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Funérailles

…il serait peut-être temps de la laisser reposer en paix, cette reine à laquelle on a imposé un trajet qui aurait pu être le plus épuisant (de son vivant), de château en chapelle ardente,  d’aéroport en château, et enfin de cathédrale en cimetière. Soit Balmoral – Edimbourg – Heathrow – Buckingham – Westminster – Windsor en onze jours (1). Logique, à défaut d’être habituel, puisqu’il fallait organiser des funérailles officielles. Rien à voir donc avec un ‘enterrement’; par contre, il y avait beaucoup ‘d’obsèques’. En tous cas étymologiquement…

La funéraille, tout comme l’obsèque, n’existe pas: le mot est toujours au pluriel; il est vrai que pour l’une comme pour l’autre, elles mobilisent parfois beaucoup de personnes, au nombre desquelles se trouvent parfois quelques ’obséquieux’, adjectif français dont l’emploi désormais légèrement péjoratif va nous donner le premier sens – y compris chronologique – de la cérémonie.

En effet, en latin, tout ce qui est ‘obsèque’ équivaut à de…l’obéissance ou à de la complaisance; et même plus précisément à de l’acceptation, aussi bien celle qui consiste à reconnaitre la mort du défunt (2) que le respect qu’on va lui témoigner en suivant son cercueil. D’ailleurs, à l’époque romaine (et aujourd’hui encore) on ‘suit’ des obsèques, c’est-à-dire, littéralement, qu’on accepte de venir participer au cortège funèbre en cédant à la ‘convocation’ supposée (sauf récusation) de la personne disparue.

Le déroulement de la manifestation (cf. les nombreuses chorégraphies cadencées des militaires et des ‘royals’) commence donc par un « défilé d’obsèques »; on est encore loin des funérailles et encore plus de l’enterrement (le cas échéant)…Vient alors le temps de « l’anéantissement ou de la destruction », soit en latin le mot ‘funus’, celui qui va donner évidemment funérailles mais aussi les adjectifs funéral (rare) et surtout funèbre, presqu’uniquement conjugué avec pompe, service ou oraison (3). 

Or, comme vous vous en doutez, il n’y a rien de fun dans ce ‘funus’ puisque le mot définissait à l’origine une mort violente, en général par meurtre. Au fil du temps, seul le sens de mort survivra (si j’ose dire), y compris pour des morts naturelles et pas forcément sauvages, d’où l’usage commun actuel… 

Après les obsèques (la promenade) et les funérailles (le constat de trépas) viennent alors l’enterrement ou l’inhumation. Grosso modo, le résultat est le même: on vous descend dans un trou avant de vous jeter de la terre dessus, des fois que quelque chose pousserait sous la pierre tombale. Pour ‘en-terre-ment’, pas besoin de sous-titres; pour ‘in-humation, c’est juste la même chose en plus prétentieux, d’après le terme latin ‘humus’ qui signifie le sol, donc la terre. En foi de quoi (4), Elizabeth II ne peut en aucun cas être inhumée (mise en terre) puisque son cercueil n’aura été que déposé dans la crypte de la chapelle St-Georges du château de Windsor (sauf à casser quelques dalles de marbre)…

Petit grain (de sel, ou de sable, ou de terre) au passage : ‘humus’ a conservé son sens très…terre-à-terre en français pour qualifier le compost naturel du sol, ce qui nous laisse supposer qu’une ‘inhumation en terre’ (pléonasme) se devrait d’être la solution la plus écologique, à condition de déposer et de recouvrir le corps en ‘pleine terre’ et sans cercueil; mais je ne veux pas vous pourrir la suite…car cet humus est intéressant: dans notre langue, la même racine va donner l’adjectif qui évoque quelqu’un qui a su rester ‘près de la terre’ (symboliquement), ‘humilis’ en latin donc humble. Et plus prosaïquement, ce qui est plus près de, voire dans la terre est également ‘humidis’, soit…humide autre résultat d’un humus bien aéré.  

Vient enfin la sépulture, qui n’est donc ni le cercueil, ni le tombeau mais « l’endroit où l’on se place pour venir rendre les derniers devoirs aux morts »; il peut alors s’agir d’un lieu plus général, carrément parfois le cimetière par lui-même, sauf si vous avez demandé une ‘incinération’, une réduction ‘en-cendre(s)’; mais franchement, ça a moins de gueule qu’un podium à quatre marches gardé par des bonnets à poils figés pendant des heures, non?

(1) Vu la vitesse du corbillard, on comprend…

(2) Ou le décès du vivant, la langue a tant de mots!

(3) Sauf pour Napoléon, qui aurait pu dire à Ste-Hélène: « Ce rocher restera mon horizon funèbre »

(4) Et contrairement à ce que de nombreux commentateurs ont répété à longueur de journée…


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