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Gifle

…si l’on en croit non seulement la baffe magistrale mondialement répercutée à la fois sur la joue de l’animateur des Oscars et sur toutes les chaines de télévision, mais aussi la claque sonore qui a retenti dans la salle d’audience du palais du justice d’Aurillac où se tenait le procès en inceste de l’acteur Richard Berry (*). Il semble que le cinéma n’en soit pas toujours tant que ça…

Etymologiquement, il ne peut (éventuellement) y avoir de gifle que sur la joue, puisque c’est la définition même du mot: en effet, jusqu’au 17ème siècle, la gifle ne désigne pas le coup lui-même mais la partie du visage sur laquelle il s’applique. Et comme la violence est l’une des choses du monde les mieux partagées, il semble qu’un seul et quasi-unique son soit à l’origine des nombreuses volées réparties dans les langues européennes.

Il faut en fait remonter au moyen-âge allemand pour trouver dans plusieurs dialectes germaniques le son ‘kff’ qui cherche peut-être à imiter le bruit délicat d’une paume de main qui érafle une ’mâchoire’, puisque c’est le sens précis de la racine à l’époque. Mais comme toutes les gifles ne sont sans doute pas assez fortes pour la décrocher, on ne va retenir que la zone de la ‘joue’, soit la partie charnue sur laquelle atterrit la frappe, là où certaines ont pour effet de laisser une trace rouge.

Selon les régions et les époques, le mot va donc successivement désigner la mâchoire (l’os) ou…la gencive (la chair); puis la joue (intérieur-extérieur), la marque sur cette joue (dite ‘baffe’, un autre son charmant), puis encore le son provoqué par la force de la frappe (une ‘claque’) voire, à partir du 18ème siècle français, le son du vent généré par le mouvement de bras soit un ‘soufflet’, terme qui plaira beaucoup aux Romantiques avides d’aller se battre en duel sur le pré après avoir ‘souffleté’ leur rival d’un gant dédaigneux (aucun risque de co-vid). 

De ce ‘kff’ pas kiffant du tout vont alors sortir le germain ‘kifel’ (puis l’allemand ‘kiefer’) et le vieux-flamand ‘kevel’; puis, en rajoutant un mode de prononciation propre à chaque peuple, on peut également y rattacher l’anglais ‘cheek’ (un kick plus chuintant) et l’italien ‘schiaffo’, ce dernier introduisant la sonorité d’une…soufflante (la consonne ‘f’) que l’on retrouve dans la ‘giffe’ médiévale française. L’idée de gifle et de baffe se rapprochent d’ailleurs de l’idée de souffler ou de (faire?) gonfler quelque chose comme dans le participe ‘joufflu’ (gonflé des joues), ou comme pour quelque chose de ‘bouffant’, sonorité qui débute le nom de la gifle espagnole, ‘bofetada’. 

Quant à la présence des synonymes comme baffe ou claque en français, ils n’ont d’autre racine qu’une simple onomatopée, un bruit qui est censé exprimer la portée plus ou moins violente de la gifle, celle que, selon un prophète chrétien, on est censé demander sur la joue gauche après qu’on en ait reçu une sur la droite…Il existe pourtant une solution bien moins pénible que la taloche assénée à Isabelle Adjani par Lino Ventura dans… »La gifle »; une qui évite toute violence et que Fred Astaire susurrait à l’oreille de Gingers Rogers dans le film ‘Top Hat’ (1935), « Dansons joue contre joue ». Y compris en fait étymologiquement!

(*) La compagne de l’acteur est allée gifler la plaignante Coline Berry-Rotjman, fille de Richard.


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