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fable

«C’est une fable», a déclaré l’ex-Premier Ministre François Fillon au sujet d’une supposée (à ce jour) demande pour accélérer le cours de la justice contre Nicolas Sarkozy. Qu’en terme (bien) choisi cette chose-là est dite! Car une fable, contrairement au sens très restrictif de baliverne que l’on a gardé dans le langage moderne, veut dire -justement!- bien autre chose; ce serait même l’un des mots les plus ‘parlants’ de notre vocabulaire. Et pour cause…

Généralement, et c’est sans doute ainsi que l’a formulé notre homme politique, une fable est un récit imaginaire, une histoire inventée de toute pièce (pour ne pas dire abracadabrantesque, de digne mémoire). Autrement dit, M.Fillon aurait pu fredonner le célèbre ‘Paroles, paroles’ de Yolanda Gigliotti (1), le regard en l’air et la moue pendante, cela revenait au même, y compris étymologiquement. Car la vraie racine de ‘fable’ n’a pas de connotation…fabuleuse, c’est-à-dire un récit fictif souvent épique, donc complètement inventé (une af-fabulation), puis de ces petits contes moralisateurs interprétés par les animaux favoris d’un certain Jean de la Fontaine qui lui-même les avait pompés chez les Latins ou les Grecs (et hop, Esope! (2).

Dans une fable, il y a deux racines (enfin, davantage si c’est  »Le chêne et le roseau »), ou plutôt une racine et un suffixe, à savoir ‘fa-‘ (rien à voir avec la note de musique), courte syllabe empruntée au verbe latin ‘fari’, qui, à ce stade, signifie parler (et non pas dire -nuance- donc encore moins raconter). Parler, c’est exprimer un son, pouvoir puis savoir faire vibrer ses cordes vocales, bien avant de dire quelque chose, c’est-à…dire utiliser la voix pour faire passer un message. Exemples: un bébé parle bien avant de dire son premier mot (censé); à l’opposé, il arrive que bien des gens parlent pour ne rien…dire (même résultat). Franchement, pour une fois, on ne peut pas faire plus précis question langage.

D’ailleurs, savez-vous comment (à Rome) on appelait un être qui ne peut pas parler, ou, plus symboliquement, qui n’avait pas droit à la parole? Sur ce verbe ‘fari’ (oui, je sais, c’est un peu bizarre comme mot), on va construire le participe présent ‘fans’ (=parlant), auquel on va adjoindre le préfixe dit privatif (qui annule une action) ‘in-‘ (3). Résultat: in-fans, celui qui ne parle pas, est devenu en français un…en-fant, rôle (sans paroles) attribué, dans la hiérarchie familiale, à celui ou celle qui n’a rien à dire ou plutôt qui n’a pas ‘à la ramener’ (la chrétienté permettra l’âge de raison à 7 ans; la République, la majorité à 21 puis 18 ans; l’auto-école à 15 ans).

Ainsi analysée, la ‘fa-able’ signifie davantage ‘qui peut ou qui doit être dit(e)’, comme si on avait le suffixe français -able qui indique qu’on est…cap-able de dire (4). Malheureusement, ce sont encore les enfants (!) qui vont désormais faire les frais de ces histoires à dormir debout, puisqu’au fil du temps, la fable sera tout aussi bien une narration imaginaire (« Il était une fois… »), un conte (‘ »Le Petit Poussé…hors de l’Elysée »), une anecdote (‘Le Déjeuner de c..’), une pièce de théâtre (« Panique à l’UMP ») ou un poème (« Un seul être vous ment… »), bref tout ce qui relève d’une invention intellectuelle, plus communément appelé ‘salade(s)’. D’où, progressivement, le sens d’un récit mensonger (surtout au pluriel), y compris jusqu’à désigner une illusion de l’esprit, et même un fantôme (un mirage de parole?), en rajoutant au passage un petit vernis d’ironie ou de malveillance (toute ressemblance avec…).

On savait depuis longtemps que ‘toute vérité n’est pas bonne à dire’, voilà un exemple flagrant qu’elle n’est pas non plus toujours possible. Alors, étant donné qu’on est à peu près certain que messieurs Fillon et Jouyet (Secrétaire Général de la Présidence) se sont bien ‘parlé’, se sont-ils ‘dit’ pour autant quelque chose? Se sont-ils alors raconté des fables, et si oui, lesquelles (5)? Et quelle en sera la morale? Etymologiquement parlant, bien sûr.

(1) dite Dalida
(2) auteur grec du 6ème siècle avant JC. ‘Le corbeau et le renard’, c’est lui (même si on se demande où il a vu son goupil)
(3) comme in-cohérent, in-connu, in(/m)possible, etc…
(4) en réalité, c’est bien le ‘b-l’ du ‘fabula’ latin.
(5) au choix, »le loup et l’agneau » », « le coche et la mouche », « le lion et le rat », ou… »les animaux malades de la peste »?


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