant de succès, puisque, depuis les Carlo, Carlito (diminutif) ou Carlos méditerranéens jusqu’aux Carlu corses, puis les Carl scandinaves et plus tard les féminins Carla (Bruni, Carlita selon Nicolas S.), la racine a essaimé dans le monde entier. Sans oublier les carlins, cette race de chiens au museau noir écrasé (c’est ça ou les Yorkshire) ainsi nommés en référence à l’horrible masque de scène d’un acteur du théâtre italien qui avait pour pseudo Carlino (Carlo-Antonio), un homme qui n’avait certainement pas besoin de ça pour devenir cabot. Signalons au passage que, rayon chiens, notre royal héritier est également connu pour ses qualités de cavalier, fâcheuse homonymie avec une race de mini-épagneuls bicolores qui ont écopé du même qualificatif (cavalier + king+charles!).

En version plus française, on va avoir des Carles (des Charles de l’Est en général) et, directement formés sur le latin, des Carolin et des Caroline; chez nous, les Carol sont moins fréquents au masculin (mais ont plus de succès aux USA, en général portés par des immigrés britanniques comme le réalisateur Carol Reed); parallèlement, la forme polonaise va donc être Karol, comme pour Wojtila dit Jean-Paul II, etc…

Venons-en donc à la version plus ‘chuintante’ créée par la langue d’oïl parisienne pour aboutir à notre Charles dont le plus ‘grand’ des représentants sera un empereur de la dynastie des Carolingiens (what else?). Quant au stade du 13ème arrondissement de Paris, il porte le nom d’un recteur de l’Université, un certain Sébastien Charlety qui oeuvra pour la création de ce lieu emblématique pour de nombreux sportifs. Comme les Charley bourguignons ou les Charleix limousins, celui-là portait le suffixe de sa région (parisienne) en ‘-y.

Citons également un Charles géographique, la ville de Charles soit ‘Charles Town’ contracté en Charleston (en…Caroline du Sud, of course) où naitra, dans les années 1920 une danse syncopée empruntée aux traditions des nombreux esclaves noirs de la région. Par contre, rien à voir (a-priori) avec toutes les histoires de ‘charlatan(s)’, issu d’un verbe italien du 16ème siècle qui est ‘ciarlare’ (prononcez ‘tchiarrlaré) qui signifie bavarder, ‘tchatcher’ pour bluffer son interlocuteur et détourner son attention pour le voler, d’où le sens plus général de tromper quelqu’un par un discours frauduleux…

Curieusement une fois passée la mode des Charles (de Gaulle ou Martel), le prénom prit une tonalité plus populaire dans les années 1950, avec un petit air de coin de bistrot adressé à un copain dont on ne croit pas vraiment les déclarations (« tu parles, Charles », basé sur l’allitération) devenu, dans les années 1990, un « tu parles, Charles » un peu condescendant. Ce qui ne saurait évidemment être le cas de sa Majesté (doit-on toujours dire gracieuse?), l’un des rares hommes de la planète à n’avoir jamais pu, de toute sa vie, ouvrir tout seul la portière de sa voiture. Sauf étymologiquement bien sûr.


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