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Niger

…Les incertitudes au sujet de l’avenir de ce pays, aussi bien sur la force volontaire des rebelles que sur la force de volonté de la Cédéao (1), ont mis à la Une des médias ce territoire du Sahel dont la fondation s’appuie (-yait) sur la pureté, l’espoir et le Sahara. En tous cas symboliquement (2), mais qu’en est-il étymologiquement?

Contrairement à la réaction générale des nombreuses personnes qui ont eu le plaisir plus ou moins complet de pratiquer le latin à un moment, ‘niger’ (3) n’a rien à voir avec la racine ‘niger’ (nigger) qui vient spontanément et logiquement à l’esprit, puisque ce mot signifiait noir dans la langue des Romains. Il a servi, c’est vrai, à décliner tout ce qui semblait avoir un rapport avec le continent africain, aussi bien politiquement que culturellement, d’où le ‘succès’ francophone du terme ‘négritude’, qu’il serait injuste de réduire à cette seule couleur, d’autant qu’elle est le plus souvent…fausse (4).

Rien à voir en effet avec la couleur de peau des habitants du pays (sinon toutes les autres nations sub-sahariennes auraient des chances de se nommer Niger aussi, non?). En réalité, ce sont les « terres fertiles de la nation », représentées par la couleur verte de la flamme locale, qui sont à la source bien réelle et concrète d’un terme utilisé par la tribu Maouri venue s’installer au 19ème siècle sur les bords du fleuve défini par la syllabe ‘gir’ dans le dialecte en question. Comme dans d’autres répertoires linguistiques, le son ou la syllabe qui désignent un fleuve ou une rivière sont importants comme idée d’une « eau qui court », plus créatrice qu’une eau stagnante (5).

Le ‘ne-gir’, après alternance des voyelles, serait donc devenu le Niger et ses dérivés. D’autres linguistes (du nord-Sahel sans doute) préfèrent le terme touareg ’n’eghirren’ qui qualifie ‘une eau qui coule’, avec une racine légèrement différente mais un sens final strictement identique. Même phénomène de modification sonore après une contraction pour arriver au mot actuel.

Quant à la capitale, subitement entrée dans la mémoire et le gps de beaucoup de personnes, elle doit encore beaucoup à la proximité du futur fleuve puisque nos Maouris seraient venus s’installer sur l’une des rives (djerma) au bord de laquelle un arbre (nia) permettait un repère pour aller puiser l’eau. ‘L’arbre-du-rivage’, nia-djerma aurait (comme souvent) été mal entendu et plus ou moins bien enregistré par les colons de l’époque en ‘nia-mey’ (6). Comme aurait pu le chanter Georges Brassens « Auprès de leur arbre, ils vivaient heureux »…étymologiquement!

(1) Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

(2) Les concepts portés par les couleurs de son drapeau (identiques d’ailleurs à celles de la proche Côte d’Ivoire) 

(3) Comme Nigeria

(4) Voir l’article sur ce mot ‘négritude’ et la couleur…marron (août 2017)

(5) Coïncidence linguistique (mais évidemment tout à fait distincte), c’est la même idée que l’on retrouve dans la racine pré-celtique ‘gir’ de la…Gironde (l’endroit où les eaux tournent, au sens de bouillonnantes à la jonction entre la Garonne et la Dordogne)

(6) Voir le même phénomène édifiant dans l’article sur Abidjan (avril 2011)


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