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Inflation

…ou simplement sur un palier de ralentissement? Toujours est-il que ce mot aura été imprimé, annoncé et commenté des milliers de fois pendant l’année qui s’écoule. Or, économiquement parlant, ce phénomène a toujours pour conséquence une déflation de votre pouvoir d’achat, deux mots d’une même racine pour dire que d’un côté il y a quelque chose qui gonfle (les prix) et de l’autre quelque chose qui dégonfle (votre porte-monnaie). Conséquence: souvent la colère ou la rébellion enflent car, quelle qu’elle soit, l’inflation ne manque pas d’air!

A l’origine de ce gonflement des prix entrainant une baisse du pouvoir d’achat (et donc de la valeur de la monnaie), il y a une très ordinaire histoire de dilatation puis de vent. En effet, le verbe latin qui est à la base de tout cela (‘flare’) signifie souffler, donc inévitablement gonfler, que ce soit le ballon d’une montgolfière ou le montant des étiquettes de produits. D’ailleurs, la version plus ancienne du verbe français est ’suffler’, radical que l’on va combiner avec un préfixe qui va aussi bien augmenter le souffle que préciser sa direction soit…’insuffler’, c’est-à-dire rajouter de la puissance à une situation ou à un état, plutôt avec un sens figuré.

Et, si l’on utilise ce même préfixe, on obtient la même démarche et le même sens pour fabriquer ‘in-flation’ (le participe passé de flare); il s’agit bien d’injecter – plus ou moins artificiellement parfois – une augmentation dans l’économie globale. Or, si l’on regarde plus précisément chez les créateurs du mot, les Romains, l’inflation désignait d’abord pour eux la dilatation…de l’eau en phase d’ébullition (1), puis le fait d’emboucher une trompette (forcément suivi d’un gonflement des joues!).

Par la suite et très rapidement, l’idée leur est venue (on est latin ou pas) que ce gonflement pouvait s’appliquer à l’estomac puis à l’intestin, pour provoquer un de ces…vents plus ou moins odorants et incontrôlables. En langage ‘soutenu’, cela s’appelle d’ailleurs une ‘flat-ulence’, directement formée sur la racine du verbe initial…Mais comme nos ancêtres italiens avaient également de la culture, l’inflation pouvait également servir à qualifier une personne exagérément orgueilleuse (pleine de soi!) ou même un style littéraire trop chargé donc…boursoufflé, le mot parle tout seul.

Pourtant, au fil des siècles, le composé in-flation va encore s’appliquer à tout ce qui est plus ou moins artificiellement gonflé, au sens propre comme une outre ou des vésicules (‘tu me les gonfles’), ou au sens figuré pour parler de quelqu’un qui parle haut et fort (ou qui crie, pour les animaux) en gonflant la poitrine pour impressionner l’adversaire. On en arrive presque à une inflation de termes si l’on y rajoute la toute-première ‘inflation’ physique que la très sérieuse (et peut-être naïve) médecine du Vatican décrivait, au XIIIè siècle, comme « une enflure du membre (2)», dans un ouvrage écrit par un certain abbé…Poutrel (no comment).

Si l’on rajoute que, pour les experts, il faut souvent préciser si notre inflation est plutôt rampante ou galopante, il y a effectivement de quoi trouver tout cela passablement gonflant. Y compris étymologiquement!

(1) Nous, on n’a gardé que les ‘bulles’ spéculatives 

(2) Quand il n’est pas précisé, c’est probablement qu’il n’y a pas besoin d’en dire davantage


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