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Masson (Eric)

…a été largement -et légitimement- reproduit à la Une de tous les médias, ce qui a provoqué quelques remarques et beaucoup de questions de la part de plusieurs lecteurs. Principal étonnement: pourquoi a-t-on transformé l’orthographe d’un nom de métier pour désigner un bâtisseur de maison? C’est que, justement, un Masson n’a rien à voir avec un…maçon. 

Disons tout de suite que l’homme à la truelle (entre autres) a pour origine une racine nordique que l’on retrouve dans plusieurs langues scandinaves, la plus proche de la France étant le néerlandais (ou plus largement flamand) qui s’appuie sur le verbe ‘maaken’ (make, en anglais) que l’on peut traduire par ‘faire’, au sens de fabriquer (1).

Les Masson, avec deux ’s’, sont en fait le résultat d’un phénomène d’aphérèse, opération assez fréquente dans l’évolution des langues qui consiste à abréger un mot en ‘érodant’ une syllabe, par l’avant ou par l’arrière (2), pour des raisons diverses de facilité sonore, de prononciation ou de volonté de changement (3). Ici, il s’agit d’un ancien Thomasson, soit une diminutif de Thomas évidemment, le Thomas-son désignant souvent le fils, le descendant, ou plus largement le membre de la famille d’un Thomas, le ‘-(s)on’ final en français étant un diminutif qui n’a rien du ‘fils’ anglais, même si la coïncidence tombe bien. 

Partons donc sur la piste de ce surnom (la preuve, par la suite, il est indifféremment devenu prénom et/ou nom): Thomas est en fait un mot d’origine grecque qui est…’didymos’ (je sais, c’est un peu difficile à admettre). Je vous demande juste de me croire sur parole, contrairement à ce qu’aurait fait, parait-il, un certain St…Thomas, mais ceci est une autre histoire. Didymos, en grec, veut dire le jumeau, et, si l’on remonte encore plus loin dans le temps (et un peu dans les terres), la toute première racine vient de l’araméen, un très ancien dialecte moyen-oriental qui s’appuie sur les sons « t’m », puis « téoma », ce qui va précisément donner Thomas, et qui veut dire…double. Il est probable que Thomas soit donc le surnom donné à des jumeaux, il y a quasiment 25 siècles…

Il n’empêche, les Thomas – en hommage à l’apôtre du Christ, un palestinien contemporain de Jésus, le seul qui soit autorisé à écrire ce qu’on a appelé le “5è Evangile” – ont fondé une immense famille de dérivés, parmi lesquels les Thomasset, les Thomassin, les Thomasson, et même les Thomazic ou les Thomazo en Bretagne, et encore les Thomelin, toujours des ‘petits (de) Thomas’, parmi d’autres variantes.

De la même façon, une fois la syllabe ‘tho-’ tombée, on a donc formé, sur le ‘-mas’ final, les Masson, les Masset et les Massard; mais les deux patronymes sans doute les plus célèbres de la famille sont dûs, d’une part à un musicien du 19ème siècle nommé Jules Massenet (4) et d’autre part à un certain Georges Massicot qui, dans les années 1850, inventa…la machine à rogner le papier. Avouez que passer de Masson à Massicot, ça vous la coupe. Sauf étymologiquement bien sûr!.

(1) La même racine dont un dérivé donnera le surnom de ‘celui qui fait’, le maqueron (> Macron), dont vous trouverez tous les détails dans l’article au sujet d’un Emmanuel alors ministre de l’Economie (août 2014).

(2) Voir le ‘bréviaire’ sur la page d’accueil.

(3) Exemple spectaculaire: voir l’article sur les Meu (sept. 2015) dans la ‘Série Bizarre’

(4) « Manon », « Werther », opéras.


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