Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

L’Hay ¨ (les Roses)

…voilà un nom de commune qui est apparu à la Une de quasiment tous les médias, pas forcément pour de bonnes raisons. Les pages ‘toponymie’ (noms de lieux) étant les plus consultées de ce blog, voilà une ville de la région parisienne qui ne manque pas d’intriguer les gens du Nord comme ceux du Sud; les uns n’ont aucun mal à prononcer ‘à la parisienne’ cette curieuse diphtongue (2 lettres) surmontée de plus par un tréma, les autres trouvent presque bizarre de ne pas la prononcer ‘à la gasconne’:

Alors, pourquoi dit-on ‘Lé’ les Roses (comme Saint-Germain en Laye) et non pas ‘L’ail’ (comme la plante potagère) puisqu’on dit bien ‘Blaye’ (et non pas Blé), d’autant qu’il y a la présence de ce tréma impossible à ignorer (laï, laï, laï, laï…)? Sans compter qu’il y a encore ce double son ‘lé-lé’ (L’Haÿ-les…) à cause de roses issues d’une roseraie (nôôn?) municipale assez remarquable, créée et développée par le rhodologue (1) Jules Gravereaux en 1892.

Mais revenons aux premières heures de la cité, soit l’époque de Charlemagne; le village gallo-romain porte encore son nom gaulois sous influence de latin populaire de ‘Laiacum’, c’est-à-dire le ‘domaine de Laïus’ (prénom), ainsi baptisé d’après un personnage important du moment, préfet, commandant militaire, envoyé spécial de Rome ou autre (2). Au bout de quelques années, avec la présence germaine qui se renforce, le mot devient ‘Lagiacum’ (prononcé en ‘g dur’ ou ‘j’ selon les régions) et puis Lay tout simplement. 

Enfin, si l’on peut dire car, phénomène rare en linguistique, pour une fois on ne va pas ‘agglutiner’ à la racine un L apostrophe venu d’un article distinct (l’isle devient…Lille par exemple) mais on va artificiellement (et donc à tort) décomposer ‘Lay’ en ‘L’Ay’, que l’on va gratifier d’un H pour bien forcer une aspiration (quasiment jamais respectée)! Dernier soubresaut technique: la terminaison gallo-romaine ‘-acum’ va se ‘crasher’ dans la représentation du fameux tréma que l’on pose alors sur le Y, et le (dé)tour est joué…

Mais l’histoire n’est pas finie! Jusqu’en 1914, la commune ne s’appelle toujours ‘que’ L’Haÿ tout court. Le conseil municipal de l’époque s’inquiète de quelques puristes qui prononcent ‘l’A-I’ (!), combinaison vocale qui ressemble trop à…’Lagny’ (3), autre site proche dans le département de la Marne. On vote donc le rajout de la précision ‘les Roses’ (avec majuscule s’il vous plait), pendant que l’importune voisine devient, elle, Lagny-sur-Marne. Plus d’erreur possible. 

Il n’empêche, certains s’amusent encore du ‘gentilé’ (le nom des habitants) assez complexe qui en découle: les résidents de l’Haÿ-les-Roses, les L’Haÿssien(ne)s, sont-ils des ‘léssiens’ ou des ‘laïciens’? Tout cela n’est pas du tout laïque (4). Pas même étymologiquement!

(1) Du grec ‘rhodon’, la rose. Un rhodologue est un spécialiste des roses, mais un rhododrendon (dendron = arbre) n’est pas du tout un rosier mais juste un arbre qui porte de grosses fleurs roses.

(2) Je n’ai pas trouvé son profil sur Facebook.

(3) Lahi/la(gn)i…bof.

(4) C’est-à-dire , d’après le grec ‘laos’, commun, ordinaire…


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.