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Debré (Michel)

…met à l’épreuve l’attention de quelques journalistes (et la mémoire de quelques auditeurs) pour éviter toute confusion entre les membres d’une -très- grande famille politique française. Bernard était en effet le frère (faux-jumeau) de Jean-Louis, entre autres ex-ministre de l’Intérieur d’Alain Juppé; le fils de Michel, entre autres feu le Premier Ministre du Général de Gaulle; et donc le petit-fils du professeur Robert Debré, considéré comme le fondateur de la pédiatrie moderne (1).

Debré, nom simple, bien ‘français’ -pour ceux qui se rassurent rapidement sur la sonorité d’un mot- et donc forcément facile à comprendre…En êtes-vous sûr? Si vous preniez quelques secondes pour essayer de deviner à quoi fait référence ce patronyme, probablement issu du territoire d’implantation politique privilégié du clan Debré, l’Indre-et-Loire?

Encore une phrase pour retarder votre lecture et vous donner le temps de trouver la solution (je vous aide): il est presque évident que le mot se compose de deux parties, (de-bré), dont la première pourrait bien représenter l’article défini contracté (du-le); on aurait donc pu peut-être avoir ‘du-bré’, autre forme d’une ‘agglutination’, le collage entre l’article et le mot qui suit étant intervenu au fil du temps. 

Eh bien…la réponse est oui. Ou non, mais plutôt non!

Partons tout d’abord à la recherche de ce que pouvait être ce ‘-bré’, et là, pour une fois, c’est le déferlement d’hypothèses. En prenant le son au pied de la lettre, on peut en effet envisager plusieurs origines à cette syllabe. Tout d’abord, comme pour le philosophe et militant Régis Debray – même son mais orthographe différente et, pour une fois, significative – la notation d’un toponyme, un nom de lieu généralement normand issu du terme gaulois ‘braco’, qui évoquait un marais. D’où le Pays de Bray voisin, par exemple.

Deuxième possibilité: un emprunt à la prononciation lorraine ou alsacienne de ‘bré’, soit tout simplement…’bref’ (en parisien) autrement dit, comme pour le célèbre papa Pépin de Charlemagne, quelqu’un non pas qui parlait peu mais qui ne montait pas haut, un petit. Là encore, plusieurs communes ou lieux-dits en France s’appellent Bré ou le Bret, équivalent du Lepetit français ou du Le Bihan breton.

C’est justement en Bretagne que cela se complique (un peu), puisqu’une autre racine gauloise (‘briga’) a pu prétendre représenter le nom, après contraction. Or, dans cette version, le mot définissait une…hauteur, ce qui ferait de nos Debray/Debré des gens qui « descendent de la colline », à cheval ou pas.

Quelques linguistes wallons mettent en avant les Debreu du Nord et de l’Est de la France (longtemps sous influence germano-néerlandaise, pour schématiser), également représentés par des Debreux. Et ce ‘breu’-là est également présent dans…le sud occitan sous la forme ‘breuil(h)’, pour caractériser un bosquet, un groupe d’arbres en général planté au milieu d’un champ. Là encore, il a donné naissance à plusieurs noms de communes, ainsi qu’un patronyme (après ‘extension’ cette fois) de…Broglie (2).

Vous avez fait votre choix? Dommage, car, contrairement à l’habitude, la recherche phonétique n’est pas ici la meilleure des méthodes en tous cas spontanément, à cause d’un piège…historique: il fut un temps en effet où, pour des raisons diverses mais en général mauvaises, on obligeait les gens sinon à changer du moins à modifier leur nom, à commencer par une orthographe parfois gênante.

Pendant plusieurs siècles, la colonisation obligea certaines populations immigrées de gré ou de force à franciser un son imprononçable (et surtout dangereusement incompréhensible) par l’Etat-Civil français; ce qui n’était pas si différent des réflexes centralisateurs des sergents-recruteurs de la Première Guerre Mondiale en tournée dans des régions où ils ne comprenaient pas le ‘patois’ des enrôlés.

La pression était sans doute encore plus forte trente ans plus tard, quand des milliers de familles juives souhaitèrent ou furent incitées par divers moyens à adapter un patronyme trop ‘éloquent’ pour l’envahisseur. Et pas qu’à cette époque: en mars 1808, une loi impériale (merci Napo) ordonna le recensement des Juifs en les obligeant à se déclarer en mairie (décret de Bayonne du 20 juillet) et donc, pour certains, à…se donner un nom (3).

Or, Bernard (et Jean-Louis, et Michel) est le descendant d’un Simon Debré, lui-même petit-fils d’un Anschel (Anselme) Moïse originaire de Bavière, qui a pris à cette époque le nom de…Déprés, devenu plus tard Debré (des braies, ça faisait trop équivoque sans doute). Cette francisation forcée est donc sans doute empruntée à un ‘des-prés’, cousin au moins linguistique des Desprats (Duprat, au singulier) gascons, des Despréaux (dimintuif) de la vallée de la Loire ou des Desprez nordistes, en tout cas aucun lien avec l’Indre-et-Loire (ou l’Eure, pour Jean-Louis)!

Sachant que les De(s)prés (nom rare) ont pu désigner le propriétaire de prai-ries situées…près de sa maison, notre homme aurait pu tout aussi bien risquer de choisir Deschamps! Sauf étymologiquement bien sûr.

  1. D’où les nombreux hôpitaux -pas forcément pédiatriques- qui lui sont dédiés en France. 
  2. Ce qui explique la prononciation en ‘de Breuïlle’ et non ‘de Brogueli’…
  3. Accessoirement, la loi organisait également les droits au travail et les métiers autorisés aux-dites populations…

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