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échafaudage

C’est ‘le’ mot du jour, remarquable -et très remarqué sur les réseaux sociaux- pour diverses raisons: il s’agit d’un lapsus lourdement chargé de (plusieurs) sens, prononcé par un jeune homme qui a sauvé des personnes dans l’incendie qui a récemment ravagé un immeuble parisien habité par des sans-papiers. «Comment avez-vous fait?» demande le journaliste. «J’ai dit au monsieur de monter sur…l’échafaud, et après, il était sauvé». Vous avez deviné qu’il s’agissait en fait d’un ‘échafaudage’, évidemment. Révélateur ou dramatique, le lapsus? Sans doute mieux que cela: quasi-indispensable!

Car, malgré les apparences et bien au-delà des commentaires ironiques de chroniqueurs de plateau moins intéressés par la langue française que vous qui êtes en train de lire cet article, il apparaît sans aucune équivoque que, d’un point de vue étymologique, l’échafaud et l’échafaudage sont de même (forcément) construction…A l’origine, il y a la racine ‘fala’, issu du vocabulaire ‘bas-latin’ (pas très classique, plutôt période fin de règne de lEmpire romain), qui signifie une tour. Une petite tour, pas un truc format-donjon, mais plutôt une petite cabane (de guet) vite construite, voire une simple stèle de bois dressée à hauteur d’homme (pour suspendre quelque chose, ou élever un signal).

En fait, le sens qui nous intéresse le plus est celui de structure ou de charpente, car le terme va progressivement désigner tout assemblage de planches et/ou de tasseaux, y compris jusqu’à de simples tréteaux, à usages divers et parfois surprenants. Car, ce ‘-fala-‘, qui va se ‘vocaliser’ en ‘-faud-‘, va être associé à deux autres segments: un préfixe et un suffixe. Le premier est ‘écha-‘, probablement monté là par attraction (sous l’influence) du mot ‘échelle’. Logique: pour monter sur la tour, ou même seulement sur un plateau surélevé, il faut gravir quelques degrés. Et, en guise de suffixe, ce ‘-age’ peut évoquer un site (village, bocage) ou une abondance d’éléments (feuillage); ici, il définit le résultat du travail une fois édifié.

On a donc un ‘écha-faud-age’ qui illustre bien une action qui utilise plusieurs bouts de bois pour dresser un ‘truc’ sur lequel on peut monter. Or, au XVIème siècle (Louis XVI n’est pas encore né), apparaît la version…écourtée, sous la forme ‘échafaud’, où il est question cette fois d’un plateau construit en hauteur et agrandi, sur lequel on va poser une machine à trancher des jambons qu’on fera monter par une petite échelle! Alors, simultanément et contrairement, l’échaudage va se distinguer en prenant de la hauteur et de la complexité: en utilisant de nouveaux matériaux (le métal), le mot va se spécialiser dans le domaine artisanal pour qualifier des systèmes d’assemblage et de montage temporaires, histoire de ravaler les pierres de la façade ou la peinture du plafond.

Croyez-le ou non, notre langue a même…échafaudé une dernière combinaison assez surprenante: en rajoutant à cette même racine ‘fala’ le préfixe grec ‘kata’ qui veut dire par terre, ou étiré en long, on a fabriqué un…cata-fal-(que), c’est à dire, littéralement, la petite construction allongée sur laquelle on pose un cercueil pour exposer le cadavre. Rien n’oblige que ce soit à la descente d’un échafaud, et encore moins après avoir raté un échafaudage. Mais quand même!


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Un commentaire au sujet de échafaudage

  1. Intéressant
    On navigue entre érudition et malice
    J’aime

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