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Garcia (Caroline)

…rien à voir avec une histoire d’astronomie mais avec le ‘retour’, en tous cas médiatique, de la joueuse de tennis professionnelle qui vient de s’adjuger la finale du tournoi de Cincinnati. Parfois peu ou prou critiquée pour échouer in-extremis au pied du podium (voire des qualifications) lors de compétitions mondiales, la Française a une réputation d’endurance et même de jeu agressif; forcément, elle s’appelle Garcia…

Ce patronyme, devenu célèbre dans de nombreux domaines dont le cinéma français (Nicole, José) mais aussi américain (Andy), le football (Rudi) ou la décoration (Jacques), sans oublier la littérature (Federico Lorca, Gabriel Marquez), est largement répandu dans le monde. La diffusion du nom doit évidemment beaucoup à l’émigration espagnole et portugaise (1); en France, la souche la plus nombreuse se situe dans le sud-ouest, ce qui semble d’une influence géographiquement logique vu la proximité de la culture hispanique.

Or, étymologiquement, ‘l’étymon’ (la racine originelle) est de provenance basque, un ‘hartz’ simplifié en ‘harz’ par la suite hors zone pyrénéenne. Rien à voir avec le massif montagneux allemand (2), il s’agit du mot qui désigne l’ours, personnage emblématique (et aujourd’hui controversé) des montagnes franco-espagnoles. Tous les Basques ne s’appelant pas Hirigoyen ou Etcheverry, voilà donc un surnom dont l’apparition est logique (la présence d’un être remarquable dans une région), sans que l’on puisse toujours certifier la toute-première raison de ce ‘transfert’ sur l’homme.

Est-ce une histoire de chasseur ou, plus prosaÏquement, une ressemblance entre l’animal et la constitution robuste (et probablement poilue) d’un habitant local? L’homme -qui n’a pas forcément vu l’ours- était peut-être tout simplement ‘grognon’ et c’est la première idée de comparaison qui est venue à l’esprit de nos ancêtres (3). Reste à savoir comment cet ‘ours’ est devenu ‘garcia’…

Dans sa langue d’origine, ‘harz’ est toujours présent dans des patronymes comme Harcia mais surtout Garz, Garzea, Garzia (!) voire avec un composé comme Garciarena (la demeure des Garcia) particulièrement répandu en Amérique du Sud. La clé de l’énigme est dans cette transformation du ‘h’ en ‘g’, que l’on appelle une inflexion, phénomène linguistique qui consiste (ici) à rendre plus gutturale une lettre.

Dans d’autres cas, selon que la consonne concernée est plus ou moins ‘sifflée’ ou aspirée, le résultat va permettre de passer, par exemple, de Hourcade à Fourcade si l’on parle de patronymes, mais aussi de noms communs prononcés différemment d’un côté ou de l’autre des Pyrénées: le ‘higado’ espagnol correspond au ‘foie’ en français; ‘horno’ est devenu ‘fourneau’; ‘hijo’ est pour nous le ’fils’, etc.

Pas encore convaincu? Voyez comme ‘hermano’ (le frère) est devenu par la même opération le…’germain’, adjectif dont le tout-premier sens (12è siècle) est, comme en latin, « naturellement issu du même père et de la même mère ». Donc, forcément, génétiquement ‘frère’! La preuve (de la preuve) , comment appelle-t-on le fils du frère de votre père? Le cousin…germain! Lequel n’est donc  pas obligatoirement citoyen berlinois.

Evidemment, se pose la question « Mais alors, de qui les (anciens) Allemands sont-ils les frères », puisque même les Anglais continuent à les appeler ’germans’? C’est que ce germain-là n’a rien à voir avec notre première racine mais avec une probable origine de ‘geri-mann’, soit un surnom ‘d’hommes à la lance’ qui daterait le l’époque de Jules (César). 

Les conditionnels vous laissent supposer que personne n’est vraiment d’accord avec cette ‘Germanie’: là encore, la preuve en est que les Français les appellent du nom de la principale tribu installée entre Rhin et Danube (les Alamans), et que les Allemands eux-mêmes se traitent de ‘Deutsch’, d’après un terme local qu’on peut comprendre comme ‘notre peuple’ (of course)…

Terminons en précisant que les Garcia n’ont aucun lien avec les…garces, garçons, garçu et autres garsette; tous ces mots sont dérivés d’un son d’origine néerlandaise ‘wrakkjo’ (vous voyez comme le ‘w’ en encore devenu ‘g’) et qui qualifiait un valet. Lequel a continuer à s’appeler ainsi sw’il était de chambre mais qui est vite devenu ‘garçon’ au comptoir des cafés (le valet qui sert en terrasse!). 

Logiquement, ce garçon a eu un féminin qui est longtemps resté tout à fait honorable sous la forme de ‘garce’ pour désigner une fille de condition modeste, hélas vertement critiquée par la maitresse de maison quand elle s’est aperçue que son mari montait un peu trop souvent à l’étage…Il s’en est suivi des Garcin, des Garçonneau et aussi quelques Garcie francisés (on a oublié le ‘a’ trop hispanique) qui se sont eux-mêmes déformés en Gassie(s) et Gassion, nom d’état-civil d’une certaine Edith plus connue sous son nom d’oiseau de Piaf. Laquelle n’a donc pas vu l’ours, en tous cas étymologiquement.

(1) La preuve avec une présence importante de Garcia…aux Philippines, à la suite de la colonisation.

(2) Le Harz germain viendrait d’un mot d’ancien-allemand (hart) qui désigne une montagne; certains linguistes vont un peu plus loin en faisant très judicieusement remarquer la présence de nombreux résineux (harz signifie…résine). Logique!

(3) Comme un bon siffleur (ou chanteur) a été ‘Rossignol’, un homme au nez crochu ‘Corbeau’, etc…


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