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Nunez (Laurent)

Laurent Nunez est un Bourgeois…décalé, même si la forme correcte du gentilé est Berruyer pour qualifier les natifs de la préfecture du Cher (Bourges); le sujet qui va nous intéresser ici est bien entendu principalement l’origine de son patronyme, lequel fait déjà une petite polémique ‘administrative’ dès sa nomination comme Secrétaire d’Etat au Ministère de l’Intérieur auprès de Christophe Castaner: faut-il (et même peut-on) en effet écrire ce nom avec ou sans le très démonstratif signe du tilde, cet accent ‘circonflexe’ si particulier sur le ‘n’?

L’Etat-Civil national francise en général la graphie (l’écriture) de ce mot d’origine espagnole, mais en fait, il serait plus juste de dire de ‘transition’ espagnole, car le foyer d’origine appartient clairement à la diaspora juive séfarade du pourtour méditerranéen. Certains ont ‘fui’ l’influence arabe au 15ème siècle, d’autres ont suivi des mouvements inverses vers le Maroc ou la Tunisie, l’itinéraire qu’ont probablement effectué les ancêtres du petit Laurent, qui a quitté au milieu du 20è siècle une Algérie où s’étaient installées nombre de familles andalouses, des décennies auparavant.

La présence du tilde est donc tout à fait logique, ce signe ‘diacritique’ (mot grec qui veut dire distinctif, indicateur) qui manque cruellement sur nos claviers français pour reproduire exactement le mot. Y compris semble-t-il sur ceux des agents de l’Administration qui contestent régulièrement l’enregistrement de termes régionaux, telle une récente (2014) ‘affaire’ Fanch (en français, François), prénom souhaité par des parents bretons; même démarche et même refus a-priori pour les basquisants Benat (Bernard) ou Inaki (Ignace)…(1)

Il semble que cette notation graphique ait servi, depuis le Moyen-Age, à signaler une prononciation particulière (généralement restitué en ‘gn-‘ dans les habitudes actuelles) mais peut-être tout simplement une abréviation témoignant de la suppression d’une lettre (souvent une double consonne); mais les débats font rage à ce sujet, je vous confirmerai donc seulement que le mot ‘tilde’ lui-même vient du latin ‘titulus’ (qui donnera ‘titre’ en français) c’est-à-dire l’indication préalable, le signalement d’un contenu, puis une (re)marque de notation.

Mais cela ne nous dit toujours pas la signification vers laquelle nous porte cette petite vague plus ou moins pointue aux extrémités. Tildé ou pas (2), Nunez avec un ‘z’ version espagnole, ou Nunes version portugaise, est un mot simple, diminutif formé de la racine Nuno + le suffixe -ez (-es) généralement considéré comme une marque de filiation (pas forcément le fils direct d’ailleurs, mais un descendant ou le représentant d’une branche particulière de la famille).

Désormais à l’abri de la seule linguistique, on trouve des traces de Nunnius ou Nonnius dans le vocabulaire latin plutôt tardif, celui qu’on appelle bas-latin ou latin de cuisine, moins pur que celui de l’Empire donc daté du 3ème ou 4ème siècle après JC…C’est d’ailleurs à l’un des ‘pères de l’Eglise’, St Jérôme, que l’on doit le sens de ‘moine’ à cette époque, un mot qui nous semble très masculin aujourd’hui mais qui s’adressait vraisemblablement alors une…nonne, à tel point qu’un second sens circulait pour désigner une personne qui élevait (seule) un enfant!

Rien à voir néanmoins avec une ‘nounou’, abréviation facile de nourrice, donc aucune confusion à ce sujet, même si la fonction pouvait se rapprocher. L’idée de ‘nonne’ pourrait avoir voyagé à travers quelques siècles pour des raisons tout à fait inattendues mais néanmoins ‘classiques’ en onomastique (la science des noms): il était en effet assez habituel de ‘récupérer’ non pas le sens réel mais les caractéristiques d’une fonction pour l’appliquer au commun des mortels.

C’est très fréquemment le cas des Leroy par exemple, qui n’ont aucune parenté royale mais subissent le sobriquet d’un ancêtre particulièrement hautain, ou des Lejuge, des Leprêtre, voire des…Lepape, dont aucun n’a de rapport direct avec le titre sauf une allure digne, une robe noire ou un sens du cérémonial peut-être un peu exacerbé. Notre Nunez aurait donc finalement un rapport (visuel, psychologique, spirituel?) avec une personne ‘religieuse’, pour des raisons qu’il est difficile à affirmer avec certitude, sauf étymologiquement!

(1) Idem pour le rugbyman ‘dacquois’ Raphaël Ibanez, ou le chanteur de Valence Paco.
(2) Si, le verbe du 1er groupe se conjugue…


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3 commentaires au sujet de Nunez (Laurent)

  1. Il est clair que rien n’est jamais limpide dans toutes ces théorie.

    Ce qui apparaît certain c’est que depuis à peu près l’époque des wisigots et des adaptations tardives du latin, c’est que secundus donna secundo ou second; décimus, decimo ou dixième, etc.
    A moi, il me plaît, en tout cas, cela sonne bien à mon oreille d’extremèñe, que nono est passé par nounnius ou nunnius, nunnio, nuño: le neuvième, comme il était courant de prénommer des enfants chez les latins.
    Pour la terminaison patronymique ez ou es, c’est une propriété très courante dans les royaumes de la reconquista.
    Je suis peut-être à côté de la plaque, mais comme personne ne pourra jamais prouver le contraire, ça me paraît aussi plausible et plaisant que n »importe quelle autre explication.

    Ah! si. J’ai souvent entendu que les terminaisons ez ou es indiquent une ascendance juive. C’est plutôt le contraire: ce sont les juifs d’Espagne qui par nécessité hispanisaient leur nom en ajoutant cette terminaison.

  2. …très juste! Merci de vos précisions.

  3. Pour compléter mon commentaire précédent:

    Certains chercheurs pensent que le mot etrusque « nun », l’officier, l’artisan, aurait pu donner nunnius et nonnius chez les romains.
    La déformation orale dans le bas latin aurait très bien pu aboutir à la déformation de nunnius en nunno puis nuño.

    Autre piste, nun (noun, nuwn) est une lettre des l’alphabets phénicien, araméen et hébreux.
    Or la bible parle à maintes reprises d’un certain Nun, père ou ancêtre d’un important compagnon de Moïse dans le périple des hébreux après leur sortie d’Égypte.
    Rien d’étonnant à l’adjonction de la terminaison « ez » pour désigner localement comme « les nunnez, nuñez » des personnes et des groupes familiaux.

    Inutile donc de chercher une origine unique. De toute évidence elle est multiple et variée.

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